Le Tour de France a rarement offert un spectacle aussi intense ces dernières années. Le classement général change chaque jour, et Julian Alaphilippe, maillot jaune, reste bien accroché à la première marche du podium. Aucune équipe ne semble en fait capable de prendre le contrôle de la course pour accéder à ce Graal. Alaphilippe en profite, mais sait que sans équipe faite pour remporter le Tour, il devra se donner encore plus pour trouver la victoire aux Champs-Élysées. Alors, parviendra-t-il à créer la surprise jusqu’au bout ?
Alaphilippe continue de surprendre
On se demandait quelles étaient ses limites, au vu de ses performances depuis plus d’une semaine. Julian Alaphilippe a encore fait mieux durant cette deuxième semaine du Tour de France. Après une journée plutôt calme du côté de Bagnères-de-Bigorre, suite à une décision des favoris de ne pas s’attaquer, le coureur français est parvenu à remporter à la surprise générale le contre-la-montre vallonné de Pau, creusant un peu plus l’écart avec ses rivaux. Il a ensuite tenu la dragée haute aux grimpeurs sur le Tourmalet, se permettant même de terminer deuxième derrière Thibaut Pinot. Avant de légèrement perdre du temps sur l’étape-reine du lendemain, vers le Prat d’Albis. Mais Alaphilippe n’a pas encore craqué.
“C’était une journée difficile, c’était attendu. L’objectif était de se battre pour conserver le maillot jaune. Objectif rempli, avec un gros travail de mon équipe”, a-t-il lancé au micro de France Télévisions pour sa dixième journée en jaune. “ Ce n’est pas une surprise, je ne suis pas déçu d’avoir perdu du temps aujourd’hui“. Avant de se demander si le coureur qui pourrait récupérer son maillot jaune pourrait être Thibaut Pinot. “Je lui souhaite”, lâche-t-il. Car Alaphilippe se rend bien compte que le maillot jaune qu’il a sur les épaules ne tient plus à grand-chose. Alors que son équipier le plus à l’aise en montagne, Enric Mas, a lâché les armes sur la troisième étape pyrénéenne, le coureur français apparaît bien seul en altitude. Et les efforts commencent à coûter cher. Car pour rappel, Alaphilippe a creusé ces écarts à la pédale, sans prendre une seule échappée au long cours. Cela risque donc de faire mal dans cette troisième semaine : ses capacités de récupération seront mises à rude épreuve. Il devra donc encore plus surprendre que lors de cette deuxième semaine pour rallier Paris avec le maillot doré.
Pinot a toutes les cartes en mains
Voici une semaine, au lendemain de la bordure qui l’avait rejeté près de deux minutes plus loin, le quotidien L’Équipe avait osé titrer “Pinot, l’espoir brisé”. Comme si Thibaut Pinot avait définitivement laissé toute ambition de victoire finale au placard. Le coureur français est pourtant connu pour son opiniâtreté et sa capacité à se relever au lendemain de coups durs. Ainsi, dès que la pente a redéfini le peloton, le leader de Groupama-FDJ était à l’affût avec son équipe de grimpeurs. Il a profité du travail préparatoire de Rudy Molard, Sébastien Reichenbach ou encore (et surtout) David Gaudu pour frapper sur son terrain favori. Dans les Pyrénées, Pinot s’est permis de triompher au sommet du Tourmalet, quatre ans après l’Alpe d’Huez, avant de terminer deuxième de l’étape du Prat d’Albis, récupérant à chaque fois du temps sur ses principaux rivaux. Le voici désormais quatrième à seulement trois secondes du podium, à seulement deux minutes du maillot jaune.
Et au vu de sa condition affichée sur les pourcentages pyrénéens, Thibaut Pinot semble désormais l’homme à battre durant la troisième semaine de course. “J’ai repris du temps à tout le monde, c’est le principal”, confirmait-il au sommet du Prat d’Albis, au micro de France Télévisions. “Il faut continuer maintenant. On est parti pour remonter au classement et les étapes les plus dures arrivent. Les cols durs arrivent. Quand on a les bonnes jambes, il faut en profiter”, admet-il en conférence de presse, avant d’annoncer : “Je reste tout de même lucide et je ne m’enflamme pas. Il faut garder les pieds sur terre”. Car Pinot sait mieux que quiconque que les étapes de montagne ne sont pas les seules à décider du classement général. Il devra notamment être attentif à l’étape de transition annoncée ce mardi, autour de Nîmes. Le vent s’annonce fort et pourrait en effet créer de nouvelles surprises dans le peloton. S’il passe cette épreuve, Pinot peut clairement viser le maillot jaune : le reste du parcours est adapté à ses qualités, notamment la dernière étape de montagne du côté de Val Thorens. Mais attention à la chaleur : lui qui déteste la canicule devra faire face à des températures de plus de 30 degrés.
Le Team INEOS en eaux troubles
Pour la première fois depuis 2014, le Team INEOS (ex-Team Sky) arrive en troisième semaine de course sur le Tour de France sans le maillot jaune. Après une campagne pyrénéenne qui n’a pas livré toutes ses promesses au sein de l’équipe britannique. Egan Bernal n’est pas parvenu à refaire son retard sur des sommets pourtant taillés pour lui, alors que Geraint Thomas a craqué sur le Tourmalet avant de se refaire légèrement la cerise sur le Prat d’Albis. Mais jamais le groupe n’a montré la domination qu’elle affichait depuis près de sept ans. Cette fois, les Wout Poels, Michal Kwiatkowski et autres Gianni Moscon ont rapidement lâché prise, et n’ont pu aider leurs leaders comme d’habitude.
Mais Geraint Thomas se veut optimiste. Le tenant du titre croit encore en la possibilité de grimper sur la première marche du podium, lui qui s’accroche à la position de dauphin depuis près d’une semaine. “La situation est différente et nous ne devons pas tirer le peloton comme d’autres équipes le souhaiteraient. Nous sommes toujours dans une super-bonne position. Tout le monde a des hauts et des bas et on doit faire avec”, estime le Britannique en conférence de presse, lors de ce second jour de repos près de Nîmes. “Ce que je retiens, c’est que j’ai fini très fort hier et j’attends avec impatience de rejoindre les Alpes. J’ai de bons souvenirs là-bas”. Bernal et Thomas peuvent en effet faire la différence à plus de 2 000 mètres d’altitude. Mais le Team INEOS va devoir passer à l’attaque, car en termes de contrôle du peloton, le groupe britannique ne semble pas tenir la distance.
Van Aert forfait pour le reste de la saison ?
Alors que son équipier Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma) est toujours sur le podium et peut encore rêver du maillot jaune malgré sa discrétion, le champion de Belgique du contre-la-montre Wout van Aert a connu une semaine particulièrement contrastée. Annoncé comme favori sur le chrono de Pau, le coureur belge du moment fonçait à toute vitesse vers un possible podium, avant de percuter une bannière publicitaire, à près d’un kilomètre de l’arrivée. Résultat ? Une profonde entaille à la cuisse droite, qui a notamment touché le muscle. Cette grave blessure devrait le laisser sur le côté pour au moins deux mois. Deux mois avant de songer à remonter sur le vélo.
“Le médecin m’a dit qu’il faudrait quelques jours avant de pouvoir à nouveau marcher convenablement et quinze jours pour que la plaie soit bien cicatrisée”, explique Wout van Aert dans une vidéo publiée par Jumbo-Visma. “Cela prendrait deux mois avant que je puisse à nouveau rouler à vélo. J’espère que le médecin a un peu exagéré car je n’ai pas l’intention de ne pas prendre mon vélo pendant deux mois. Mais je dois écouter mon corps.” S’il n’a pas connu de fracture, Van Aert a tout de même souffert de cette chute. Il espère désormais être en forme rapidement pour préparer au mieux la prochaine saison de cyclo-cross, lui qui réalisait un Tour de France idéal jusqu’ici.
Photos : ASO/Pauline Ballet et Alex Broadway
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