Les championnats du monde de cyclisme sur route au Yorkshire se sont conclus ce dimanche sur le sacre surprise de Mads Pedersen. Une épreuve éreintante de plus au sein de cette semaine intense de compétitions, qui ont également été marquées par des décisions tardives, des problèmes d’organisation mais aussi des exploits sportifs. On revient sur les quatre images qu’il faut retenir de ces Mondiaux.
L’incroyable solo de Van Vleuten
Largement battue par la jeune Américaine Chloe Dygert Owen sur le contre-la-montre, la Néerlandaise Annemiek van Vleuten (Mitchelton-Scott) a montré que son orgueil était sa meilleure alliée sur la course en ligne disputée ce samedi. Après un départ sous une légère pluie, les dames ont eu la chance de retrouver le soleil pour les 120 derniers kilomètres d’une course usante jusqu’à Harrogate. Les favorites se sont rapidement placées aux avant-postes, et dans la Cray Hill (près de 3 km à 8% de moyenne), Van Vleuten a joué cartes sur table en s’isolant des meilleures représentantes du peloton féminin. Un défi risqué à 105 bornes du but alors que Dygert, mais aussi Elisa Longo Borghini, Lizzie Deignan (Trek-Segafredo) ou encore Amanda Spratt (Mitchelton-Scott) étaient à ses trousses. Mais Van Vleuten n’a jamais cédé. La Néerlandaise a même creusé l’écart jusqu’à deux minutes pour ne jamais perdre cet avantage.
« C’était fou car ce n’était pas le plan », assurait Van Vleuten après avoir franchi la ligne d’arrivée en solo. Après avoir été embrassé sa maman et son coach, heureuse comme tout d’avoir obtenu son premier titre mondial sur la course en ligne, la Néerlandaise confirmait qu’elle ne s’attendait pas à se retrouver seul aussi vite. « Je voulais y aller fort dans la montée pour mes équipières, et quand j’ai eu un écart, mon coach m’a juste dit de continuer. » Van Vleuten découvre donc un autre arc-en-ciel : « J’ai déjà obtenu le maillot pour le contre-la-montre, mais celui pour la course en ligne, vous pouvez le porter bien plus souvent ! J’ai eu des frissons quand j’ai terminé, surtout après ma déception sur le chrono mardi dernier ». Et ses adversaires ne pouvaient que saluer l’effort : « J’ai vu son attaque mais je ne pouvais pas suivre. J’ai juste dit : ‘salut Annemiek, on se revoit à l’arrivée ! C’était comme un avion, elle a décollé puis a foncé », lâchait Elisa Longo Borghini, cinquième, au micro de VeloPro.
Van Vleuten signe ainsi l’un de ses plus beaux succès après une nouvelle saison pleine, entre le Giro Rosa (+ 2 étapes), le Strade Bianche et Liège-Bastogne-Liège. À 36 ans, elle est au pic de sa carrière et risque encore de bousculer les codes en arc-en-ciel l’an prochain.
Des courses à l’eau
Certes, la pluie a douché les coureurs tout au long de la semaine. Mais les conditions météo furent particulièrement ce dimanche pour la course en ligne masculine, ainsi que mardi dernier pour le contre-la-montre des espoirs. Plusieurs tronçons du circuit autour de Harrogate étaient ainsi inondés, causant de nombreuses chutes. Le Hongrois Attila Valter et le Danois Johan Price-Pejtersen se sont ainsi retrouvés au sol après avoir terminé dans des bassins d’eau formés par les averses intenses de la matinée… « C’étaient vraiment des conditions extrêmes. Selon moi, ils auraient dû annuler ce chrono jusqu’à ce que les flaques d’eau soient parties et que les averses soient moins fortes », estimait ainsi Price-Pejtersen, heureux de ne pas avoir été plus blessé. « Pour moi, il fallait annuler ou quelque chose du genre. On pouvait déjà le voir avant le départ… C’était fou. Les routes sont un problème et je ne pense pas qu’ils ont pensé à cela… », lâchait pour sa part le Suisse Stefan Bissegger, remonté contre l’organisation britannique.
La course des juniores a également été marquée par de nombreuses chutes en raison de glissades. Les flaques d’eau étaient encore nombreuses sur le circuit final, au grand dam des filles. Le tracé était en effet technique, avec des routes étroites en prime, offrant peu de solutions aux cyclistes présents cette semaine, si ce n’est une plus grande prudence.
Le VAR fait son entrée dans le vélo
C’est l’un des grands drames de la semaine : le Néerlandais Nils Eekhoff a appris plus de 40 minutes après avoir franchi la ligne d’arrivée en tête de la course des espoirs qu’il n’était finalement pas champion du monde des moins de 23 ans. Le jeune coureur de la Sunweb aurait trop profité de l’abri d’une voiture de son directeur sportif après une chute à plus de 120 kilomètres de l’arrivée. L’Italien Samuele Battistella en a profité pour prendre le maillot arc-en-ciel au grand dam d’Eekhoff, en larmes après avoir appris la décision du jury des commissaires. Une décision difficile à comprendre pour bon nombre d’observateurs au vu des images délivrées par la télévision.
Face au tollé provoqué par cette décision, l’UCI a délivré le lendemain matin une vidéo de plus de deux minutes montrant la scène qui a décidé le jury de disqualifier Eekhoff. Les images sont alors claires : le coureur néerlandais est bien revenu dans le peloton à toute vitesse grâce à la voiture de l’équipe néerlandaise. Le timing reste toutefois problématique : l’UCI a en effet annoncé depuis deux saisons la mise en place d’un service de commissaires regardant en détails les images télévisées pour mieux visualiser les fautes des coureurs. Alors, pourquoi ne pas avoir disqualifié Eekhoff plus tôt ? Et pourquoi avoir attendu autant d’heures pour publier les images de la faute du Néerlandais ? Autant de questions qui doivent permettre à l’UCI de mieux communiquer ces décisions qui peuvent faire jurisprudence. Car désormais, tous les abris derrière voiture risquent d’être sujets à polémique.
Une organisation qui fait défaut
Outre les problèmes relevés ci-dessus, plusieurs décisions de l’organisation de ces championnats du monde au Yorkshire ont mené à de la frustration chez les cyclistes présents. La course des espoirs a ainsi été raccourcie d’un tour de circuit car ceux-ci risquaient d’arriver… après le coucher du soleil à Harrogate. Et vu les conditions climatiques, les coureurs de moins de 23 ans risquaient en effet de terminer dans le noir. Une décision pour le bien des coureurs ? Certes, mais il était déjà dangereux de programmer la course des espoirs aussi tard, vendredi.
De même, la course masculine était raccourcie de 25 kilomètres en raison d’inondations sur la route. Le but était de protéger les coureurs : tant mieux. Mais le timing de la communication pose à nouveau question : les hommes ont été prévenus alors qu’ils arrivaient au départ à Leeds, alors que la météo était connue depuis la veille, au moins. Sans oublier le départ retardé de près d’une demi-heure, alors que les coureurs devaient déjà subir la pluie et le froid.
Et c’est sans oublier cette image du Colombien German Dario Gomez, oublié sur le bas-côté après une crevaison lors de la course des juniors. Le garçon a dû attendre plus de trois minutes avant qu’une voiture de son équipe s’arrête pour changer sa roue. Aucune voiture du service neutre n’a pris le temps de s’arrêter auparavant. Une scène très difficile qui confirme que seul le caractère promotionnel de ces championnats du monde ne suffit pas à assurer la réussite sportive de ceux-ci.
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Photos : Welcome to Yorkshire/Yorkshire 2019/SWPix.com/Alex Whitehead et Pauline Ballet
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