Quand est-ce que ça s’arrête ?

Le décès de Gino Mäder a touché l’ensemble du peloton. L’heure n’est pas à pointer l’un ou l’autre responsable, mais plutôt de se réunir autour de la table pour éviter que ce drame ressurgisse.
L’adieu de l’équipe Bahrain Victorious à Gino Mäder, décédé ce 16 juin 2023 à l’âge de 26 ans, après sa lourde chute sur la 5e étape du Tour de Suisse

Gino Mäder, Estela Dominguez, Davide Rebellin, Bjorg Lambrecht, Kristof Goddaert, Michele Scarponi, Chad Young, Antoine Demoitié, Wouter Weylandt, Andrei Kivilev, Manuel Sanroma, Fabio Casartelli… La liste est longue. Trop longue. Autant de cyclistes décédés en faisant leur métier, que ce soit en course ou à l’entraînement. Pour qui le danger que représente la route, à chaque instant, a eu raison de leur vie. Les cas sont tous différents, les conséquences restent funestes.

Le décès de Gino Mäder a frappé tout le peloton. Une claque rappelant le destin qui peut virer à chaque lacet. Une descente frôlant les 100 km/h, un ravin, une source d’eau, des pierres, le vide… Rapidement, l’incompréhension mène au doute. Pourquoi ce virage ? Pourquoi cette descente ? Pourquoi ce risque ? L’organisation du Tour de Suisse a été pointée du doigt pour ce tracé vers La Punt, à la suite de la montée du mythique Albulapass. Le peloton avait déjà franchi ces routes par le passé, comme en 2003, sans encombre. Cette fois, ce n’est pas passé. La fatalité ? Elle a bon dos.

L’heure n’est pas à désigner l’un ou l’autre responsable. Il s’agit plutôt d’une opportunité pour réunir toutes les parties prenantes du cyclisme mondial afin de remettre à plat les nécessaires mesures de sécurité pour permettre l’organisation de courses sûres. Les routes ouvertes sont déjà un drame permanent pour les cyclistes, il serait donc de bon ton que l’Union Cycliste Internationale (UCI) prenne ses responsabilités pour permettre à ces professionnels de faire leur métier sur des parcours sans danger vital.

Le récent exemple du Tour féminin des Pyrénées, sur lequel les participantes ont décidé de faire grève tant qu’une solution n’était pas trouvée concernant les voitures sur le parcours, confirme qu’il s’agit d’une priorité pour ces sportives et sportifs qui n’ont pas à craindre pour leur santé à chaque sortie de virage. Bien entendu, le peloton ne doit pas prendre tous les risques pour parvenir à la victoire. Il y a des limites à se poser. Mais ces limites doivent également être admises par les organisateurs et par l’UCI. Cela passe par une règlementation plus claire ainsi que des sanctions en cas de manquement à ces décisions. Comme cela s’est passé sur le Tour des Pyrénées : les coureuses ont protesté, les syndicats ont écouté et fait valoir les demandes à l’UCI, l’organisation a été contactée, aucun terrain d’entente n’a pu être trouvé, la fin de l’épreuve n’a pas eu lieu. Point. Et dommage pour l’organisation qui se plaint par la suite de sportives qui demanderaient trop. Non, elles demandaient simplement la sécurité. C’est la priorité, devant la visibilité et des primes plus importantes.

Toutes et tous pour une meilleure sécurité

Cyclistes, équipes, organisations, fédérations ont toutes et tous un rôle à jouer pour permettre une meilleure sécurité. La faute n’incombe pas toujours à l’un ou à l’autre. Ces réunions doivent permettre de trouver une solution plus convaincante, aussi forte que l’obligation du port du casque qui a marqué les esprits en 2003 après le décès d’Andrei Kivilev. La levée de boucliers de l’époque n’est rien par rapport au nombre de vies potentiellement sauvées par cette sécurité supplémentaire.

Que faire de plus aujourd’hui pour éviter de nouveaux drames de la sorte ? Une meilleure signalisation, par exemple, pour indiquer aux coureurs les virages plus dangereux en descente ou émettre un son, comme cela fait sur de nombreuses courses belges, pour confirmer un danger à venir. Des filets à l’approche des ravins, comme cela peut se faire en ski alpin, pour éviter des chutes à plusieurs mètres en contrebas qui peuvent être encore plus dévastatrices. La fin des arrivées avec une descente à moins de cinq kilomètres de l’arrivée quand celle-ci a une longueur et une pente importantes. La décision de neutraliser une fin de course si les conditions s’avèrent trop dangereuses. Imposer une limitation de vitesse au peloton. Les idées ne sont pas toutes bonnes et ne sont qu’un florilège de ce qui a déjà été lu et entendu çà et là dans le peloton et sur les réseaux sociaux. Il n’empêche : les options sont bien là pour tenter d’améliorer la situation actuelle. Car la situation actuelle a mené au décès d’un coureur suisse de 26 ans qui avait encore toute une vie devant lui. Gino Mäder laisse un vide. Un de plus. Alors, on peut se demander : quand est-ce que ça s’arrête ? Ou alors, on avance et on propose : comment est-ce qu’on va arrêter ça ? C’est tout ce dont le cyclisme a besoin aujourd’hui.

Le souvenir de Gino Mäder restera, lui, l’écologiste généreux qui a fait de sa passion un porte-voix de ses convictions, comme le décrit si bien Benoît Vittek sur le site d’Eurosport. Son image restera dans le peloton. Tout comme Estela Dominguez, Davide Rebellin, Bjorg Lambrecht, Kristof Goddaert, Michele Scarponi, Chad Young, Antoine Demoitié, Wouter Weylandt, Andrei Kivilev, Manuel Sanroma, Fabio Casartelli et les autres.

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