Les Bingoal WB Ladies toujours en apprentissage au Samyn : “Il y a encore beaucoup de travail”

Les Bingoal WB Ladies poursuivent leur deuxième saison entre les courses de clubs et pros. L’apprentissage prend toutefois du temps, comme le confirme la dernière édition du Samyn des Dames.
Bingoal WB Ladies - Le Samyn des Dames Départ - Ludivine Henrion
Les Bingoal WB Ladies au départ du Samyn des Dames, ce 1er mars 2022 – Photo : Bingoal WB Ladies

La Beaurinoise Fiona Mertens et la Bruxelloise Éleanor Wiseman ont été les deux seules représentantes du club Bingoal WB Ladies à conclure leur deuxième Samyn des Dames dans le second peloton. Une performance pour ces cyclistes en apprentissage permanent qui découvrent le monde professionnel par intermittences depuis une saison à peine. La responsable du projet féminin francophone Ludivine Henrion espère toutefois voir une progression plus flagrante dans les prochains mois.

Les yeux rougis par l’effort, le teint usé, Fiona Mertens et Éleanor Wiseman débriefent d’une course usante devant leur patronne Ludivine Henrion, tout juste revenue de sa cabine de commentaires sur la ligne d’arrivée. “Je n’ai pas compris après ma chute sur un ballot de paille… Cela chutait de partout, j’ai passé mon temps à revenir”, lance Fiona Mertens. “Pareil, il fallait des yeux partout. J’ai perdu beaucoup d’énergie à chaque fois. Pourtant, j’avais des bonnes jambes”, répond Éleanor Wiseman. “Tu perds de l’énergie parce que tu te mets trop dans le vent. C’est aussi avec le positionnement que tu conserves du jus”, réplique Ludivine Henrion.

La conversation révèle la frustration qui peut émaner de ce type d’expérience pour la jeune équipe Bingoal WB Ladies, club belge francophone destiné à propulser les femmes de Wallonie et de Bruxelles vers le cyclisme professionnel. Un groupe d’une trentaine de femmes jusqu’ici amatrices auquel vient s’ajouter au fil des mois des jeunes qui ont progressé de catégorie de jeune en catégorie de jeune. Avec un programme composé de kermesses, de courses amateurs, de compétitions entre clubs belges et de courses professionnelles (comme cette participation au Samyn des Dames).

« Un honneur »

“C’est toujours un honneur de prendre le départ d’une telle course contre le gratin mondial et les grandes équipes du WorldTour”, confiait au départ du Samyn Éleanor Wiseman, tout juste auréolée d’une 19e place sur le championnat du monde d’e-cyclisme sur Zwift. “Évidemment, il y a une différence entre un championnat du monde virtuel et une course sur les pavés. Mais le Top 10 que j’ai pu réaliser sur Zwift me donne de la confiance. C’était une belle expérience et cela donne un petit boost pour le début de la saison. La forme va bien, mais d’autres challenges nous attendent sur une telle course : le positionnement, les difficultés… ”

Les Bingoal WB Ladies avaient déjà pris le départ du Samyn en 2021 et trois d’entre elles avaient terminé, dans le dernier peloton à près de 10 minutes de Lotte Kopecky. Cette année, deux représentantes dans le deuxième peloton, à moins de cinq minutes d’Emma Norsgaard, et une troisième en lanterne rouge à plus d’un quart d’heure. Des résultats qui ne satisfont pas totalement Ludivine Henrion au vu du scénario de cette course, qui s’est décantée lors des deux circuits locaux autour de Dour.

« Un bilan assez moyen »

“Je dois encore débriefer avec les filles, mais je trouve que le bilan est assez moyen”, confie l’ex-championne de Belgique. “Je trouve qu’on aurait pu avoir au moins une ou deux représentantes dans le premier peloton à la cloche annonçant le dernier tour (NDLR : seules Mertens et Wiseman étaient encore dans le deuxième peloton à ce moment-là). Je ne pense pas que c’était possible d’accrocher le premier groupe à l’arrivée, on ne devait pas être trop ambitieux, mais on pouvait envisager d’être dans les 50 premières. Et si on veut prétendre à un cap supérieur, on doit au moins avoir une fille à l’avant à 25 kilomètres de l’arrivée. Or, ici, j’ai l’impression qu’on est au même niveau que l’an passé. On a encore une saison pour apprendre et continuer à progresser. Mais je pense qu’aujourd’hui, on n’a pas une grosse évolution par rapport à l’année dernière.”

Fiona Mertens, 105e à 9:40 de la vainqueure en 2021 et désormais 71e à 4:25 en 2022, se voulait moins sévère. “J’étais très souvent à la limite, on sent qu’il y a un très gros niveau à l’avant. Mais je trouve que je me suis améliorée par rapport à l’an dernier”, estime-t-elle dans L’Avenir. Ce sont le positionnement et l’expérience dans le peloton qui reviennent souvent comme les points à améliorer pour ces cyclistes peu habituées à ces courses intenses. “Je les ai vues deux, trois fois dans les premiers kilomètres et beaucoup étaient à l’arrière alors que d’autres étaient au milieu du peloton. Mais dans une course comme celle-ci, à l’entrée des pavés, on doit être dans les vingt premières si on veut rester dans le premier groupe”, analyse Ludivine Henrion. “Il n’y a rien à faire : les filles en tête font du vélo depuis l’âge de 10, 12 ans, alors que dans l’équipe, on a des filles qui ont commencé à 20 ans. Et on n’apprend pas à 20 ans la même chose que dans les catégories de jeunes. Ce sont des étapes à franchir.”

« Faire des kilomètres à l’avant »

Le collectif se construit doucement, mais là encore, le travail au fil des courses sera nécessaire pour envisager une solidarité en plein effort. “Les filles se connaissent après un an ensemble. On a fait pas mal d’entraînements collectifs, notamment suite au Covid. Elles ont envie de travailler et de grandir ensemble, c’est le premier pas à faire pour évoluer. On ne parle pas encore de tactique collective entre les filles : dans les courses comme aujourd’hui, le but était clairement de survivre. Je leur ai dit d’essayer de rester un maximum de temps ensemble durant la course, pour mieux se protéger. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire”, confirme Ludivine Henrion. “Les courses de niveau inférieur restent indispensables à mon sens pour progresser, pour vraiment aller à l’attaque, pour faire des kilomètres à l’avant”.

C’est l’ambition de ces prochains mois. Les Bingoal WB Ladies vont enchaîner en mars et avril des courses au niveau amateur, mais pas seulement. Ludivine Henrion fixe comme principaux objectifs des résultats probants sur les courses de la Women Cycling Series, la Coupe de Belgique des clubs, comme le Wim Hendirks Trofee le 27 mars ou le Trophée Maarten Wynants le 8 mai, mais aussi sur des courses UCI comme le GP Oetingen, À Travers la Flandre ou encore le premier GP de l’Escaut féminin. Sans oublier l’équipe des juniores, lancée cette saison et qui compte aujourd’hui huit cyclistes des quatre coins du sud du pays, prêtes à former l’avenir du cyclisme féminin belge francophone.

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