Dans un entretien accordé à la télévision publique néerlandaise NOS, le président de l’Union Cycliste Internationale (UCI) s’est exprimé sur les prochaines réformes du cyclisme féminin et a notamment appelé les organisateurs et plus particulièrement, ASO, en charge du Tour de France, de mieux diffuser les courses cyclistes féminines à l’avenir.
Au fil des semaines, le président de l’UCI David Lappartient enchaîne les annonces pour assurer une meilleure promotion du cyclisme féminin. Après la confirmation d’une réforme destinée à rétablir une égalité des salaires et des gains entre les hommes et les femmes d’ici 2021, ainsi que l’instauration d’un congé maternité pour permettre aux dames de ne pas perdre de contrat en cas de grossesse. Cette fois, c’est dans un entretien avec la télévision publique néerlandaise NOS qu’il s’est laissé aller à quelques propositions auprès des organisateurs de courses cyclistes féminines. Et plus particulièrement auprès d’ASO, plus grand organisateur du calendrier cycliste, que ce soit chez les hommes ou chez les dames.
Deux semaines plus tôt, dans les colonnes du quotidien britannique The Telegraph, David Lappartient avait déjà émis la proposition d’organiser un Tour de France féminin de dix étapes, à l’image du Giro Rosa, le Tour d’Italie destiné aux dames. Cette fois, il a également relancé ASO sur la nécessité de pousser le cyclisme féminin en proposant plus de diffusion télévisée en direct. « J’ai discuté avec ASO, organisateur de la Flèche Wallonne, et leur ai dit qu’ils ne remplissaient pas les conditions demandées aux courses WorldTour. Je leur ai demandé de faire un sérieux effort pour que leurs courses soient en télévision », affirme David Lappartient sur NOS. En effet, jusqu’ici, ASO n’a jamais diffusé en direct la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège ou encore le Madrid Challenge, course de deux étapes disputée en marge de la Vuelta. Seuls La Course by le Tour de France ou encore le Tour de Yorkshire féminin (seulement en Grande-Bretagne) ont été diffusés en direct par ASO ces deux dernières années.
« Cela coûte de l’argent »
« Notre ambition est d’avoir autant de courses féminines possibles en direct à la télévision, mais cela demande évidemment de la production et cela coûte de l’argent. Peut-être que nous pourrions négocier la couverture en direct de toutes les courses féminines du WorldTour. Pour l’instant, cela arrive ici et là mais il y a aussi des courses qui ne sont pas à la télévision. Toutes ne sont pas encore diffusées », relance David Lappartient.
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Cette déclaration du président de l’UCI n’est en tout cas pas innocente. Elle arrive alors que plusieurs patrons d’équipes féminines ont affiché leur scepticisme quant aux propositions de l’UCI, réclamant notamment des garanties de financement afin de permettre aux équipes d’adhérer rapidement aux futurs critères pour assurer un salaire minimum à toutes les cyclistes d’ici 2020. Car sans couverture télévisée, difficile d’attirer les sponsors et donc de l’argent pour assurer la survie de ceux qui vivent de ce sport. « Les réformes semblent fantastiques, mais 60 ou 70% du peloton ne peut pas suivre. On ne peut pas réformer et faire des règles illimitées si cela coûte seulement de l’argent aux équipes et aux sponsors », estime ainsi Eric van den Boom, patron de l’équipe néerlandais WaowDeals sur la NOS.
« Pas une obligation »
« Quand vous débutez une telle réforme, vous savez que vous allez plonger dans les problèmes », rétorque David Lappartient. « Pour certains, cela ne va pas assez vite. Mais nous ne devrions pas exagérer, vous ne pouvez pas tout changer en un jour. Cela doit se faire pas après pas. Nous travaillons actuellement à construire ces murs. C’est pour ça que nous démarrerons en 2020 avec cinq équipes qui pourront rencontrer toutes les exigences de cette réforme. Ce n’est pas une obligation pour toutes les équipes tout de suite », estime-t-il.
La réforme du cyclisme féminin risque en tout cas de créer de nombreux débats encore d’ici 2020. ASO, pour sa part, n’a pas encore répondu aux demandes de l’UCI. Car cela se discute également avec les diffuseurs des images. Notamment la RTBF, en Belgique, qui co-produit les diffusions de la Flèche Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège. La question est donc loin d’être tranchée à l’heure d’écrire ces lignes.
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Photo : ASO/Jacques-Antoine Delevaux
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