À l’aube des championnats d’Europe en Italie (la semaine prochaine) et des championnats du monde en Flandre (dans trois semaines), le Benelux Tour se dévoilait comme une répétition idéale, entre les routes bordées par le vent et les enchaînements de côtes. L’épreuve a finalement tourné à la démonstration collective des Bahrain Victorious pendant que les leaders belges couraient en poursuite, sans trouver la bonne formule face au duo Sonny Colbrelli-Matej Mohoric.
Colbrelli, Mohoric, Wright… : Bahrain Victorious partout
C’était attendu : le classement général du Benelux Tour s’est décidé sur les deux dernières étapes du Benelux Tour, tracées l’une dans les Ardennes wallonnes, l’autre dans les Ardennes flamandes. Le contre-la-montre d’une dizaine de kilomètres dans la néo-cité de Lelystad, aux Pays-Bas, ne servait que d’échauffement pour les puncheurs décidés à faire sauter les purs rouleurs dès les premières pentes aiguës de ce Benelux Tour. Le leader du général au soir de ce chrono, Stefan Bissegger (EF Education-Nippo) sautait dès l’étape limbourgeoise de Bilzen, alors que Stefan Küng (Groupama-FDJ), son successeur, suffoquait dans les côtes de Houffalize.
Encore fallait-il déterminer la bonne offensive pour récupérer cette position de numéro 1 au classement général. Et à ce jeu physique, l’équipe Bahrain Victorious y additionnait la carte tactique. Alors que Matej Mohoric partait en éclaireur sur le premier passage du Mur Saint-Roch, avec Sonny Colbrelli dans la roue, Colbrelli enchaînait dès le retour des favoris sur son équipier slovène. Et le champion d’Italie y confirmait sa force dans les côtes, révélée sur le récent Tour de France. Le sprinter-puncheur ne perdait rien face à des rivaux trop éparpillés, ou du moins incapables de faire preuve de solidarité dans la poursuite. Et voici comment récupérer la tunique bleue de leader du Benelux Tour, devant son équipier Mohoric en prime. Un sacré doublé.
Un doublé que l’équipe Bahrain Victorious répétait le lendemain, dans le désordre. Cette fois, Mohoric enchaînait les bonnes offensives sur les deux derniers passages du Mur de Grammont pendant que Colbrelli jouait son rôle d’équipier à la perfection, sautant dans la roue de tous les rouleurs qui osaient poursuivre le champion de Slovénie. Les deux hommes étaient clairement les plus forts de ce week-end, et parvenaient ainsi à réaliser un nouveau doublé sur les pentes de Grammont. Mohoric célébrait, Colbrelli levait les bras également, en deuxième position, pendant que Fred Wright, jeune équipier-modèle durant ces deux derniers jours, finissait encore cinquième pour compléter le succès collectif des orange et noir.
«On a eu de bonnes possibilités tactiques sur cette dernière étape. Je savais qu’il valait mieux être offensif sur un tel parcours, c’est pour cela que j’ai décidé de relancer dans le dernier passage du Mur de Grammont, plutôt qu’attendre avec Sonny dans le premier peloton. Je me sentais assez fort pour y aller seul», explique Mohoric, heureux d’avoir confirmé sa forme du moment par un cinquième succès cette saison. Il semblait même possible que le Slovène aille chercher une deuxième victoire finale (après son succès en 2018) vu son avantage. «Je ne songeais pas au maillot de leader, car l’avance de Sonny était solide. Il avait quand même 52 secondes d’avance. Cela se joue parfois aux bonifications, mais aujourd’hui, on essayait surtout que personne d’autre ne file pour le kilomètre en or. Finalement, à la fin, nous réussissons le doublé, encore une fois, avec l’étape et le général. C’est parfait», confie au micro de Sporza le coureur de 26 ans. Tout va bien pour l’équipe du Bahreïn, qui a signé en Belgique son 25e succès de l’année, le 17e depuis juin !
Dumoulin est bien de retour
Sixième du court contre-la-montre de Lelystad pour son retour sur un vélo de chrono depuis sa médaille d’argent aux Jeux Olympiques, le Néerlandais Tom Dumoulin démontrait déjà une condition ascendante sur ce Benelux Tour. Toujours bien placé avec son équipier Mike Teunissen sur les étapes les plus ardues de l’épreuve, le Limbourgeois affichait même un tempérament offensif tant du côté de Houffalize, que sur la route vers Grammont. Son audace n’a pas été récompensée, mais il parvient tout de même à conclure cette semaine avec une troisième place sur l’étape finale et une place dans le Top 10 au général.
“Je suis content. Je voulais à nouveau faire la course. J’ai un bon sentiment sur cette épreuve, et cela me donne confiance en vue des prochaines échéances comme les championnats du monde et le Tour de Lombardie. Ma condition de base est encore limitée, il n’est donc pas surprenant que j’ai connu des crampes à la fin de la 6e étape (vers Houffalize)”, rapporte Tom Dumoulin, de nouveau en confiance et avec bonheur sur le vélo, lui qui annonçait en début d’année une pause à la durée indéterminée pour éviter le burn-out. Désormais concentré sur des objectifs précis, sans pression, Dumoulin se refait la cerise avec plaisir. Ce qui est finalement le principal.
Merlier se fait une place en vue des Mondiaux
Au départ de ce Benelux Tour, le plateau de sprinters pouvait clairement s’imaginer sur un Grand Tour. Phil Bauhaus (Bahrain Victorious), Alvaro José Hodeg (Deceuninck-Quick Step), Fernando Gaviria (UAE Team Emirates), Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), Mads Pedersen (Trek-Segafredo), Caleb Ewan (Lotto-Soudal) ou encore Dylan Groenewegen (Jumbo-Visma)… Mais devant ces grands noms, le N°1 belge du sprint a encore frappé. Tim Merlier (Alpecin-Fenix), déjà vainqueur à sept reprises avant ce Benelux Tour, a ajouté deux nouveaux succès à son palmarès, grâce à deux sprints puissants. En force sur la première étape vers Dokkum après une journée dans les bordures. En souplesse sur la quatrième étape vers Ardooie, en raison des chemins étroits et sinueux choisis pour rallier la ligne d’arrivée. Merlier confirme ainsi sa pointe de vitesse, mais aussi ses qualités en tête du peloton, qui pourrait faire de lui un bon sprinter de secours sur les prochains championnats du monde à Louvain. Le Belge a démontré sa condition, il reste désormais à savoir s’il entrera dans les plans tactiques du sélectionneur fédéral Sven Vanthourenhout.
Campenaerts frappe fort
Autre candidat à la sélection belge, le rouleur belge Victor Campenaerts (Team Qhubeka-Next Hash) a confirmé sur ce Benelux Tour sa mue entamée en début de saison, en tant que puncheur-chasseur de classiques. Que ce soit vers Houffalize ou vers Grammont, le recordman de l’heure n’a cessé de s’afficher aux avant-postes. Il a encore tenté de surprendre Colbrelli sur le premier passage du Mur de Grammont, ce dimanche, sans toutefois trouver des rivaux pour l’accompagner sur le long-terme.
«Je suis super heureux de la manière dont j’ai pu gérer cette semaine. Je ne pense pas qu’il fallait attendre sur de tels parcours. Même cette dernière étape était très chouette», confirme Campenaerts. «J’essaye toujours de la jouer de manière offensive. J’aurais peut-être pu espérer mieux comme résultat, mais j’ai réussi à consolider mon classement général, c’est déjà un beau résultat», explique celui qui termine troisième au final. Avec l’espoir de désormais obtenir une place pour la course… en ligne pour l’arc-en-ciel. «J’ai montré que j’avais de bonnes jambes, et j’espère que le sélectionneur verra que je peux jouer un rôle pour les Mondiaux, mais ce n’est pas ma décision finale», rappelle-t-il.
Evenepoel sort sur maladie
Le Benelux Tour avait démarré de manière frustrante pour Remco Evenepoel (Deceuninck-Quick Step). Bien placé avec ses équipiers dans le premier peloton malgré les bordures créées par le fort vent au nord des Pays-Bas, le récent vainqueur de la Course des Raisins et de la Brussels Cycling Classic avait dû laisser filer la tête de course sur une crevaison, mal gérée par le mécanicien neutre. La mauvaise semaine a perduré dès le lendemain avec un contre-la-montre en dedans, terminé à une inquiétante 18e place. Le vice-champion de Belgique du chrono a rapidement expliqué avoir connu une mauvaise digestion, incapable d’avaler quelque chose durant les heures précédant cette deuxième étape. Après deux jours passés comme équipier-modèle pour Hodeg, Evenepoel a finalement quitté le Benelux Tour au matin de la cinquième étape.
https://twitter.com/faustocoppi60/status/1432426450901213188
«La seule chose qu’il doit faire à présent, c’est se rétablir le plus vite possible. Le repos, beaucoup de repos, et la récupération sont à l’ordre du jour», explique le médecin de Deceuninck-Quick Step Yvan Vanmol à l’agence Belga. Pas d’inquiétude toutefois quant à sa participation aux prochains championnats d’Europe. Du moins s’il se confirme qu’il s’agit juste d’une indigestion. Mais elle arrive à un très mauvais moment pour Evenepoel, qui espérait confirmer sur le Benelux Tour ses récents succès et ainsi obtenir une autre sélection nationale, cette fois pour les Mondiaux en Flandre.
Les résultats de la 17e édition du Benelux Tour (30 août-5 septembre 2021) :
1re étape (Surhuisterveen > Dokkum, 169,6 km) : Tim Merlier (BEL, Alpecin-Fenix)
2e étape (Lelystad > Lelystad, 11,1 km – CLM individuel) : Stefan Bissegger (Sui, EF Education-Nippo)
3e étape (Essen > Hoogerheide, 168,3 km) : Taco van der Hoorn (P-B, Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux)
4e étape (Aalter > Ardooie, 166,1 km) : Tim Merlier (BEL, Alpecin-Fenix)
5e étape (Riemst > Bilzen, 192 km) : Caleb Ewan (Aus, Lotto-Soudal)
6e étape (Louvain-la-Neuve > Houffalize, 207,6 km) : Sonny Colbrelli (Ita, Bahrain Victorious)
7e étape (Namur > Grammont, 177,9 km) : Matej Mohoric (Slo, Bahrain Victorious)
Classement général final :
- Sonny Colbrelli (Ita, Bahrain Victorious) en 24h14:29
- Matej Mohoric (Slo, Bahrain Victorious) à 0:29
- Victor Campenaerts (BEL, Team Qhubeka-Next Hash) à 1:14
- Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) à 1:26
- Stefan Küng (Sui, Groupama-FDJ) à 1:28
- Luke Durbridge (Aus, Team BikeExchange) à 1:30
- Jasper Stuyven (BEL, Trek-Segafredo) à 1:37
- Tiesj Benoot (BEL, Team DSM) à 1:54
- Tom Dumoulin (P-B, Team Jumbo-Visma) à 1:55
- Mike Teunissen (P-B, Team Jumbo-Visma) à 2:01
Photo : capture Eurosport
Les commentaires sont fermés.