Intermarché-Wanty-Gobert poursuit son printemps de rêve sur Paris-Roubaix : “On est toujours le Petit Poucet et on s’amuse toujours autant”

Avec cinq hommes dans le Top 20, dont une 4e et une 6e places, Intermarché-Wanty-Gobert réalise un Paris-Roubaix d’anthologie !
Tom Devriendt Matej Mohoric - Pavés Paris-Roubaix 2022 - ASO Pauline Ballet
Le Belge Tom Devriendt (Intermarché-Wanty-Gobert) dans la roue du Slovène Matej Mohoric (Bahrain Victorious) sur le secteur de Mons-en-Pévèle, sur Paris-Roubaix – Photo : ASO/Pauline Ballet

Quatrième, sixième, douzième, seizième et dix-neuvième de Paris-Roubaix : l’équipe belge Intermarché-Wanty-Gobert a de nouveau réalisé une grande prestation collective sur les pavés du Nord grâce à Tom Devriendt, Adrien Petit, Alexander Kristoff, Taco van der Hoorn et Andrea Pasqualon. Une œuvre qui ne doit rien au hasard, rappelle le patron Jean-François Bourlart, encore plus ému qu’à l’habitude ce dimanche.

Dans la lutte pour le WorldTour, qui s’annonce bien plus rude qu’à l’accoutumée sur le plan sportif suite aux nouvelles règles de l’Union Cycliste Internationale (UCI), à savoir que seules les 18 meilleures équipes au classement UCI de ces trois dernières années pourront accéder à la première division, l’équipe Intermarché-Wanty-Gobert s’annonçait, comme à son arrivée au plus haut niveau, comme la petite formation qu’il serait aisé de laisser pour compte. Et pourtant, depuis le 1er janvier, l’équipe belge a déjà enchaîné six victoires dont une classique du WorldTour (Gand-Wevelgem) et enchaîne les places d’honneur qui permettent d’engranger des points importants dans cette lutte. À tel point qu’Intermarché-Wanty-Gobert était, début avril, dans le Top 13 du classement UCI.

Devriendt : « Ce n’était pas un jour en enfer »

Les résultats enregistrés ce dimanche sur Paris-Roubaix permettent encore à la formation belge de se montrer comme la valeur sûre du printemps. La surprise est évidemment venue de Tom Devriendt. Faute d’échappée matinale, le coureur belge est parvenu à attaquer avec Matej Mohoric dans les 100 derniers kilomètres pour finalement s’accrocher au fil des groupes de poursuivants pour terminer quatrième ! Dans l’échappée avec Mohoric, il voulait que je prenne des relais plus puissants. Mais je devais encore songer à la suite », sourit le Flandrien de 30 ans, qui a fait toute sa carrière professionnelle chez Jean-François Bourlart. « Personnellement, l’objectif était d’être aujourd’hui à l’avant et de tenter ma chance. C’est ce que j’essaye sur chaque course. Et sur Paris-Roubaix, la situation a été parfaite. (…) Je n’aurais jamais cru que je pouvais réaliser une telle course. Pour moi, ce n’était pas un jour en enfer. J’ai juste continué à rouler tant que je pouvais… Quand Van Aert et Küng sont revenus sur moi, j’ai tout donné… » Avec le plaisir d’une place d’honneur, sa meilleure prestation sur une classique.

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Petit : « J’ai cru que c’était terminé dès le départ »

Enfant du pays, Adrien Petit a réalisé pour sa onzième participation à Paris-Roubaix son meilleur résultat sur sa classique de cœur : une sixième place, en tête du deuxième groupe de poursuivants. Et pourtant, le coureur d’Arras a dû cravacher : “J’ai eu la grippe il y a deux semaines, je n’avais aucune sensation au Tour des Flandres alors que je me sentais bien sur Gand-Wevelgem, une semaine avant. J’ai essayé de rester concentré malgré tout et de faire de grosses séances à l’entraînement. Jeudi, lors de la reconnaissance, j’ai encore fait 200 kilomètres avec tous les secteurs pavés. Je me suis forcé à rester sur le haut du pavé pour me “rentrer dedans”. Cela a payé aujourd’hui”, raconte-t-il.

 

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S’il connaît par cœur ces routes qu’il parcourt depuis sa prime jeunesse, le Français de 31 ans a dû se mettre dans le rouge assez vite sur ce Paris-Roubaix le plus rapide de l’histoire. “Le début de course était rude. J’ai cru que ma course était terminée dès le départ, avec cette cassure”, explique-t-il calmement. “J’avais pourtant de très bonnes jambes, je voulais rester concentré, à l’économie en début de course. J’étais déçu… Mais quand on est rentré à Haveluy, j’ai remobilisé toute l’équipe pour qu’on soit bien placé avant la Trouée d’Arenberg. Je sors d’Arenberg en troisième position, ça m’a donné confiance pour la suite”. Ils sont même six coureurs d’Intermarché-Wanty-Gobert dans les 30 premiers du peloton, confirmant la bonne condition de tout un effectif mobilisé sur ces pavés si particuliers. Mais la guigne ne s’arrêtait pas là pour Petit : “J’ai eu une crevaison à la deuxième zone de ravitaillement, cela m’a un peu fusillé les pattes (sic). Heureusement qu’il y avait les voitures des équipes derrière pour me permettre de revenir sur le peloton au moment opportun”.

« J’étais à bloc »

Adrien Petit ne s’attendait toutefois pas à devoir mettre le turbo aussi rapidement : “J’étais à la base prévu pour travailler pour Alexander (Kristoff). Dans le secteur d’Orchies, j’ai vu que la Jumbo-Visma allait lancer quelque chose. Je me suis mis à bloc pour suivre ce groupe de favoris. J’ai ensuite eu du mal quand Wout van Aert a attaqué dans Mons-en-Pévèle. J’étais à bloc, j’avais des crampes… Au niveau de Mons-en-Pévèle, je me suis dit : ‘ça y est, ma course est finie, je vais tout perdre ici’. J’ai finalement réussi à me ressaisir et à conserver un bon rythme pour obtenir un Top 10”, conclut le Français. “Adrien Petit est un grand coureur, il a besoin de confiance et d’une bonne atmosphère. Dans un groupe qui fonctionne bien, il a pu tirer son épingle du jeu avec Tom Devriendt et il l’a bien fait. C’est une course qui lui convient. Pour moi, Adrien est un des très bons choix qu’on a fait ces dernières années”, commente pour sa part le patron d’Intermarché-Wanty-Gobert, Jean-François Bourlart.

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Bourlart : « Un peu sous-évalué »

Le fondateur et manager de la formation WorldTour affichait évidemment un large sourire sur le vélodrome roubaisien, au milieu d’autres visages heureux, cachés par une poussière noire. “Sur Paris-Roubaix, le secret est d’avoir toujours quelqu’un à l’avant. Aujourd’hui, c’était Tom Devriendt par exemple. On espérait un podium avec Alexander Kristoff. Mais Paris-Roubaix, c’est Paris-Roubaix”, explique-t-il. Et quand les médias français lui demandent s’il ne ressent pas un jugement de la part de la presse et des adversaires, Jean-François Bourlart sait que son groupe ne va pas rivaliser avec un certain peloton, mais cela n’empêche pas les résultats. “Évidemment que notre équipe est un peu sous-évaluée. On est le Petit Poucet, le dernier arrivé. Mais on a beaucoup d’idées, les personnes qu’il faut aux bons postes et finalement, cela fonctionne bien. Quand on regarde les budgets d’équipes comme INEOS, on est certainement sous-évalué, mais on a des coureurs de qualités, qui ont un gros cœur, dans une atmosphère qui fait qu’on a des résultats. Le but chez nous est de prendre du plaisir. Là, par exemple, on va prendre une bière dans le bus avec les coureurs. Les coureurs qu’on engage, ce sont des coureurs qui ont un cœur, c’est aussi à cela que je regarde. Ce ne sont pas des mercenaires, des gars qui courent après le pognon. C’est important”, lance-t-il.

« Tout le monde tire tout le monde vers le haut »

Dans sa verve habituelle, le manager explique cette vague positive par “une extra motivation” : “C’est cette motivation supplémentaire qui irrigue tout le groupe pour permettre à tout le monde d’être tiré vers le haut. C’est une motivation qui ne date pas de cette saison : cela vient de notre histoire. On tente de conserver une atmosphère familiale, tout en essayant de professionnaliser la structure au maximum. C’est moi qui aie créé la structure à l’époque puis-je me suis entouré de gens avec de l’expérience comme Hilaire (Van der Schueren), Maxime (Segers), Aike (Visbeek), Valerio (Piva)… On a beaucoup travaillé sur l’encadrement et tout l’aspect médical. Je pense qu’aujourd’hui, on a une belle équipe pour le WorldTour”, rappelle-t-il. “On est toujours la petite équipe et on est fier de l’être. Mais on s’amuse toujours autant, on a une chouette ambiance, tout le monde tire tout le monde vers le haut et cela se ressent”. Jean-François Bourlart raconte ainsi la disparition de son père ce samedi : “Les gars ont couru pour lui aujourd’hui”, dit-il, ému.

Et Intermarché-Wanty-Gobert compte bien encore briller ces prochaines semaines, au-delà des classiques du Nord. “Nous n’avons pas qu’un bon groupe pour les Flandriennes”, annonce le patron. “Il y a aussi une bonne équipe qui s’annonce, notamment pour le Giro, une course que l’équipe aime rouler. Rota et Zimmermann, qu’on n’a pas encore vu, mais aussi Meintjes, qui a fini deuxième au Tour de Sicile, sont des coureurs qui peuvent faire de belles choses. On a pris des points et on a réalisé un très beau début de saison. Mais il y a une autre équipe qui arrive pour le reste de la saison”. Ainsi que le retour de Girmay sur le GP de Francfort puis sur le Giro. Bref, le Petit Poucet a encore des talents à faire valoir !

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