Maxime Monfort : “On a une confiance qui vient du haut donc ça nous met dans une bonne ambiance de travail”

Lotto-Dstny connait un début de saison très prometteur avec 5 victoires et une 8e place au ranking UCI. L’équipe descendue en ProTeam cette année semble avoir trouvé une nouvelle dynamique sous la direction de Stéphane Heulot. Maxime Monfort , directeur sportif et performance manager de l’équipe Lotto-Dstny, nous partage son regard sur le début de saison de l’équipe.
Lotto-Dstny - Maillot 2023 - Arrière
Photo : Lotto-Dstny/Maxime Van der Wielen
Rémy Rucquoi : Votre équipe a obtenu une 16e place à Milan-Sanremo avec Caleb Ewan, comment est-ce que vous avez vécu la course ?

Maxime Monfort : On est déçu, mais avec les armes qu’on avait, on ne pouvait pas faire grand-chose par rapport aux circonstances. Je pense que même si tout avait été parfait pour nous, on ne pouvait pas suivre les quatre devant. Arnaud (De Lie) n’était pas à 100%, Caleb était à un très haut niveau, mais il n’a rien pu faire face à ces coureurs-là. 

Vous êtes plutôt satisfait du début de saison de l’équipe ?

Oui, ça se passe bien, il y a eu beaucoup plus de hauts que de bas. Des bas, il y en a toujours même dans les plus grandes équipes, on est à un très bon niveau. On est 8e au classement UCI, on tient vraiment notre rang et nos objectifs. L’équipe tourne bien et l’avenir proche est plutôt serein. Au niveau des points, on n’est vraiment pas mal. On parle de nous, on fait des courses attractives donc c’est bien. 

On sent l’équipe plus entreprenante cette année, c’est dû à quoi ? 

On n’arrive pas à un résultat comme ça sans travail, c’est réellement un travail à long terme qui paye petit à petit et maintenant, on en voit les résultats. C’est une nouvelle mentalité, il y a plus de sérénité aussi je trouve, et on a des coureurs qui grandissent personnellement, mais aussi autour d’Arnaud. Donc ça amène beaucoup de choses positives. 

Au niveau tactique cette année, vous allez rouler pour un seul leader ou vous allez tenter d’accumuler les points avec plusieurs coureurs ? 

On ne roule pas vraiment pour les points, il faut évidemment les prendre, mais jamais on n’a privilégié les points. On a toujours fait des courses attractives et les points, oui, ça compte, mais quand on fait des belles courses et qu’on est présent, après les points tombent. Pour vous donner un exemple, dans un sprint, au lieu de tenter de mettre trois mecs dans le top 10, on préfère en utiliser deux pour en faire gagner un. On aura toujours cette philosophie plutôt que d’assurer les points. 

Y a-t-il eu des changements pratiques dans la préparation et les entraînements depuis l’arrivée de Stéphane Heulot ?

Oui, on a maintenant trois entraîneurs qui travaillent pour l’équipe exclusivement. Le staff au niveau de la nutrition a été renforcé aussi. On a une manière plus professionnelle d’aborder les choses. Les deux grands axes, c’est l’entraînement et la nutrition qui se sont professionnalisés l’hiver passé. 

Votre rôle a un peu changé avec Stéphane Heulot, le nouveau CEO ? 

Non, mon statut est exactement le même et ça se passe plutôt bien. Avec Stéphane Heulot, on peut vraiment faire notre job. On a vraiment une confiance et ça fait un gros changement quand même. 

Il y avait moins de confiance avant ?

Je n’ai pas envie de m’embarquer sur ce terrain-là parce que ça va m’attirer des problèmes. Je préfère parler du présent et on va dire qu’il y a une bonne ambiance, le groupe de directeurs sportifs fonctionne très bien ensemble. On a une confiance qui vient du haut, donc ça nous met dans une bonne ambiance de travail. Et c’est sans doute ce que les gens voient à la télé, avec une équipe plus entreprenante, plus relax, avec une ambiance qui apparait aussi être assez sympa, ça vient de  aussi.

Est-ce que la descente en tant que ProTeam est au final un avantage pour l’équipe dans l’élaboration du calendrier ?

Oui c’est la bonne chose, mais dans l’ensemble c’était quand même une déception de descendre au niveau inférieur. Ne serait-ce que pour l’image de l’équipe, pour le sponsor et pour le prestige aussi. Il y a aussi une perte financière. Mais oui le bon côté, c’est qu’on peut se donner un peu d’air à gauche à droite et ça nous fait beaucoup de bien. 

Quel rôle vous donnez à l’équipe de développement par rapport à l’équipe professionnelle ? Un programme spécifique est-il prévu pour chaque espoir ou ceux-ci vont-ils être intégrés à l’équipe pro en fonction de la forme du moment comme pour Tijl de Decker ?

On aimerait bien avoir un programme spécifique pour les jeunes quand ils intègrent l’équipe pro, mais en pratique c’est pas toujours évident. Pour le moment, c’est un peu cinquante cinquante, il y en a qui font les bouche-trous et il y en a à qui on essaye de donner un programme avec les pros à plus long terme. La tendance est quand même d’aller vers quelque chose de beaucoup plus professionnalisé pour les jeunes avec un programme fixe à long terme. On découvre cette collaboration avec l’équipe de développement, c’est la première fois en fait qu’ils peuvent intégrer l’équipe pro et en pratique, ce n’est pas si évident que ça d’élaborer des choses vraiment concrètes parce qu’il y a toujours des malades et des blessés. Fonctionner à long terme ce n’est pas évident. À court terme, ça va mais sur deux, trois mois d’avance, ce n’est pas simple de respecter tout ce qu’on pourrait mettre en place sur papier. 

Quels sont les objectifs qui arrivent cette saison ? 

Chaque course est un objectif en fait. On a beaucoup travaillé sur les programmes pendant l’inter-saison. On essaye vraiment d’avoir des leaders sur chaque course, on ne va jamais sur une course sans ambition et chaque course est importante. Donc chaque course qui arrive dans les prochaines semaines, on a de l’ambition avec différents coureurs, on voudrait marcher partout et j’espère que ce sera le cas. 

Qu’espérez-vous au Tour de Catalogne par exemple ?

En Catalogne, on va aller jouer les étapes avec Kron et Van Gils et on va aller jouer le général avec Moniquet et peut-être Van Eetvelt qui va vivre sa première expérience sur une course World Tour. Donc ça peut être vraiment intéressant. 

De quoi Arnaud de Lie est-il encore capable cette année ?

Arnaud a déjà montré beaucoup de choses, il sort d’une période un peu moins faste après Paris-Nice et Sanremo, mais je suis assez confiant pour les prochaines semaines et la suite de la campagne des classiques. Personne ne sait de quoi il est capable. Je crois qu’il a étonné pas mal de monde, et nous y compris, en début d’année avec ses trois victoires et une progression assez énorme. Donc je ne sais pas ce qu’on peut attendre de lui pour la suite, mais ça va sans doute être des belles choses. 

À plus long terme, vous visez le retour en World Tour ?

Clairement, quand on est redescendu, on s’est dit que ce n’était qu’un passage de trois ans et puis on va remonter. Évidemment, ça passe déjà par assurer la wild card chaque année et puis être de retour en World Tour dans trois ans. C’est clairement l’objectif annoncé. 

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