Pour la dixième année consécutive, Axel Merckx poursuit son rôle de formateur à la tête de la formation Hagens Berman Axeon, qui s’offre dès 2018 le statut de continental pro, accession obligatoire pour obtenir un billet pour d’éventuelles compétitions du WorldTour, comme le Tour de Californie. Entretien avec l’ancien cycliste belge devenu dénicheur de talents en Amérique du Nord.
Dans cette Colombie-Britannique qui est son chez lui, l’été indien a été généreux en couleurs chaudes et températures à l’avenant. Mais en ce début novembre, les premières chutes de neige ont recouvert les forêts de Kelowna, sur les rives du lac Okanagan. Axel Merckx a conduit ses deux filles (Axana, 16 ans, et Athina Grace, 12 ans) à l’école puis, autour d’un café canadien qui ravigote, se plonge dans les dossiers sportifs et administratifs qu’un manager d’équipe cycliste doit peaufiner, avant les premiers stages. Les dernières semaines ont été rudes pour le Bruxellois, avec le décès inopiné de son oncle Michel, frère d’Eddy, humainement très apprécié dans la famille du vélo pour sa discrétion et sa bonté naturelle.
Dix ans déjà qu’Axel a raccroché le vélo au clou (2007), et déjà une 10e saison qui se profile à la tête d’un team qui a fait de la (post-)formation sa raison d’être. En 2018, l’équipe managée par Axel Merckx montera de D3 en D2, pour reprendre un vocabulaire foot qui plaît tant à l’ancien joueur du SC Anderlecht. « Cette accession au niveau Continental Pro est, pour tout dire, un peu inattendue et ne faisait pas partie de mes aspirations personnelles », explique le fiston d’Eddy, aujourd’hui âgé de 45 ans. « Mais notre cosponsor, l’avocat d’affaires et grand fan de vélo Steve Berman, souhaite plus que tout que notre team puisse briguer une invitation pour le prochain Tour de Californie (WorldTour). Pour avoir une chance de décrocher le sésame, il fallait impérativement grimper d’un échelon. »
Le mécène de Seattle a ainsi délié les cordons de la bourse (+800.000$) afin que l’équipe grandisse. « Cette montée en D2 implique une hausse du salaire minimum pour chacun de mes coureurs, impose aussi la gestion du passeport biologique pour tous, soit autant de bonnes nouvelles. Mais le statut de Continental Pro n’a pas impacté mon recrutement », insiste l’ancien champion de Belgique, dont le savoir-faire en termes de formation (à travers les teams Trek-Livestrong créé par Lance Armstrong, Bontrager, Bissell Development puis Axeon) est désormais reconnu parmi les structures de l’élite -Sky, BMC, Cannondale, Trek ou Quick Step viennent allègrement puiser dans ce vivier.
Un team « Continental Plus »
« Je considère plus mon équipe 2018 comme une Continentale améliorée que comme une Conti Pro à part entière. L’ADN n’a pas du tout été modifié, il reste la formation des espoirs, pour permettre à ces gaillards de 19-22 ans de franchir le pas vers le top niveau sans se casser la figure. »
Seize coureurs de moins de 23 ans porteront ainsi les couleurs de Hagens Berman-Axeon en 2018, parmi lesquels le champion du monde du chrono U23, le Danois Mikkel Bjerg, ou le Flandrien Jasper Philipsen (19), vainqueur de Paris-Tours ou du Triptyque des Monts et Châteaux. « Nous avons compilé 21 victoires lors de l’exercice écoulé, avec quelques belles satisfactions au Tour de Beauce, au ZLM ou du Tour des Flandres espoirs… »
Des instants de bonheur partagé qui jamais ne feront oublier le drame du Tour de Gila, la chute mortelle du jeune Américain Chad Young (21 ans), décédé quelques jours plus tard. « On a beau essayer de se convaincre que le cyclisme est par nature un sport dangereux (NDLR : l’accident a eu lieu une semaine après le décès de Michele Scarponi), personne ne peut jamais être préparé à ces moments-là… Chad est constamment avec nous, il vit au cœur de l’équipe et au travers de la fondation qui porte son nom… »
Par Eric Clovio – Photo : Axeon Hagens Berman