Le sommaire
Le moment-clé
Tout le monde s’y attendait. Du moins, tout le monde s’attendait à cette image sur la ligne d’arrivée : Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) levant les bras au sommet du Mur de Huy. Il restait encore à savoir comment le Slovène allait s’imposer. Finalement, le coureur de 24 ans a décidé de la méthode la plus simple sur les routes mosanes : contrôler le peloton, accélérer pour éviter toute offensive et attaquer dans les 300 derniers mètres pour mettre le reste des favoris dans le rouge. L’équipe UAE Team Emirates a parfaitement maîtrisé cette classique, assurant le tempo tout au long de la journée. Si les autres équipes espéraient que les collègues de “Pogi” allaient se fatiguer, bien mal leur en a pris : ils étaient encore quatre autour du Slovène après la deuxième des trois ascensions du Mur de Huy. C’est dire la force collective de cette équipe.
Et dans ce Chemin des Chapelles si particulier, Pogacar a mené le train dès l’arrivée sur les pentes à deux chiffres de cette côte finale, et n’a finalement été débordé que par Romain Bardet (Team DSM) après le virage Claudy Criquielion. Pour finalement dépasser le Français à 250 mètres de l’arrivée, un peu plus loin que l’endroit où le quintuple vainqueur Alejandro Valverde avait l’habitude de placer son accélération. Son explosivité faisait la différence : il prenait rapidement quelques mètres sur Mattias Skjelmose (Trek-Segafredo) et Mikel Landa (Bahrain Victorious) et parvenait ainsi à conserver un avantage suffisant sur la ligne d’arrivée, malgré le retour du Danois et de l’Espagnol dans le replat final. Pogacar s’offre ainsi un doublé sur les Ardennaises, et rêve désormais d’une troisième victoire, sur Liège-Bastogne-Liège.
L’instant tactique
On aurait pu parler de l’offensive de Samuele Battistella (Astana Qazaqstan Team) et du local du jour, Louis Vervaeke (Soudal Quick Step) dans le dernier tour d’un circuit que personne d’autre ne voulait aborder en tête. Ou de l’échappée matinale de Søren Kragh Andersen (Alpecin-Deceuninck) et Georg Zimmermann (Intermarché-Circus-Wanty), solides puncheurs qui auraient pu aller encore plus loin s’ils avaient reçu un soutien supplémentaire de certains outsiders. On reviendra finalement sur la force des UAE Team Emirates, qui ont fait mal à la concurrence dans les derniers kilomètres de cette Flèche Wallonne.
Dès le pied de la côte de Cherave, Diego Ulissi et Marc Hirschi ont imprimé un tempo très rapide, alors que la pente est à 14%, pour éviter que tout coureur tente une accélération sur cette avant-dernière ascension de la journée. L’Italien a lancé ce sprint pour mettre tous les rivaux de Pogacar dans le rouge et éviter toute pression supplémentaire. Autant contrôler le peloton que poursuivre une éventuelle attaque. Face à un tel rythme, les outsiders sont restés dans les roues et personne n’a osé une offensive dans la vallée de la Meuse qui a suivi.
Dans cette même vallée, sur les cinq derniers kilomètres de la classique, les autres équipes ont alors décidé de jouer la carte de leur leader. Se replacer dans le peloton avant l’assaut final. Les UAE, eux, étaient déjà bien aux avant-postes et n’avaient pas besoin d’efforts supplémentaires pour mettre Pogacar en bonne place. Évidemment, c’est plus facile quand l’équipe compte déjà parmi les meilleurs puncheurs du peloton et est en pleine confiance, avec un leader qui enchaîne les attaques victorieuses. Mais il fallait encore exécuter le plan jusqu’au bout.
La statistique
2, comme le nombre de coureurs qui ont réussi à remporter, la même année, le Tour des Flandres et la Flèche Wallonne : Moreno Argentin (1990) et Tadej Pogacar (2023). Le Slovène fait même encore mieux en ajoutant l’Amstel Gold Race à son palmarès, alors qu’Argentin n’avait pu faire mieux qu’une quatrième place à Milan-Sanremo (comme Pogacar…) et une sixième place à Liège-Bastogne-Liège.
Les déclarations
Tadej Pogacar 🇸🇮 (UAE Team Emirates), vainqueur, via la RTBF : “J’ai tout donné sur ce Mur de Huy. C’était super dur… C’est une arrivée spectaculaire. Je pense que le travail de l’équipe a fait la différence. Cela me donne un boost de confiance quand l’équipe fait un tel travail. C’est top d’avoir de tels coureurs devant moi pour me protéger. Je dois terminer le travail, sinon cela ne sert à rien. À 20 km de l’arrivée, j’étais très nerveux, mais l’équipe m’a bien gardé à l’avant. J’ai même failli chuter dans le final, mais j’étais bien protégé finalement. Le plan était de contrôler dès le départ, aucune autre équipe ne voulait vraiment nous aider. Toute la course était sur nous. Mes équipiers étaient fatigués après avoir travaillé en tête durant près de 200 kilomètres. Mais cela a permis de rendre la course difficile, et cela m’a permis ensuite de faire la différence dans le Mur. Je ne me lasse jamais de passer la ligne d’arrivée en tête. J’en profite toujours, je suis tellement heureux de pouvoir profiter d’une telle forme actuellement. J’en profite tant que je peux. Liège-Bastogne-Liège sera très différente, avec des côtes plus longues. J’ai fait tout le printemps sur des ascensions plus courtes. Je suis en bonne forme, mais je pense que Remco (Evenepoel) revient d’un stage et d’autres coureurs auront des jambes plus fraîches. Ce sera l’une des courses les plus disputées de la saison”.
Mattias Skjelmose 🇩🇰 (Trek-Segafredo), 2e, via l’organisation : “Depuis l’année dernière, je savais qu’il fallait surtout une bonne position et ne pas bouger trop tôt dans le Mur de Huy. Nous avons pu le faire grâce à l’expérience de Bauke Mollema, il sait exactement à quel moment et comment il faut se positionner. Je suis resté dans sa roue, j’ai suivi ses conseils et ensuite quand ça a accéléré, j’ai tout donné jusqu’à la ligne d’arrivée. J’ai dit avant le départ que je serais content d’une deuxième place aujourd’hui et c’est le cas. Pogacar est incroyable, incomparable. Lorsqu’on est deuxième derrière celui qui est peut-être le meilleur coureur de tous les temps, on peut être content, spécialement à l’âge de 22 ans, ce qui signifie que j’ai encore une marge de progression.”
Mikel Landa 🇪🇸 (Bahrain Victorious), 3e, via l’organisation : “Je n’avais pas de plan, j’ai juste essayé de garder ma place au fil des kilomètres. L’idée, c’était de ne pas exploser pour être capable de pouvoir gérer y compris jusqu’aux 100 derniers mètres. Aujourd’hui, UAE avait une très forte équipe qui a contrôlé la course pour permettre à Pogacar d’arriver au pied du Mur de Huy dans les meilleures conditions. Ils ont réussi. (…) Bien sûr, on peut dire que c’est dur de terminer toujours derrière Pogacar ou Evenepoel. Mais c’est toujours pareil : quand je suis passé pro, j’avais toujours “Purito” (Joaquin Rodriguez), Valverde ou Contador pour me battre”.
Maxim Van Gils 🇧🇪 (Lotto-Dstny), 8e à 0:03 du vainqueur, via Lotto-Dstny : “Mes équipiers ont fait un bon travail pour me protéger, mais je n’avais pas vraiment le sentiment que j’espérais. Je n’étais pas dans la meilleure position quand nous sommes arrivés au pied du Mur. Mais j’ai quand même réussi à dépasser pour finir dans le Top 10. La Flèche Wallonne est un jeu d’attente, mais je peux vous dire que cela reste une course très difficile. (…) Nous avons encore montré que nous étions un bon duo avec Andreas (Kron) et cela nous donne encore plus de confiance pour Liège-Bastogne-Liège, dimanche, où j’espère finir le printemps sur une bonne note”.
Louis Vervaeke 🇧🇪 (Soudal Quick Step), 74e à 2:03 du vainqueur, via Wielerflits : “Je pensais qu’anticiper était possible cette année, mais peu d’équipes étaient motivées à l’idée d’attaquer. Si j’avais eu quarante secondes d’avance au pied du Mur de Huy, j’aurais pu croire en la victoire. Mais non, grimper le Mur de Huy en solitaire avec l’avantage que j’avais était du suicide. J’espérais quelqu’un puisse suivre mon offensive. (…) Je suis content de ma course. C’était une bonne motivation, car je n’avais pas couru depuis un mois. Je pense que je peux encore faire mieux”.
Le résumé en vidéo
Les résultats
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