Cher Papa Noël,
Cette année m’a comblé de bonheur. Que de joutes haletantes, que de suspense dans le peloton, que d’exploits fulgurants, que d’attaques de la première heure,… J’embellis certainement le tableau. Certains retiendront que les trois Grands Tours ont été gagnés par la même équipe et que les cinq monuments ont comblé seulement trois coureurs. Ou encore que ce sont principalement les équipes les mieux dotées financièrement qui cannibalisent les podiums. Ils n’auront pas tort non plus. Mais en cette période de fêtes, j’aime me rappeler les heureux souvenirs d’une année particulièrement faste. Du moins sur le plan sportif. Car hors des performances physiques, le peloton et les institutions qui le gouvernent m’ont parfois désespéré. À tel point que j’ai une nouvelle longue liste de cadeaux à poser sur ma cheminée à l’aube de douze nouveaux mois intenses.
Oui, je me lance directement dans ma liste, autant aller au plus rapide. Déjà, une fédération internationale désireuse d’aider les cyclistes en améliorant leur sécurité, personnelle et financière, leurs conditions de vie et leur avenir. L’Union Cycliste Internationale répondra évidemment qu’elle a déjà fait beaucoup pour le vélo contemporain et qu’elle multiplie les projets en termes de salaires minimaux et de fonds de pension. Mais les salaires restent encore très bas en dehors du WorldTour chez les hommes, les salaires minimaux ne sont pas encore en place dans une majeure partie du peloton féminin, les chutes ont encore fait la Une cette saison et Gino Mäder est décédé en pleine course sur une épreuve censée être au sommet du calendrier. Les accidents peuvent arriver, mais il se confirme qu’il y a encore des améliorations nécessaires. Et le récent accord paritaire dans le peloton masculin ne semble clairement pas obtenir l’adhésion de tout le groupe. Bref, il est nécessaire d’avancer sur ces thématiques en 2024, pour pérenniser un sport qui ne semble aller bien que lorsqu’il se dévoile sur Netflix.
L’UCI devra d’ailleurs faire mieux sur bon nombre de dossiers pour rassurer tous les observateurs de la Petite reine. Notamment s’interroger sur le sérieux de certaines courses inscrites au calendrier pour permettre à des équipes nationales de se jouer des règlements et accéder à un niveau qui n’est pas le sien. Ou se montrer plus réactif pour réguler au mieux son sport, par exemple quand deux des plus grandes équipes du peloton souhaitent fusionner ou quand une équipe du WorldTour annonce unilatéralement l’engagement d’un coureur d’une autre formation sans accord préalable. C’est aussi à l’UCI de mettre le holà pour rappeler son règlement et mettre en place de nouvelles dispositions destinées à assurer un avenir à son sport. Au risque de voir l’argent empoisonner encore bien plus longtemps la discipline…
Du spectacle… belge ?
J’aimerais des courses d’un jour aussi haletantes qu’en 2023, même si je sais que ce sera compliqué. On ne peut pas enchaîner les saisons folles ainsi… Il faut également du repos. Et certains l’ont compris en décidant de faire l’impasse sur certaines périodes pour éviter la surchauffe. Surtout au vu du programme costaud qui s’annonce cet été avec les Jeux Olympiques. J’aimerais également voir Wout van Aert, Tadej Pogacar, Mathieu van der Poel ou Lotte Kopecky se dépenser à 100% sur chaque course, pour le spectacle. Mais je dois aussi me montrer réaliste : iels doivent également se reposer pour produire les performances qu’iels affichent.
D’ailleurs, en parlant des Jeux olympiques de Paris, j’espère que les courses seront quand même intéressantes et ne se termineront pas au bout de quelques kilomètres. Car un peloton réduit à une nonantaine de cyclistes, dont plusieurs émanant de pays émergents du vélo, bien loin du niveau des meilleures nations. Cela risque de mener à des courses à deux vitesses, au grand dam du public.
J’espère qu’en 2024, on verra également les jeunes talents belges poursuivre leur formation vers le plus haut niveau. Arnaud De Lie mérite bien une classique encore plus prestigieuse que le Grand Prix de Québec, Jasper Philipsen peut bien viser un autre maillot vert, Alec Segaert a le potentiel pour glaner une première victoire professionnelle, Julie De Wilde a encore le temps de grandir vers un nouveau sommet, Fleur Moors pourra découvrir le peloton professionnel avec l’espoir d’y progresser encore, outre son titre européen conquis chez les juniors. Et je n’en cite que quelques-uns ici… La Belgique regorge de talents, ils et elles sont encore nombreux.ses à attendre leur place parmi le gratin mondial. Et je souhaite que Belgian Cycling, ainsi que les fédérations régionales FCWB et Cycling Vlaanderen, poursuivent leur travail en ce sens pour permettre au cyclisme belge de poursuivre sa domination.
Cela me semble déjà être une belle liste. Mais j’ai encore un souhait. Que CyclismeRevue poursuive sa route doucement, dans une formule allégée, permettant de continuer cette veille du monde cycliste avec un œil différent. C’est certainement beaucoup demander, mais j’aime croire en la magie de Noël.
Et n’oublie pas de combler tous ceux et toutes celles qui suivent cette newsletter toutes les semaines !
À l’année prochaine !