Tour d’Algarve : Remco Evenepoel a déjà plus que confirmé son talent

Sur l’Alto do Fóia, Remco Evenepoel a profité d’un troisième bouquet cette saison, sur la deuxième étape du Tour d’Algarve.

Sur l’Alto do Fóia, qui surplombe les plaines algarves, Remco Evenepoel (Deceuninck-Quick Step) a profité des pentes plus favorables en fin d’ascension et du travail de sape de son équipier portugais João Almeida pour s’offrir un troisième bouquet cette saison. Une confirmation que sa condition affichée au Tour de San Juan est ascendante. Et qu’il est prêt à faire bien mieux qu’en 2019.

Impressionnant. Époustouflant. Incroyable. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la nouvelle prestation de Remco Evenepoel en Algarve. Sur le tour portugais, porte d’entrée de sa saison européenne, le coureur belge de 20 ans seulement était déjà pointé par de nombreuses sociétés de paris sportifs comme le grand favori, deux semaines seulement après son succès étincelant sur le Tour de San Juan en Argentine. Cette fois, la concurrence se faisait toutefois plus imposante, avec des grimpeurs de classe mondiale comme Vincenzo Nibali (Trek-Segafredo), Miguel Angel Lopez (Astana), Daniel Martin (Israel Start-up Nation) ou encore Michal Kwiatkowski (Team INEOS). Le défi était donc bien plus ardu pour un jeune cycliste qui a jusqu’ici triomphé sur des courses par étapes d’une semaine sur lesquels les concurrents ont rarement brillé sur les étapes de montagne des Grands Tours. Cette fois, même si un contre-la-montre final peut l’aider à percer au classement général, Evenepoel doit survivre aux assauts des meilleurs puncheurs et grimpeurs engagés sur ce Tour d’Algarve, sur de sacrées ascensions de moyenne montagne.

Des médias aux abois

La pression était en outre médiatique. Bon nombre de télévisions et quotidiens belges ont pour une fois fait le voyage jusqu’au sud de la péninsule pour assister à cette épreuve de préparation en vue des prochaines classiques flandriennes. Certes, Greg Van Avermaet (CCC), Philippe Gilbert (Lotto-Soudal) ou encore Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix), qui entame sa saison sur route, sont également présents au Portugal, mais la plupart des médias du plat pays ont consacré leurs articles à Evenepoel en ce début de semaine. L’organisateur du Tour d’Algarve a ainsi indiqué à la DH qu’il avait enregistré 20% de demandes d’accréditation en plus, principalement suite aux participations annoncées d’Evenepoel et Van der Poel. Les demandes d’interview concernant le jeune talent belge restent toutefois filtrées avec attention par une équipe Deceuninck-Quick Step qui souhaite évidemment conserver son coureur de toute distraction extra-sportive inutile. Pour une question, ce sera seulement si ce dernier trouve la victoire et doit passer en conférence de presse. Pour le reste, il faudra attendre les capsules documentaires proposées chaque mois sur le site du quotidien Het Laatste Nieuws ou sur la chaîne de télévision privée flamande VTM (un contrat pour huit capsules de 10 minutes sur HLN.be et deux documentaires de 45 minutes sur VTM a été signé et annoncé ce jeudi). Des capsules sobrement nommées « Je suis Remco » (ik ben Remco, en néerlandais).

Hommage

S’il est resté discret sur une première étape taillée pour les sprinters, Remco Evenepoel était attendu à l’occasion de la deuxième journée de course, tracée sur les hauteurs de Fòia, habituelle ascension du Tour d’Algarve. Malgré les tentatives offensives de Miguel Angel Lopez (Astana) et de Simon Geschke (CCC), c’est un petit groupe d’une dizaine de favoris qui se présentait dans les deux derniers kilomètres pour la victoire d’étape au sommet d’un col de 7,4 kilomètres à 6%. Une pente régulière qui favorisait les puncheurs sachant mordre sur leur chique, à l’image de Greg Van Avermaet. Et au milieu des grimpeurs, Evenepoel se plaçait idéalement. Il préparait même le sprint final grâce au gros travail de Joao Almeida dans les 1500 derniers mètres. Le Portugais était l’un des derniers équipiers capables de mener un train à haute vitesse, pendant qu’Evenepoel partait de l’arrière à 500 mètres du but pour frapper un grand coup par son explosivité. « Les INEOS et UAE ont mené un tempo très rapide, mais je sentais sur le final que j’avais encore quelque chose », explique-t-il au micro de la VRT après l’arrivée. « J’ai donné le maximum dans ces 500 derniers mètres ». Et cela a fonctionné ! Malgré le retour du champion d’Allemagne Max Schachmann dans l’ultime ligne droite, Evenepoel a frappé fort pour sa première arrivée européenne au sommet de la saison. « Je suis heureux que cela ait réussi, et que j’ai pu montrer ce dont j’étais capable. C’est également une forme de remerciement pour toute l’équipe », ajoute-t-il, avant d’adresser sa victoire à Nikolas Maes, son compatriote de la Lotto-Soudal qui a récemment perdu son enfant, un garçon nommé Maurice, décédé quelques jours avant la fin de la grossesse de sa compagne.

Un chrono final idéal

Remco Evenepoel bat donc Schachmann, Martin, Lopez, Nibali… alors que Kwiatkowski a pour sa part craqué sous la flamme rouge. Les écarts restent toutefois faibles vu qu’il s’agissait d’une sorte de sprint royal entre puncheurs et grimpeurs. Mais le leader du Wolfpack a déjà marqué les esprits en confirmant qu’il peut mener un peloton, et se comporter en véritable n°1. Il devra désormais tenir tête à ses nouveaux rivaux sur la quatrième étape, qui arrivera au sommet de l’Alto do Malhao, grimpé à deux reprises. Une ascension plus abrupte et plus décisive, avec ses 2600 mètres à près de 9,5% de moyenne. Evenepoel a toutefois prouvé par le passé qu’il pouvait clairement tenir sur ce type de côte. Sans oublier que le contre-la-montre final, qu’Evenepoel a déjà reconnu avec le reste de son équipe en début de semaine, est clairement à l’avantage du champion d’Europe de la discipline. Bref, ce qui devait être un test grandeur nature est bien plus qu’une confirmation pour un gamin au talent indéniable, dont les limites semblent sans cesse repoussées. Il devra toutefois garder du jus, et surtout calmer ses ardeurs s’il souhaite atteindre son pic de forme d’ici le mois de mai, au Tour d’Italie, et d’ici fin juillet, pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Car c’est la première fois qu’Evenepoel carbure aussi rapidement, avec trois victoires en moins d’un mois de compétitions. Deceuninck-Quick Step semble cerner au mieux les attentes du jeune Belge. Attention à ne pas trop en faire, au risque de briser un talent, qui n’a pas encore connu de grande défaite jusqu’à présent.

Photo : capture Eurosport

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