« La plus belle victoire de ma carrière », voici comment Kasper Asgreen (Deceuninck-Quick Step) a décrit son solo exceptionnel réalisé dans les 10 derniers kilomètres de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, lui offrant un succès retentissant sur le nouveau parcours d’une semi-classique qui semblait malgré tout promise aux sprinters. Le Danois de 25 ans a profité d’équipes trop frileuses ou qui manquaient tout simplement de cartouches dans ce final haletant, après une course qui a largement usé les organismes.
Habituellement plus calme que le Circuit Het Nieuwsblad en raison d’un circuit plus plat et favorisant les équipes de sprinters, Kuurne-Bruxelles-Kuurne a bénéficié cette année d’un nouveau parcours plus vallonné, qui a bouleversé les habitudes du peloton. Le vent soufflant majoritairement de face et de côté dans la deuxième partie de course a également durci une course qui a finalement souri à un attaquant. Les offensives ont rarement manqué durant le passage du peloton sur les diverses côtes des Ardennes flamandes et du Pays des collines. Greg Van Avermaet (CCC), Sep Vanmarcke (EF Education First), le récent vainqueur du Nieuwsblad Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) ou encore Tim Merlier (Alpecin-Fenix) ont ainsi tenté de s’isoler du peloton dans la côte du Trieu, le Vieux Quaremont puis le Kluisberg. Les routes étroites menant à Kuurne étaient également utilisées pour tenter une sortie, à l’image de Jasper Stuyven ou de Bob Jungels (Deceuninck-Quick Step), à la planche pour surprendre les sprinters. Sans succès pour ces deux hommes.
Le Danois volant
Et alors que l’échappée matinale était sur le point d’être revue par le peloton à trente kilomètres de l’arrivée, le Danois Kasper Asgreen (Deceuninck-Quick Step) sortait son meilleur sprint pour attaquer et revenir sur Roy Jans (Alpecin-Fenix) et Boris Vallée (Bingoal-Wallonie Bruxelles), membres de la première grande échappée de la journée. Les trois hommes repartaient ensuite vers Kuurne avec l’espoir de tenir tête à un peloton légèrement désorganisé. Et cela semblait réussir : après une nouvelle accélération que seul Vallée pouvait suivre, Asgreen se retrouvait sur la ligne d’arrivée, à 15 kilomètres de l’arrivée, avec une demi-minute d’avance sur un peloton que seules les équipes Sunweb et INEOS (à deux chacun) prenaient en charge. Mais voilà : Vallée avait déjà plus de 160 kilomètres d’échappée dans les pattes et ne parvenait plus à prendre un relais à son compagnon d’échappée. Asgreen perdait patience à 10 kilomètres du but et lançait une nouvelle attaque qui l’isolait de tout autre coureur. Un contre-la-montre de dix bornes s’annonçait pour le Danois, qui ne comptait plus qu’une quinzaine de secondes d’avance.
Asgreen : « Jungels m’avait dit de faire ce qu’il avait fait en 2019 »
Le vice-champion d’Europe du contre-la-montre réussissait finalement son pari : dans le peloton, les équipiers capables d’accélérer le tempo étaient trop peu nombreux, ou trop cramés pour assurer la poursuite. Asgreen filait donc vers son tout premier succès sur une classique flandrienne, et la quatorzième victoire du « Wolfpack » en 2020. Avec seulement trois secondes d’avance sur le peloton, dominé par Giacomo Nizzolo (NTT). « Bob (Jungels, vainqueur de Kuurne-Bruxelles-Kuurne en 2019) m’avait dit ce matin de faire ce qu’il avait réalisé l’an dernier », confie Asgreen. « J’ai juste suivi son conseil, et connaître les petites routes étroites de cette région devait jouer en ma faveur. J’ai sauté pour contrer une attaque après le Kluisberg, repris les gars de l’échappée matinale, et je les ai lâchés l’un après l’autre. C’était très dur, mes jambes criaient et je souffrais vraiment. Mais j’ai continué et commencé à y croire au panneau annonçant les 300 derniers mètres », ajoute le Danois. « C’est certainement la plus belle victoire de ma carrière ! Gagner une classique est très important, car quand je suis devenu pro, j’avais comme objectif de devenir moi-même un spécialiste des classiques. Gagner cette difficile mais superbe course, seulement deux ans après mes débuts pros, représente tant pour moi ».
Vallée : « Pas de regret »
Repris à huit kilomètres de l’arrivée et visiblement frustré devant les caméras de ne pas avoir pu suivre la fusée Asgreen dans le final, Boris Vallée estime qu’il n’a pas de regret à avoir. « J’ai perdu pied dans ses relances en virage. J’aurais peut-être dû passer en tête dans les virages… », explique le Verviétois, qui a encore essayé de se replacer dans le peloton. « Je me sentais encore capable de jouer ma carte au sprint mais je me suis retrouvé du mauvais côté. Mais je n’ai pas de regret. Je me sens bien depuis le début de saison, même si j’ai été malade en Turquie. J’ai inscrit le GP Samyn dans mes objectifs. Après Kuurne, je sais que je suis capable de belles choses, que je peux jouer ma carte personnelle, ce que mon équipe me permet », confie-t-il.
Résultats de la 72e édition de Kuurne-Bruxelles-Kuurne (Kuurne > Kuurne, 201 km) :
1. Kasper Asgreen (Dan, Deceuninck-Quick Step) en 4h47:18
2. Giacomo Nizzolo (Ita, NTT Pro Cycling) à 0:03
3. Alexander Kristoff (Nor, UAE Team Emirates)
4. Fabio Jakobsen (P-B, Deceuninck-Quick Step)
5. Jasper Stuyven (Bel, Trek-Segafredo)
6. Hugo Hofstetter (Fra, Israel Start-up Nation)
7. Sonny Colbrelli (Ita, Bahrain-Merida)
8. Ben Swift (G-B, Team INEOS)
9. Dries Van Gestel (Bel, Total-Direct Énergie)
10. Jürgen Roelandts (Bel, Movistar Team)
Photo : capture VRT
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