Cette saison, les championnats du monde arrivent en cours de saison, alors que les grandes classiques, le Tour d’Italie et le Tour d’Espagne sont encore à disputer. Un changement de calendrier qui annonce une course masculine encore plus ouverte que par le passé, surtout sur un parcours taillé pour les puncheurs, et surtout les coureurs endurants. Qui succèdera au Danois Mads Pedersen ce dimanche au bout des 258,2 kilomètres tracés autour d’Imola ?
Le parcours
Une course de puncheurs s’annonce sur les routes d’Émilie-Romagne, ce dimanche. Le tracé de 28,8 kilomètres autour du circuit automobile d’Imola est en effet exigeant avec notamment la côte de Mazzolano, qui propose une pente moyenne de 5,9% sur 2,8 kilomètres, mais surtout un premier kilomètre d’ascension à 9,6% de moyenne. La Cima Gallisterna, deuxième montée située à la moitié du circuit, proposera le même type d’ascension : 2,7 km à 6,4% de moyenne, mais surtout 1,3 km à 10,9% à la mi-pente. La descente qui suit est assez technique et peut permettre aux garçons qui prendront leurs distances sur cette deuxième montée de faire grimper leur avantage sur un peloton qui devra certainement attendre l’arrivée sur le circuit automobile pour pouvoir se réorganiser. La récupération s’annonce également difficile, particulièrement entre les deux grandes côtes de ce circuit vallonné. Ce tracé se veut toutefois bien différent de celui imaginé d’abord à Aigle et Martigny, en Suisse, et qui proposait avec le col de la petite Forclaz, un profil pour les grimpeurs. À Imola, ce sont bien les coureurs explosifs qui pourront faire la différence sur ces côtes plus courtes et plus raides. Seuls les hommes forts devraient toutefois trouver la victoire ce dimanche, avec plus de 250 kilomètres et plus de 5 000 mètres de dénivelé au programme, presque autant que sur Liège-Bastogne-Liège par exemple.
Les favoris
Avec le calendrier particulier ré-imaginé suite à la crise sanitaire du Covid-19, les championnats du monde arrivent cette année dans une période intense. Juste après le Tour de France et avant le Tour d’Italie et les classiques d’habitude printanières. Certains sont sortis du Tour dans une forme étincelante et voudront profiter de cette condition pour briller une dernière fois à Imola, avant de prendre une pause méritée. D’autres ont plutôt décidé de mener leur pic de forme plus tard dans la saison, et souhaiteront profiter de ce Mondial comme d’un test grandeur nature en vue du mois d’octobre. Cette configuration temporelle particulière permet en tout cas d’établir une longue liste de favoris, sans qu’un nom sorte vraiment du lot. Le clan belge comptera ainsi sur une équipe de puncheurs qui fera office de groupe à surveiller plus intensément, comme l’an passé dans le Yorkshire. Le champion olympique Greg Van Avermaet (CCC), le sprinter Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) ou encore le puncheur Tim Wellens (Lotto-Soudal) sont autant de noms qui peuvent briller sur ces routes vallonnées, mais le grand nom de cette sélection reste Wout van Aert (Jumbo-Visma), double vainqueur d’étape sur le Tour et certainement le coureur le plus complet du peloton en cette saison 2020. Ses prestations sur le Tour de France, tant au sprint que dans la haute montagne, montrent ô combien il est difficile de le déloger de sa roue, et ces côtes raides autour d’Imola sont clairement à sa portée. Il sera le favori du groupe de Rik Verbrugghe.
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D’autres coureurs sortis du Tour seront également scrutés avec attention. Comme le Français Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), qui souhaite enfin briller sur les championnats du monde après deux exercices manqués. Cette fois, il apparaît moins usé par le Tour de France, qu’il a surtout vu comme une chance d’engranger les victoires d’étapes, et non comme une opportunité de jouer le classement général. Toujours généreux dans l’effort, il aura à nouveau la carte de leader au sein des Bleus, et peut bénéficier d’un programme moins corsé pour se placer aux avant-postes dans le final. Attention toutefois au clan slovène : Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) et Primoz Roglic (Jumbo-Visma), les deux premiers de la dernière Grande Boucle, ont cette année la possibilité de crânement jouer leurs chances avec ce Mondial programmé à peine une semaine après le Tour. Pogacar a d’ailleurs confirmé qu’il n’avait pas beaucoup fêté son maillot jaune pour se reconcentrer dès à présent sur le championnat du monde, tandis que Roglic a prouvé l’an dernier qu’il pouvait être également un ogre sur les courses d’un jour, remportant coup sur coup le Tour d’Émilie et les Trois Vallées Varésines, sur des parcours très vallonnés. Son explosivité peut lui permettre de se mettre en avant dans les derniers tours, surtout avec un équipier comme Pogacar pour protéger à l’arrière.
Septième du Tour de France après avoir joué l’équipier-modèle pour Primoz Roglic, le Néerlandais Tom Dumoulin (Jumbo-Visma) a retrouvé de la confiance et surtout de la force dans les jambes. Il n’a pas encore pu se montrer à son avantage sur des classiques, mais ce championnat du monde peut être l’occasion d’enfin jouer sa carte personnelle cette saison, surtout avec une équipe néerlandaise totalement disposée à l’épauler dans cette tâche. Le Suisse Marc Hirschi (Sunweb), vainqueur d’étape sur le Tour de France et champion du monde espoir en 2018, n’a pour sa part que 22 ans, mais a confirmé sur le Tour qu’il avait le panache nécessaire pour se faire un nom sur les plus grandes courses. Ses qualités de rouleur et de puncheur sont clairement un atout sur le parcours d’Imola. De même pour le Polonais Michal Kwiatkowski (INEOS Grenadiers), qui a retrouvé ses jambes d’attaquant sur le Tour de France après l’abandon d’Egan Bernal et qui s’est donc révélé en meilleure condition au fil des jours. Il sera à surveiller au vu de sa fin de Tour. Attention également au groupe colombien avec Daniel Martinez (EF Pro Cycling) ou Rigoberto Uran (EF Pro Cycling) qui peuvent sortir du lot sur ces routes vallonnées.
Toujours parmi les concurrents sortis en bonne condition du Tour, l’Espagnol Alejandro Valverde (Movistar), malgré ses 40 ans, reste un candidat à surveiller. Le champion du monde 2018 a terminé 12e du Tour de France, et semblé retrouver de meilleures jambes en troisième semaine. Avec un groupe espagnol qui comptera également sur le champion d’Espagne Luis Leon Sanchez (Astana) ou le meilleur Espagnol du Tour Enric Mas (Movistar), le vétéran est clairement un outsider. Tout comme l’Allemand Maximilian Schachmann (Bora-Hansgrohe), souvent à l’attaque sur le Tour et en meilleure forme au fil des semaines après sa fracture de la clavicule sur le Tour de Lombardie, à la mi-août. Ou le Kazakh Alexey Lutsenko (Astana), vainqueur d’étape sur le Tour de France et toujours dangereux sur ce type de profil.
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Mais il n’y a pas que les candidats du Tour à placer sur la liste des favoris. Même s’il n’a pas été aussi étincelant qu’à l’accoutumée sur Tirreno-Adriatico, le Danois Jakob Fuglsang (Astana), vainqueur du Tour de Lombardie, reste une valeur sûre sur ce type de courses d’un jour, surtout sur un tel profil. Il fera notamment face au récent vainqueur du Tour du Luxembourg Diego Ulissi (UAE Team Emirates), leader annoncé d’une équipe italienne qui pourra également compter sur Alberto Bettiol (EF Pro Cycling) et Fausto Masnada (Deceuninck-Quick Step). L’Australie comptera pour sa part sur Michael Matthews (Sunweb), vainqueur autoritaire sur la Bretagne Classic en août dernier après sa troisième place sur Milan-Sanremo. Le puncheur-sprinteur australien est un spécialiste des championnats du monde avec une deuxième place en 2015, une quatrième place en 2016 et le bronze en 2017.
Enfin, il y a les outsiders venant de sélections plus réduites, qui devront donc se battre plus durement pour basculer avec les meilleurs. Comme le Portugais Rui Costa (UAE Team Emirates), champion du monde en 2013 à Florence, soit la dernière fois qu’un Mondial était organisé en Italie. Il avait également profité de la profusion de favoris au départ d’une course vallonnée pour s’offrir le titre mondial. L’Équatorien Richard Carapaz (INEOS Grenadiers) a été longtemps à l’attaque en fin de Tour, et pourrait également être un outsider à surveiller sur le circuit d’Imola, tout comme le Canadien Michael Woods (EF Pro Cycling), vainqueur d’étape sur Tirreno-Adriatico. Enfin, Sepp Kuss (Jumbo-Visma), autre équipier-modèle de Roglic sur le Tour, sera également parmi les coureurs capables de tenir la roue des favoris sur ces routes.
La météo
Le ciel sera majoritairement nuageux avec un grand risque d’averses tout au long de la journée. Les températures se situeront entre 15 et 17°C. Le vent soufflera de nord-ouest entre 5 et 15 km/h.
La carte et les profils de la course en ligne masculine des championnats du monde de cyclisme sur route à Imola :
Le mode d’emploi de la course en ligne masculine :
Départ fictif : 9h40
Départ réel : 9h55, après 5,9 kilomètres en défilé
Distance : 9 tours de 28,8 kilomètres, soit 258,2 kilomètres
Arrivée : vers 16h45
Liste des partants : cliquez ici pour découvrir la liste des partants
Télévision :
– En direct dès 9h45 sur Tipik, puis dès 13h40 sur La Une (RTBF)
– En direct dès 9h30 sur Één/Sporza, puis dès 11h00 sur Canvas/Sporza, puis dès 13h30 sur Één/Sporza (VRT)
– En direct dès 9h30 sur Eurosport 1
– En direct dès 12h55 sur France 3
Palmarès :
2010 – Geelong (Australie) : Thor Hushovd (Nor)
2011 – Copenhague (Danemark) : Mark Cavendish (G-B)
2012 – Valkenburg (Pays-Bas) : Philippe Gilbert (BEL)
2013 – Florence (Italie) : Rui Costa (Por)
2014 – Ponferrada (Espagne) : Michal Kwiatkowski (Pol)
2015 – Richmond (États-Unis) : Peter Sagan (Svq)
2016 – Doha (Qatar) : Peter Sagan (Svq)
2017 – Bergen (Norvège) : Peter Sagan (Svq)
2018 – Innsbrück (Autriche) : Alejandro Valverde (Esp)
2019 – Harrogate (Royaume-Uni) : Mads Pedersen (Dan)
Graphiques : UCI/Imola 2020 – Photo : UCI/Yorkshire 2019/SWPix.com/Alex Broadway
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