Les spectateurs de la Vuelta en ont eu pour leur argent lors de cette première semaine de course sur les routes espagnoles. Les sprinters ont profité des étapes de plaine disséminées entre Burgos et la Murcie, alors qu’en altitude, le Slovène Primoz Roglic (Jumbo-Visma) a profité de sa position de tour de contrôle pour préserver le maillot rouge glané dès le contre-la-montre d’ouverture. Il apparaît même en meilleure position à l’aube des douze dernières étapes, malgré les assauts répétés de la Movistar et d’INEOS Grenadiers.
Sa victoire en puissance dans les rues de Burgos avait annoncé une Vuelta étincelante pour Primoz Roglic, fraîchement auréolé de son titre olympique sur le contre-la-montre. Le Slovène n’a jamais quitté cet état de grâce durant les premières étapes de montagne de l’épreuve, ne cédant finalement que trois secondes à son plus proche rival Enric Mas (Movistar) sur la première arrivée en altitude, au sommet du raide Picón Blanco. Il s’est ensuite permis de récupérer le maillot rouge et de précieuses secondes sur ses rivaux asphyxiés sur la Montaña de Cullera et ses pourcentages à deux chiffres. Avant de prendre encore quelques secondes (de bonification cette fois) sur Enric Mas sur la première grande étape de montagne de cette Vuelta, vers l’Alto de Velefique. En prenant soin de creuser les écarts avec les multiples leaders d’INEOS Grenadiers, de Bahrain Victorious et de Movistar, ses principaux rivaux au départ du dernier Grand Tour de la saison.
« Ce n’est que le début »
C’est avant tout sur cette neuvième étape vers l’Alto de Velefique, l’Alpe d’Huez de Murcie, que Roglic a mené une parfaite opération de contrôle face à ses rivaux. S’il n’a pu être longtemps épaulé par ses équipiers Sepp Kuss et Steven Kruijswijk dès les premières offensives de ses adversaires à près de huit kilomètres du but, le Slovène a réalisé un retour dans son style puissant habituel quelques hectomètres plus loin. Pas encore asphyxié, Roglic se permettait encore d’accélérer au fil des kilomètres pour partir avec Mas uniquement dans les quatre derniers kilomètres. « C’était dur. Et dans la dernière montée, c’est allé très vite. Comme une grosse explosion. Heureusement que j’avais de bonnes jambes et que j’ai pu terminer le travail », rapporte le leader du classement général. «Enric (Mas) était super fort aujourd’hui, je l’ai remarqué parce que nous avons longtemps roulé ensemble. Mais ce n’est que le début », rappelle-t-il logiquement.
Car cette première semaine était finalement simple a priori. Certes, les coureurs de la Movistar et d’INEOS Grenadiers ont tenté de profiter du vent pour créer des bordures sur les étapes de plaine, avant de déplacer le front sur les cols, sans plus de succès. Car Roglic et ses équipiers sont restés solidement accrochés à la tête du peloton, malgré des déclarations selon lesquelles Roglic souhaitait céder son maillot rouge en cette fin de première semaine. Finalement, le Slovène n’a rien cédé et se retrouve en solide leader du général avec 28 secondes d’avance sur Mas et plus d’une minute sur tous ses autres rivaux. Même deux minutes sur Adam Yates (INEOS Grenadiers), près de quatre minutes sur Aleksandr Vlasov (Astana-Premier Tech) et même près de six sur Mikel Landa (Bahrain Victorious), loin de sa condition affichée au Tour de Burgos.
Attaquer en altitude ou dans la plaine ?
La Jumbo-Visma est encore au complet et peut clairement approcher les deux prochaines semaines de cette Vuelta avec sérénité. L’équipe Movistar, pour sa part, doit faire face à l’abandon d’Alejandro Valverde, en plein offensive vers le Balcón de Alicante. Et Bahrain Victorious doit visiblement reporter ses ambitions sur Jack Haig, désormais quatrième du général après la fringale de Landa. Mais cela n’empêche pas Roglic d’être sous la menace de nombreux adversaires. Et les prochaines étapes n’annoncent pas un contrôle simple du peloton. Il y a cette journée en bord de mer se concluant par un difficile «repecho» dès la 10e étape, mais aussi ces étapes de plaine en Estrémadure qui peuvent encore subir le souffle d’Éole. Avant ce week-end des plus rudes vers la région madrilène, avec le difficile Pico Villuercas en final de la 14e étape et le long Puerto de Mijares le lendemain.
Vu le caractère offensif affiché par les hommes d’INEOS Grenadiers (et ce malgré le mauvais coup sur la tête de Bernal à Velefique), de la Movistar (surtout avec Mas si proche du maillot rouge) ou de Bahrain Victorious (qui compte sur Haig mais aussi Gino Mäder et Damiano Caruso si Landa ne se remet pas), Primoz Roglic sait que des journées intenses l’attendent encore d’ici Saint-Jacques-de-Compostelle. La montagne ne sera pas la seule à se montrer menaçante durant ces deux prochaines semaines, les adversaires du leader l’ont compris et auront à cœur de bousculer le maillot rouge.
Photo : ASO/Unipublic/Gomez Sport/Luis Angel Gomez
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