L’annonce a été aussi subite qu’inattendue : le groupe Warner Bros. Discovery, propriétaire de Global Cycling Network et d’Eurosport, a confirmé mercredi dernier la fermeture prochaine, le 19 décembre, de l’application GCN et du service GCN+, qui permettait pour un abonnement d’une dizaine d’euros par mois de suivre la majeure partie des compétitions cyclistes sur route, sur piste, de VTT ou de cyclo-cross en direct et en replay. S’il était moins connu en Belgique ou en France, en raison de la popularité plus grande d’Eurosport et de son application permettant d’avoir les mêmes services en plus des chaînes télévisées, le service GCN+ permettait à de nombreux fans de la Petite reine de suivre toutes les courses cyclistes à un prix plus modique et d’avoir un accès bien plus large à ces compétitions qui jusqu’ici n’intéressaient pas forcément les plus larges distributeurs.
« Cette décision de notre entreprise-mère, Warner Bros. Discovery, est déterminée par sa stratégie globale de consolider ses services de streaming afin d’offrir plus de contenu sur un nombre plus restreint de plateformes », explique Dan Lloyd, ex-professionnel et présentateur historique des émissions anglophones de GCN. Une décision décevante pour bon nombre de spectatrices et spectateurs qui appréciaient également les documentaires cyclistes proposés sur la plateforme, en plus des actualités proposées sur l’application. Elle n’est cependant pas des plus surprenantes : GCN, ou certaines parties de l’entreprise, étaient annoncées en vente plus tôt dans l’année. Selon plusieurs sources confirmées par Escape Collective et Cyclingnews, le site internet, la rédaction de GCN et les vidéos diffusées sur YouTube devaient être séparées de la partie des diffusions des courses cyclistes en direct. Soit la partie qui représente le plus grand coût en termes de droit de diffusion.
GCN, racheté en 2017 par le groupe Warner Bros. Discovery, a permis la diffusion des Grands Tours, des classiques, des cyclo-cross, des Coupes du monde de VTT, de la Ligue des champions sur piste et de bien d’autres courses à une échelle globale. À une époque où les amatrices et amateurs de vélo se connectaient sur des flux illégaux pour pouvoir suivre une course à l’étranger, alors que certains jalousaient la Belgique bénéficiant d’une offre télévisée bien plus large que d’autres pays, GCN+ permettait d’obtenir une solution légale pour profiter d’une année cycliste plus que complète. Aux États-Unis, en Australie, au Canada, au Royaume-Uni, ce service de streaming permettait d’avoir accès au peloton, une facilité dont ils ne pouvaient bénéficier voici trente, vingt voire dix ans.
Un prix plus élevé
Bien entendu, le groupe Warner Bros. Discovery annonce que les abonnés de GCN+ seront remboursés et que dans la plupart des pays, ils pourront s’enregistrer au service d’Eurosport ou à celui de Discovery + pour continuer à suivre ces courses, toujours sous contrat de diffusion au sein du groupe. Les prix seront toutefois plus élevés et il n’est pas certain que tous les abonnés de GCN+ passent sur les autres services de Warner Bros. Discovery. Même si le groupe pointera que ces nouveaux abonnements signifient une plus large de choix de contenu, sur d’autres sports, d’autres formes de divertissement.
Cette disparition de GCN+ est une mauvaise nouvelle pour l’internationalisation du cyclisme que le service avait grandement aidé. Un service spécialisé uniquement dans le cyclisme sous toutes ses formes a clairement permis à d’autres publics de s’investir pleinement dans ce sport. L’accessibilité de la plateforme et son prix ont fait beaucoup pour un sport qui a besoin de cette large couverture pour exister et assurer son modèle économique. Se replier vers Eurosport et Discovery + est une solution de repli, elle risque toutefois d’être moins efficace que ce que proposait jusqu’ici GCN+, une marque pleinement implantée dans le milieu cycliste jusqu’à cet hiver. Il reste à espérer que Warner Bros. Discovery mettra en avant son catalogue cycliste pour poursuivre le travail entamé par l’entreprise qu’elle a rachetée voici six ans.