Les puristes oseront affirmer que le week-end d’ouverture de la saison belge à Gand annonce le printemps des classiques malgré la neige et le gel qui menacent souvent ces courses d’un jour. C’est pourtant bien après Milan-Sanremo que les spécialistes des Flandriennes se mettent en action, d’abord en répétition sur le Grand Prix E3 autour d’Harelbeke, véritable avant-première du Tour des Flandres, neuf jours plus tard.
Les points-clés du parcours :
Répétition idéale à l’aube du Tour des Flandres, le GP E3 ne faillit pas à sa réputation au fil des saisons. Cette année encore, l’épreuve traversant les Ardennes flamandes a vu son parcours légèrement remanié en début de course, sans toutefois bouleverser ses fondements, c’est-à-dire un enchaînement de pavés et de “bergs” qui cassent les pattes au fil des coups de pédale. Il reste toutefois difficile d’envisager d’emblée la côte qui permettra de déterminer le vainqueur de ce mini-Ronde. L’enchaînement du Paterberg (un véritable mur à 12% de moyenne) et du Vieux Quaremont (et son long faux-plat sur pavés) risque clairement de réaliser une purge parmi le peloton, aussi gros soit-il, avant l’ascension de la Karnemelkbeekstraat, renommé en “col E3” pour l’occasion.
Il sera ensuite difficile de faire la différence par le seul Tiegemberg, à moins de vingt kilomètres de l’arrivée, dont la pente se veut trop douce en cas de décision finale. Et au vu de la météo annoncée, avec les rafales qui risquent de souffler le peloton sur la gauche voire de face durant le retour vers Harelbeke, il sera difficile pour un homme seul de tenir bon face à un groupe bien organisé. Les candidats à la victoire devront donc bien préparer leur coup et se montrer puissant dans un tel contexte.
Les favoris annoncés :
Déjà annoncé comme l’homme à battre sur Milan-Sanremo, une semaine plus tôt, le champion du monde Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) aura de nouveau une pancarte dans le dos, ce vendredi à Harelbeke. Le Slovaque a certes manqué de jus dans le Poggio et n’a jamais semblé capable de prendre ses responsabilités face au vent, mais sur une classique flandrienne, où le physique se veut encore plus prépondérant, il risque d’être aux avant-postes. Surtout, il devra confirmer qu’il peut se placer parmi les favoris malgré ce statut qu’il n’a jamais réussi à confirmer sur les routes du nord du pays. Certes vainqueur du GP E3 en 2014 ou encore de Kuurne-Bruxelles-Kuurne l’an dernier, il n’a ensuite pas encore convaincu sur des épreuves d’un calibre plus important.
Autre favori qui devra porter son glorieux passé sur les épaules, Greg Van Avermaet (BMC) espère surtout avoir récupéré de ses efforts sur Milan-Sanremo, classique sur laquelle il a eu beaucoup de mal à se réchauffer et à tenir son rang habituel. Le coureur waeslandien avait pourtant l’air en forme lors des épreuves de préparation, mais le vent et la pluie en Italie ont eu raison de ses ambitions. Sur le GP E3, qu’il a rondement mené l’an dernier pour lancer son spectaculaire enchaînement de succès sur les Flandriennes, Van Avermaet aura cette fois la connaissance du terrain pour lui, ainsi qu’un punch inimitable sur les côtes abruptes. Il peut clairement faire la différence au fil des côtes, et même tenter de réduire le peloton le plus tôt possible.
Cela risque également d’être la technique de l’équipe Quick Step Floors pour permettre à l’un de ses coureurs, et très certainement Philippe Gilbert, de mener la fronde dans le final. Le Remoucastrien a été éliminé de la course au trophée sur Milan-Sanremo suite à la chute de Mark Cavendish (Dimension Data) avant le Poggio, mais il affirmait au terme de la classique italienne qu’il se sentait bien et aurait aimé jouer les premiers rôles. La déception peut donc se transformer en motivation pour Gilbert, deuxième l’an dernier, et décidé à jouer les premiers rôles de bout en bout sur ces classiques du Nord. À moins que l’équipe Lotto-Soudal vienne perturber les plans de ses adversaires en envoyant Tiesj Benoot rapidement aux avant-postes. Absent de la liste de départ de la Classicissima pour se concentrer sur le reste du printemps, le coureur de 24 ans a pris du galon depuis son succès épique sur le Strade Bianche, mais doit encore ajuster sa tactique pour éviter les erreurs commises sur le Circuit Het Nieuwsblad, durant lequel les coureurs de la Loterie Nationale ont été au turbin trop vite.
D’autres formations ne pourront pas bénéficier d’un collectif aussi imposant, mais elles ne manquent pas pour autant d’individualités qui pourront lutter pour le succès devant le stade Forestier d’Harelbeke. Notamment Sep Vanmarcke (EF Education First-Drapac), plutôt discret depuis ses offensives sur le Circuit Het Nieuwsblad. Il reste toutefois le spécialiste de ce type de courses, et veut surtout ôter son étiquette de “loser magnifique” en remportant enfin une classique de haut rang, six ans après sa victoire surprise sur le Circuit Het Nieuwsblad. Autre candidat belge, le champion drapé de noir-jaune-rouge Oliver Naesen (Ag2r-La Mondiale) a également montré son maillot tricolore aux avant-postes tant sur Paris-Nice que sur Milan-Sanremo, sans toutefois passer à l’attaque. Ces Flandriennes sont l’occasion pour lui de se dévoiler, de jouer la carte du leader. Et au vu de ses prestations l’an dernier et de sa condition physique excellente dès le début de l’année, il risque de reprendre place sur le podium. Mais attention à certains outsiders comme Michael Valgren (Astana), opportuniste vainqueur du Circuit Het Nieuwsblad et capable de prendre les roues qu’il faut pour feinter, comme Arnaud Démare (FDJ) ou Jasper Stuyven (Trek-Segafredo), autres candidats plus discrets.
La météo :
Si la pluie n’est pas annoncée durant cette journée de course dans les Ardennes flamandes, le temps sera particulièrement couvert avec des nuages éclipsant le soleil tout au long de l’après-midi. Les températures ne grimperont pas plus haut que 4 à 6°C. Le vent sera par contre violent avec des rafales de 30 à 45 km/h venant du sud. Le vent sera donc le plus souvent de côté durant les 200 kilomètres de l’épreuve.
Le mode d’emploi de la 61e édition du Grand Prix E3 Harelbeke :
Distance : 206,5 kilomètres
Départ fictif : 12h15 devant le Forestierstadion de Harelbeke, sur la Stasegemsesteenweg.
Départ réel : 12h21 sur la Gentsesteenweg à Harelbeke après 3 km en cortège.
Arrivée : vers 17h10 devant la Forestierstadion de Harelbeke, sur la Stasegemsesteenweg.
Les difficultés :
Côte 1 – Km 27,9 : Wolvenberg (666 m à 6,8%) – Passage vers 13h00
Secteur pavé 1 – Km 40,5 : Paddestraat – Passage vers 13h17
Côte 2 – Km 93 : La Houppe (3 440 m à 3,3%) – Passage vers 14h30
Côte 3 – Km 107,6 : Broeke (1 400 m à 4%) – Passage vers 14h51
Côte 4 – Km 117,7 : Knokteberg (1 530 m à 5,3%) – Passage vers 15h05
Côte 5 – Km 121,6 : Hotondberg (1 200 m à 4%) – Passage vers 15h10
Côte 6 – Km 128,7 : Kortekeer (1 000 m à 6,4%) – Passage vers 15h20
Côte 7 – Km 133,7 : Taaienberg (650 m à 9,5%) – Passage vers 15h27
Côte 8 – Km 140,0 : Boigneberg (2 180 m à 5,8%) – Passage vers 15h36
Côte 9 – Km 144,5 : Eikenberg (1 200 m à 5,5%) – Passage vers 15h42
Côte 10 – Km 149,9 : Stationsberg (460 m à 3,2%) – Passage vers 15h50
Côte 11 – Km 159,9 : Kapelberg (900 m à 4%) – Passage vers 16h04
Côte 12 – Km 164,8 : Paterberg (700 m à 12%) – Passage vers 16h10
Côte 13 – Km 167,6 : Vieux Quaremont (2 200 m à 4,2%) – Passage vers 16h14
Côte 14 – Km 175,4 : Karnemelkbeekstraat (1 530 m à 4,9%) – Passage vers 16h25
Côte 15 – Km 186,5 : Tiegemberg (1 000 m à 6,5%) – Passage vers 16h42
Palmarès :
2008 – Kurt-Asle Arvesen (Nor)
2009 – Filippo Pozzato (Ita)
2010 – Fabian Cancellara (Sui)
2011 – Fabian Cancellara (Sui)
2012 – Tom Boonen (BEL)
2013 – Fabian Cancellara (Sui)
2014 – Peter Sagan (Svq)
2015 – Geraint Thomas (G-B)
2016 – Michal Kwiatkowski (Pol)
2017 – Greg Van Avermaet (BEL)
Télévision :
– En direct dès 14h40 sur La Une (RTBF).
– En direct dès 14h15 sur Eén/Sporza (VRT)
– En direct dès 16h00 sur Eurosport 2.
Liste des partants : cliquez ici pour découvrir la liste des partants.
Les cartes et les profils de la course :
Graphiques et photos : E3 Harelbeke