Souvent considérée comme l’une des classiques les moins surprenantes dans les années 2000 et 2010, l’Amstel Gold Race a confirmé cette saison que le nouveau parcours mis en place tant chez les hommes que chez les dames offre des scenarii bien plus excitants. Katarzyna Niewiadoma (Canyon-SRAM) a tenu tête aux favorites dans les derniers mètres, alors que Mathieu van der Poel (Corendon-Circus) a surpris tout le monde par son sprint ravageur dans les 300 derniers mètres.
Van der Poel, trop tôt mais pas trop tard
Ce printemps devait être une première expérience parmi les spécialistes des classiques, sur des routes dont il n’avait pas encore l’habitude sur plus de 200 kilomètres. Cette première saison parmi le gratin du peloton est finalement une réussite encore plus grande qu’il aurait pu l’imaginer. Mathieu van der Poel (Corendon-Circus), en quinze jours de course, s’est offert six victoires dont la plus belle est clairement celle de ce dimanche. Sur cet Amstel Gold Race idéal pour ses qualités de puncheur, et encore plus spécial au vu du public néerlandais rassemblé sur les routes limbourgeoises pour saluer leur nouveau héros national. Et pourtant, cette victoire, il est allé la chercher avec les tripes, sans jamais lâcher malgré un scénario qui semblait écrit pour d’autres puncheurs que le champion des Pays-Bas. Mais au final, Mathieu van der Poel a brillé, et de la plus belle des manières.
Quand il a attaqué à plus de 40 kilomètres de l’arrivée, sur les pentes du Gulperberg, le leader de Corendon-Circus ne semblait pas aussi vif qu’à l’occasion de sa victoire sur la Flèche Brabançonne, mercredi dernier. Rapidement repris, le champion des Pays-Bas est presque apparu en retrait, laissant le soin aux autres favoris de se dévoiler du côté du Kruisberg puis de l’Eyserbosweg. Pendant que Van der Poel restait dans le premier peloton, Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) et Jakob Fuglsang (Astana) partaient en force et semblaient même filer vers la victoire vu la bonne entente entre les deux coureurs, et le manque de coopération en poursuite à l’arrière. Et pourtant, les deux hommes de tête allaient se regarder dans les derniers kilomètres, et derrière, Van der Poel prenait en charge un groupe qui avalait tous les poursuivants, souvent seuls ou en duo, au fil des kilomètres. Les faux-plats montant vers le sommet de Valkenburg étaient visiblement du goût du champion des Pays-Bas.
“Après mon attaque sur le Gulperberg, je sentais que j’avais encore quelque chose dans les jambes pour la finale. Puis j’ai commencé à rouler à plein régime. J’avais encore un très bon pressentiment”, estime Mathieu van der Poel qui était quasiment le seul à foncer tête baissée vers les deux hommes de tête, avec moins de dix secondes de retard sur eux sous la flamme rouge du dernier kilomètre. “J’espérais qu’ils commencent à regarder en tête. Je me suis surpassé dans ce final. J’ai remarqué dans de telles classiques, c’est très difficile pour tout le monde à la fin. Mais mon instinct me disait d’y aller”, avoue le leader de Corendon-Circus qui a voulu laisser la poursuite à ses rivaux dans les 800 derniers mètres avant de prendre ses responsabilités et de ramener tout le groupe pour le sprint final à la borne des 300 mètres. Et sans s’arrêter, Van der Poel s’est levé sur ses pédales pour développer toute sa puissance et déborder Jakob Fuglsang, décidé à ne pas faire l’effort de trop après ses multiples attaques, et Julian Alaphilippe trop court physiquement, pour arracher sa plus belle victoire, devant un public néerlandais en furie.
https://twitter.com/francetvsport/status/1119984755062267904
“Je n’arrive toujours pas à comprendre”, lâche le vainqueur du jour, tout aussi choqué par sa victoire que le public qui ne s’attendait pas à un tel come-back dans le dernier kilomètre. “Je n’ai vu que dans les 300 derniers mètres que nous pouvions gagner. Je ne m’attendais pas vraiment à ça, je ne sais pas comment j’ai fait”, lance-t-il encore, le visage rouge, tout comme les yeux emplis de larmes d’émotion. Après un baiser pour sa dulcinée et un autre pour sa maman, Mathieu van der Poel a seulement réalisé sur le podium qu’il avait bien remporté l’Amstel Gold Race dès sa première participation, s’offrant une première course WorldTour, 18 ans après le dernier succès néerlandais à Valkenburg. Le printemps du champion des Pays-Bas s’arrête ici, avec une sixième victoire en quinze jours de course. Et il a offert le scénario cycliste le plus incroyable de ces dix dernières années. On en viendrait presque à se demander ce que ce coureur pourrait réaliser s’il ne se concentrait pas en prime sur le cyclo-cross (31 victoires et des titres de champion d’Europe, des Pays-Bas et du monde l’hiver dernier) et sur le VTT (il rêve de l’or aux JO de Tokyo en 2020). Mais Van der Poel prend du plaisir et domine dans chaque discipline, alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
Résultats de la 54e édition de l’Amstel Gold Race messieurs (Maastricht > Vilt, 265.7 km) :
Niewiadoma, le punch nécessaire
Quel suspense sur cette course féminine, durant laquelle les attaques ont été incessantes dans le circuit final tracé autour du Cauberg. Les favorites ont toutes essayé d’anticiper la montée finale vers Vilt, mais les tentatives d’Annemiek van Vleuten (Mitchelton-Scott), d’Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo), de Marianne Vos (CCC-Liv) se sont toutes conclues sur un regroupement dans les 40 derniers kilomètres de cette classique intense. Ce sont finalement une dizaine de coureuses qui se présentaient ainsi au pied du Cauberg, pour la troisième et dernière fois de la journée. Après avoir déjà montré sa puissance sur l’ascension précédente en sortant avec trois autres coureuses sur cette même pente, la Polonaise Katarzyna Niewiadoma (Canyon-SRAM) montrait une nouvelle fois qu’elle était clairement la meilleure puncheuse du jour. La cycliste de 24 ans prenait ainsi la mesure de Vos, dans le rouge, puis de Van Vleuten, incapable de boucher le trou au sommet.
Mais il restait encore près de deux kilomètres jusque l’arrivée. Et les qualités de rouleuse de Van Vleuten se confirmaient : la Néerlandaise revenait petit à petit sur Niewiadoma. Mais la Polonaise gardait juste ce qu’il fallait, pour quelques mètres d’avance, lui permettant ainsi de s’offrir sa première classique ardennaise, et avec la manière en prime ! “C’est fou ! Il y a eu énormément d’attaques, très tôt d’ailleurs, et cela m’a surpris”, explique Niewiadoma au bout d’une course incessante. “Mais une fois au pied du Cauberg, je me suis dit que si j’y allais à ce moment-là, je pouvais gagner”. Et après sa troisième place sur le Strade Bianche, Niewiadoma brille désormais aux Pays-Bas. Alors que Van Vleuten ne pouvait qu’avouer sa défaite : “C’était une course passionnante et impressionnante”, explique la Néerlandaise. “Je suis encore plus contente car il y avait une retransmission en direct à la télévision”. Avant de lâcher un petit message à ASO, organisateur de la Flèche Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège. “Je pense qu’aujourd’hui, nous avons prouvé qu’il était tout aussi intéressant de regarder une course féminine. Alors, ASO, donnez-nous un direct à la télévision !” Le message est lancé.
WHAT AN INCREDIBLE FINISH!
Kasia Niewiadoma holds off an astonishing effort from @AvVleuten to take victory at #AmstelGoldRace2019 pic.twitter.com/VXN7gZ3MEK
— Eurosport (@eurosport) April 21, 2019
Résultats de la 4e édition de l’Amstel Gold Race dames (Maastricht > Vilt) :
Photos : capture NOS
Les commentaires sont fermés.