L’équipe hennuyère Wanty-Groupe Gobert enchaine cet hiver les initiatives afin de promouvoir la formation de jeunes talents, tant en Wallonie qu’en France. Une attitude louable et nécessaire pour assurer l’avenir du cyclisme.
Wanty-Groupe Gobert pourra-t-il sauver le cyclisme wallon ? La formule peut paraître exagérée mais elle confirme la nécessité de mieux développer la formation dans une région où le deux-roues est souvent passé au second plan malgré les belles carrières de coureurs issus du berceau wallon, comme Claudy Criquielion, Rik Verbrugghe ou encore Philippe Gilbert, plus récemment. Face à la Flandre, terreau fertile du cyclisme belge, la Wallonie est souvent apparue comme une région incapable de mener au mieux ses talents locaux. Si ce n’est la mise en place de la structure Wallonie-Bruxelles, principalement développée grâce à des subsides régionaux, voici huit ans, Ies équipes favorisant des partenariats avec des clubs wallons ne sont clairement pas légion depuis lors.
Quelques jeunes coureurs wallons émergent dans les équipes espoirs de Lotto-Soudal ou de Wallonie Bruxelles, mais derrière, la forêt semble bien pauvre. La formation T.Palm-Pôle Continental Wallon, pépinière de jeunes coureurs du sud du pays depuis 2006 grâce au soutien du VC Ardennes, disparaît ainsi au terme de cette saison 2018 après avoir notamment découvert les jeunes Kevin Van Melsen, Kevyn Ista, Sébastien Delfosse, Christophe Prémont ou encore Antoine Demoitié par le passé. Mais face aux nouvelles conditions de l’Union Cycliste Internationale (UCI) pour assurer sa survie au niveau continental, la perte d’un sponsor se paye cash. Les autres clubs wallons n’ont pas forcément les reins assez solides pour assurer une participation au niveau international, même en tant qu’équipe de troisième division, à la manière de T.Palm-PCW. Seul AGO-Aqua Service, sous la structure Wallonie-Bruxelles, poursuivra donc en 2019 au niveau continental, sous la bannière du coq rouge.
Aussi un problème en Flandre
Certes, Lotto-Soudal et Deceuninck-Quick Step ont quelques partenariats avec l’un ou l’autre club du sud du pays mais les contacts se font surtout pour l’embauche d’une pépite, plus que pour des partages de matériels et de bons conseils. Au grand dam de clubs qui peinent à joindre les deux bouts, si les bénévoles ne se bousculent pas au portillon. Cela ne se voit pas qu’en Wallonie d’ailleurs. En Flandre, également, la formation n’est visiblement plus une priorité comme au début des années 2000, du moins en ce qui concerne la route, comme s’en est déjà plaint le vétéran Walter Planckaert cet automne. Bref, difficile de tenir la distance avec de telles contraintes économiques, et sans l’appui d’équipes professionnelles qui bénéficient justement de ces formations et de cette manne de jeunes coureurs.
Wanty-Groupe Gobert souhaite donc changer ce rapport de forces et compte multiplier les partenariats avec les clubs de jeunes coureurs afin de permettre à ces formations de bénéficier d’un appui financier et technique bien nécessaire de nos jours. Plus particulièrement en Wallonie. Car la formation, dont les sponsors principaux sont issus du Hainaut, ne compte actuellement que trois Wallons : Thomas Degand, Kevin Van Melsen et Boris Vallée. Elle souhaite donc développer un nouveau vivier de coureurs du sud, et attirer de plus en plus de jeunes vers le cyclisme. L’équipe a pour cela enclenché des négociations pour un partenariat avec le Vélo Sport Péruwelz-Bury, la Pédale Saint-Martin Tournai (dans le Hainaut), le Vélo Club Marchovelette (en province de Namur) et le… VC Ardennes (en province du Luxembourg), ancien partenariat du T.Palm-PCW. « Nous avons envie de dynamiser les clubs de jeunes, de minimes, de cadets, envie de mettre des gamins sur le vélo », explique Jean-François Bourlart, manager de Wanty-Groupe Gobert à la RTBF.
« Moins de chance de trouver la perle rare »
« Si le nombre de licenciés diminue chaque année et que le nombre de clubs reste identique, le nombre de coureurs par club diminue ! Naturellement, les dirigeants auront tendance à aller voir ailleurs et à discuter avec des coureurs pour les attirer dans leur club. Nous, on veut mettre une philosophie inverse en place : il y a plein de jeunes qui veulent faire du vélo et on n’est pas obligé d’aller dépouiller les clubs voisins », estime Jean-François Bourlart. « Forcément, quand la base diminue, on a moins de chance de trouver la perle rare ».
Cette réflexion a même été poussée au-delà des frontières. Wanty-Groupe Gobert a également annoncé la signature d’un partenariat avec le CC Étupes, club français reconnu pour son travail auprès des plus jeunes et des espoirs. Le célèbre club au maillot orange avait ainsi révélé Thibaut Pinot, Adam Yates ou encore Guillaume Martin par le passé, et comptera désormais sur le soutien de Wanty-Groupe Gobert pour assurer son travail de formation et perpétuer son expertise parmi les jeunes coureurs.
« Du mal à exister »
« Outre notre soutien matériel, nous pourrions également favoriser l’écolage de talents belges en les confrontant à un programme de courses plus riches dans les Alpes, avant de passer chez les pros », confie ainsi Jean-François Bourlart, qui confirme également que les coureurs les plus prometteurs du CC Étupes pourraient profiter d’un stage dans l’équipe professionnelle dès l’été. « Le cyclisme amateur a du mal à exister, et le soutien d’une structure comme Wanty-Groupe Gobert nous offre un bol d’air », assure pour sa part l’ancien coureur Boris Zimine, devenu directeur sportif au CC Étupes. « Je veux pouvoir livrer, à moyen terme, les nouveaux Guillaume Martin et Fabien Doubey ! », continue-t-il. Ce ne sera finalement qu’une victoire collective pour les deux structures en cas de réussite !
Photo : Wanty-Groupe Gobert
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