La Vuelta a de nouveau pris de la hauteur durant cette deuxième semaine entre le Pays basque et les Asturies, avec trois arrivées en altitude et un contre-la-montre qui ont bouleversé la lutte pour le maillot rouge. Le classement général semble même se dessiner définitivement, tant le Slovène Primoz Roglic (Jumbo-Visma) semble sur un nuage depuis sa victoire à Pau.
Roglic fait face à toutes les attaques
Cette deuxième semaine de compétition sur la Vuelta a commencé sous les meilleurs auspices pour Primoz Roglic. Sur le contre-la-montre vallonné tracé autour de Pau, le coureur slovène a pris d’une à trois minutes sur tous ses adversaires directs au classement général. Le leader de la Jumbo-Visma n’a depuis lors plus quitté son maillot rouge. Que ce soit sur l’Alto de los Machucos, vers le Sanctuaire d’Acebo ou sur l’Alto de la Cubilla, Roglic a toujours répondu présent, se permettant même de reprendre du temps lors de la 16e étape, clôture de cette seconde semaine de course. « Je surveillais Valverde et je n’ai pas fait l’effort tout de suite, même s’il y a eu un écart. Quand je me suis retourné et que j’ai vu Valverde en difficulté, j’y suis allé », explique Roglic avant la journée de repos. « Je profite de la course jusqu’ici. Tout va bien pour moi et l’équipe », ajoute celui qui a même pu profiter de la victoire de son équipier Sepp Kuss à Acebo. La Jumbo-Visma ne fait plus d’erreur et enchaîne, et avec Kuss, Powless et Gesink, Roglic à toutes les cartes en mains pour tenir jusque Madrid.
Valverde, dernier rempart des Movistar
L’équipe Movistar semblait la plus amène à faire la différence en montagne et à détrôner Roglic sur ces pentes abruptes. Le groupe a même tenté à plusieurs reprises de faire craquer le Slovène, de manière plus intelligente qu’en première semaine du moins. Mais Nairo Quintana, en verve lors des premières étapes, subit l’enchaînement des efforts et a clairement craqué sur l’Alto de la Cubilla. Alejandro Valverde est donc le dernier sociétaire de l’équipe espagnole à pouvoir se rapprocher du maillot rouge.
Les forts pourcentages de cette deuxième semaine de course étaient favorables au champion du monde, qui semble confirmer sa bonne condition au fil des étapes. Le Murcien de 39 ans fait parler son expérience et sa régularité, même s’il a dû lâcher du lest ce lundi face à un Roglic en verve. « Ce n’était pas mon meilleur jour, mais ce n’était pas mon pire jour », affirme l’Espagnol. « Je gagne 30 à 40 secondes un jour, je les perds le lendemain. On est dans une sorte d’égalité ». Mais avec l’avance glanée par Roglic sur le chrono, Valverde reste loin du maillot rouge. Il faudra une véritable œuvre collective des Movistar pour espérer le récupérer. Et avec un Quintana en berne, cela s’annonce compliqué…
Pogacar peut croire au podium
Depuis sa victoire en Andorre, Tadej Pogacar ne cesse de surprendre. Le Slovène de 20 ans s’est offert une nouvelle victoire d’étape sur l’Alto de los Machucos devant son compatriote Roglic, et a creusé l’écart sur Miguel Angel Lopez (Astana) dans la lutte pour le podium et le maillot blanc de meilleur jeune. Avant de céder quelque peu sur la Cubilla, sans toutefois perdre sa troisième place. Une conséquence de sa chute sur la 14e étape ?
Jusqu’ici, le grimpeur a impressionné sur tous les cols proposant des pourcentages supérieurs à 15%, n’hésitant pas à attaquer ses aînés. Les arrivées de ce type ne sont toutefois plus aussi nombreuses, et ce sont des étapes de haute montagne plus typiques qui s’annoncent durant cette troisième semaine de compétition. Pogacar devra donc mieux gérer ses efforts pour espérer le podium à Madrid. S’il a perdu Arù dans l’aventure, le Slovène a toujours une équipe qui peut lui permettre de tenir la bonne roue dans les grands cols à venir. C’est en tout cas maintenant que Pogacar va le plus apprendre.
Gilbert se rassure (un peu)
À Bilbao, il a dû se faire mal jusqu’aux 200 derniers mètres pour s’assurer la victoire. Mais comme à l’accoutumée, Philippe Gilbert (Deceuninck-Quick Step) n’a rien lâché pour s’offrir un sixième succès sur le Tour d’Espagne, un dixième sur un Grand Tour. Le Remoucastrien a également remercié sa formation de la meilleure des manières avant de sceller son départ vers Lotto-Soudal. Grâce à une attaque sèche dans l’Alto de Arraiz, dernier raidard à escalader avant la descente sur la cité basque, il a confirmé qu’il était en bonne condition en vue des championnats du monde disputés dans le Yorkshire, du 21 au 29 septembre. Pourtant, même si Gilbert affiche une forme constamment ascendante depuis le départ de cette Vuelta, sa performance sur cette 12e étape n’a pas encore montré qu’il pouvait être un leader unique au sein de la sélection belge.
Car dans la descente vers Bilbao, Gilbert n’a cessé de perdre du temps sur ses plus proches poursuivants, là où il était d’habitude intraitable après avoir pris les devants sur les hauts pourcentages. Philippe Gilbert peut être un coureur protégé aux Mondiaux, c’est une certitude, mais il n’a plus le punch pour s’isoler dans un dernier tour : il doit jouer sur son expérience et son endurance pour creuser les écarts. Le Remoucastrien sera donc une arme redoutable au sein du groupe belge, mais une arme parmi d’autres, parmi les Van Avermaet, Naesen et autre Evenepoel.
Photos : Unipublic/ASO/Photo Gomez Sport
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