« Pour être honnête, cette arrivée sur le Mur de Huy, je la déteste autant que je l’aime » : la déclaration émanait à la veille du départ du Tour de Wallonie d’un certain Julian Alaphilippe, dans La DH. Double champion du monde et triple vainqueur de la Flèche Wallonne. Le coureur français se voulait prudent malgré sa succession de bouquets sur le sommet mosan, préférant rappeler son manque de repères depuis sa chute sur Liège-Bastogne-Liège et sa seule compétition depuis lors, le championnat de France, en juin dernier.
Au matin de la première étape du Tour de Wallonie, Alaphilippe répétait ce manque de compétition qui peut lui causer du tort, même sur une arrivée qu’il connaît par coeur. « C’est ma première course depuis une longue période. C’est chouette d’être de retour. Je risque toutefois de manquer de rythme de course : je ne sais pas du tout ce que ça va donner. Si je suis à 100%, c’est une arrivée qui me correspond bien, mais ce sont les jambes qui décident. Et c’est différent de la Flèche Wallonne », rappelle le porteur du maillot irisé, attraction du jour avec l’Erythréen Biniam Girmay (Intermarché-Wanty-Gobert) et le champion de Belgique Tim Merlier (Alpecin-Deceuninck), les plus applaudis au départ de Temploux.
« Rendre la course la plus dure possible »
Et pourtant, qui retrouve-t-on au sommet du Mur de Huy ? Un maillot arc-en-ciel, le doigt vers le ciel et le sourire aux lèvres. Malgré l’effort violent d’une double ascension du Mur en trente kilomètres. « Je suis venu avec un certain état de fraîcheur, une sacrée envie. J’avais toutefois une certaine incertitude. J’espère désormais que ça va continuer jusqu’à la fin de saison », se réjouit Julian Alaphilippe, applaudi à tout rompre par un public moins nombreux mais tout aussi bruyant que lors d’une arrivée de la Flèche Wallonne. Le champion du monde a surtout tenté de faire ce qu’il fait de mieux : rendre la course la plus dure pour se faire la malle quand le reste du peloton est dans le rouge. « Dans le final, j’ai demandé à l’équipe de durcir, à Tim (Declercq), à Davide (Ballerini) et Dries (Devenyns) de rendre cela le plus dur possible avant le Mur. Le positionnement allait ensuite être le plus important, et bien sûr les jambes », commente le vainqueur du jour.
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L’approche était en effet différente de la Flèche Wallonne avec une côte à quatre kilomètres du but, des routes sinueuses et une courte descente avant un virage à 90 degrés pour atteindre le pied du Mur de Huy et ses 800 derniers mètres. « Dès qu’on est arrivé au pied du Mur final, j’ai fait comme à la Flèche Wallonne, je me suis concentré sur le positionnement et la gestion de l’effort, ni trop tôt, ni trop tard. J’ai remarqué au tour précédent que l’arrivée était un peu plus lointaine que sur la Flèche Wallonne, donc cela a joué un petit peu », raconte le Français. « C’était le scénario idéal pour moi : une course dure, un bon positionnement au pied du Mur de Huy et bien sûr, des bonnes jambes. Quand j’ai vu Aranburu lancer son sprint à quasiment 300 mètres de la ligne, c’était bien vu de sa part, mais je savais que c’était un peu loin. Je l’ai laissé partir sans que l’écart se creuse trop et à la fin, je savais que j’avais encore de quoi produire un effort violent dans les 150 derniers mètres. C’est comme ça que j’ai pu revenir sur lui et le dépasser. C’est un retour idéal pour moi ».
Uijtdebroeks : « Souffrir jusqu’à la ligne »
Julian Alaphilippe s’impose devant deux autres solides puncheurs, Alex Aranburu (Movistar), bloqué par son attaque après le virage Claudy Criquielion, et Robert Stannard (Alpecin-Deceuninck). Lorenzo Rota (Intermarché-Wanty-Gobert), Guillaume Martin (Cofidis), Greg Van Avermaet (Ag2r Citroën Team) ou encore Cian Uijtdebroeks (Bora-Hansgrohe) obtiennent également une place dans un Top 10 relevé qui témoigne de la brutalité de l’effort sous un soleil tapant à 26 degrés sur les pentes du Chemin des Chapelles. Le Hannutois Uijtdebroeks, justement, s’est surpris avec cette dixième place sur ses routes d’entraînement, lui qui n’estime pas le Mur comme une côte qui lui convient. « Je ne sais pas comment j’ai fait, je me suis retrouvé devant avant le dernier kilomètre. Ensuite, c’était juste souffrir jusqu’à la ligne », sourit le néo-pro de 19 ans à peine.
« J’ai juste fait une erreur à l’extérieur du dernier virage avant le Mur, mais ensuite, j’ai sprinté jusqu’au-dessus. (…) Le Mur en course, c’est très dur. Cela semble durer une éternité. Je suis quand même content, je ne pouvais pas aller beaucoup plus vite », ajoute-t-il, toujours souriant. Car Cian Uijtdebroeks sait qu’il souhaite surtout se construire pour l’avenir : « Demain, le profil me convient un peu mieux. Mais j’aimerais surtout devenir un peu plus fort et ne pas perdre trop de temps dans des côtes comme le Mur. Cela peut m’aider pour jouer des classements généraux à l’avenir », dit-il, conscient que ce Tour de Wallonie est aussi l’occasion de se faire la main sur des parcours relevés face à des pelotons de haut niveau. Alors jouer une telle étape contre Alaphilippe notamment, cela ne peut que bien former !
Résultats de la 1re étape du Tour de Wallonie (Temploux > Huy, 174.4 km) :
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