Leader d’une équipe grandissant au fil des saisons, Loïc Vliegen retrouve en 2021, avec Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux, le niveau WorldTour. Le coureur hervien de 27 ans conserve pour autant les mêmes ambitions, avec une préparation légèrement remaniée. Il s’ajoute tout de même un objectif pour l’été : découvrir le Tour de France, et au top de sa condition si possible.
Si l’équipe Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux s’est offert un nouveau sponsor cet hiver, en prime de son passage au niveau WorldTour après le rachat de licence de la formation CCC, le groupe wallon se veut prudent quant à cette première saison parmi l’élite du peloton. Cette année sera avant tout celle de la transition pour un groupe qui a grimpé marche après marche depuis ses débuts au VC Ath, dès 2002, en passant par son accession au niveau UCI en 2007. L’équipe de Jean-François Bourlart a atteint le Graal rêvé pour tout manager, elle doit désormais confirmer ce statut au sein d’une première division particulièrement féroce.
Cette transition s’est accompagnée d’une campagne de transferts sans folie. Pas question d’imaginer un effectif autour d’un leader unique, chargé de ramener les victoires et la lumière sur l’équipe. L’objectif annoncé est de faire grandir l’ensemble du groupe, dont une grande partie a été formée sous ce même maillot. Loïc Vliegen, arrivé en 2019 sous cette tunique, est ainsi l’un des hommes forts annoncés d’Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux. Il ne sera pas le seul leader de l’équipe, mais bien l’un des coureurs protégés pour les prochaines classiques et sur les épreuves vallonnées qui jalonneront cette prochaine saison.
« Faire mieux que l’an passé »
« C’est une année de transition tant pour l’équipe que pour moi », reconnaît ainsi Loïc Vliegen, en interview par webcams interposées depuis L’Alfàs del Pi, sur la côte valencienne. « On doit désormais trouver les bons réglages. Mon ambition reste de faire mieux que l’an passé, gagner l’une ou l’autre course et faire de bons résultats sur les grandes classiques. L’équipe a des ambitions réalistes, cela ne nous met pas trop de pression. On ne veut pas gagner demain le Tour de France ou Liège-Bastogne-Liège. Ce sera bien d’obtenir une place dans le Top 10 avant d’envisager la suite », ajoute-t-il.
Formé chez BMC et durant trois saisons et demie au sein de l’équipe américano-suisse, le coureur liégeois se réjouit de se voir grandir au fil des années. « En 2019, j’ai évolué. Et même si 2020 a été une année spéciale, j’ai également été présent (NDLR : avec une victoire sur le Tour du Doubs, voir la vidéo ci-dessous). J’ai déjà passé un palier, j’espère encore en passer un cette année. J’espère qu’avec cette organisation, et avec l’expérience de Valerio Piva (NDLR : son ex-directeur sportif chez BMC désormais chez Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux), je vais encore démontrer que je peux grandir », explique Vliegen.
« Je vais sur les classiques qui me conviennent »
Il prévient toutefois : « Je ne vais pas viser toutes les classiques, mais je veux être régulier. Je ne vais pas faire les classiques qui ne me conviennent pas comme Paris-Roubaix, par exemple. Les autres, comme le Tour des Flandres, l’Amstel Gold Race, Liège-Bastogne-Liège ou la Flèche Brabançonne, je les ferai à fond. Le week-end d’ouverture en Belgique (NDLR : le Circuit Het Nieuwsblad, le 27 février) ne devrait pas être un objectif pour moi, mais j’essaierai de faire le meilleur résultat possible et si cela tourne bien dès le Strade Bianche, je pourrai faire de belles choses par la suite ».
S’il devait débuter sa saison sur le Tour de Murcie, finalement annulé, Loïc Vliegen a programmé son retour sur le Tour d’Algarve (du 17 au 21 février), au Portugal, avant d’enchaîner avec le Circuit Het Nieuwsblad (27 février), Le Samyn (2 mars), le Strade Bianche (6 mars), Tirreno-Adriatico (du 10 au 16 mars) et Milan-Sanremo (20 mars). Il évitera Gand-Wevelgem pour se conserver sur le Tour des Flandres. Il loupera également Paris-Roubaix et la Flèche Wallonne. « Si je vais sur une classique, c’est parce qu’elle me convient », rappelle-t-il, sélectionnant avec précaution les courses de son agenda.
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« Moins d’entraînement » durant l’hiver
Cette saison sera également particulière en raison d’un hiver légèrement différent au niveau de sa préparation. Au-delà des considérations sanitaires en raison de la pandémie de Covid-19, et l’annulation du premier stage de l’équipe en décembre, Loïc Vliegen a bouleversé son approche en vue du printemps. « Je me suis moins entraîné, j’ai fait moins de travail d’intensité. Et durant ce stage, je vois que cela tourne pas mal », se réjouit-il. « Je veux arriver aux courses du mois de février sans pression, pour que la forme évolue bien, afin d’arriver au top au mois de mars, et ensuite maintenir ce niveau jusqu’à Liège-Bastogne-Liège (25 avril) ». Ce stage, dans un hôtel spécialement réservé par Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux, sans autre équipe aux alentours, s’annonce « difficile » pour Vliegen : « Il faudra bien digérer en rentrant à la maison. Mais c’est comme cela qu’on progresse ».
Il le répète : pas question d’en faire trop, trop vite. « L’an passé, j’avais repris l’entraînement le 1er décembre et le 1er février à Majorque, j’étais déjà bien présent après deux mois d’entraînements… Cette fois, je me suis mis un frein, pour ne pas me mettre de pression dès le mois de février. Je suis dans le timing », lance-t-il. Le coureur liégeois continue d’ailleurs d’apprendre auprès d’autres sportifs : « Je fais toujours des sorties VTT durant l’hiver, mais aussi de l’entraînement de fitness en salle. J’aime ça et je trouve que c’est important pour un coureur. J’ai également beaucoup d’entraînements croisés avec d’autres sportifs, car avec ce contact, on peut échanger, apprendre d’autres choses et ne pas rester dans une bulle cycliste. Cela apporte beaucoup de choses à chacun ».
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« L’équipe grandit bien »
S’il avoue que le passage dans le WorldTour demandera d’encaisser une plus grande charge de travail avec l’enchaînement de grandes courses tout au long de la saison, Loïc Vliegen estime que cette arrivée parmi l’élite ne bousculera pas les habitudes de l’équipe. Pas plus que la crise sanitaire qui a déjà bouleversé une partie du calendrier. « Je pense que 2021 sera une année normale, avec seulement un début de saison particulier », dit-il. « Pour moi, les courses, surtout celles du WorldTour, vont reprendre normalement et le niveau restera le même. Dans l’équipe, on voit une belle amélioration grâce à ce passage dans le WorldTour, l’équipe grandit bien. C’est ce qu’il nous fallait pour nous tirer vers le haut, on le voit lors de ce premier stage. Tout roule au niveau de l’organisation, c’est bien planifié ».
Loïc Vliegen retrouve notamment Louis Meintjes, qu’il avait connu chez les juniors à l’UC Seraing : « On a partagé des chouettes photos de l’époque ». Et il compte bien l’aider et profiter de son expérience sur les Grands Tours : « Il a quand même déjà fait des Top 10 sur les Grands Tours, cela nous aidera à avancer ».
Les Mondiaux en Belgique ? « Pas un objectif »
Et comment faire avancer Loïc Vliegen en 2021 ? Outre le physique, le coureur de 27 ans sait qu’il doit encore travailler sur le plan psychologique : « J’ai déjà pris de la confiance en moi en 2020, mais c’est quelque chose à travailler pour la suite. J’ai raté certaines courses par manque de confiance, en sortant mes cartes trop tôt. Certains peuvent avoir plusieurs cartouches comme Van der Poel, moi je dois la jouer plus intelligemment et attendre un peu. Par exemple, sur la Course des Raisins, l’an dernier, j’avais les jambes pour gagner mais j’ai lancé trop tôt. Je dois être plus patient et plus calme. J’ai un tempérament assez impulsif, je dois encore un peu apprendre même si cela va beaucoup mieux. Le jour où j’aurai compris cela, j’aurai déjà de meilleurs résultats, je pense ».
2021 s’annonce donc comme un bon cru, aux yeux de Loïc Vliegen, décidé à poursuivre sa maturation parmi les meilleurs puncheurs du peloton. Avant d’envisager les Mondiaux, disputés en Flandre ? Le Liégeois, sélectionné pour la première fois avec la Belgique en 2020 à Imola, ne s’y voit pas tout de suite : « J’étais en forme au bon moment l’an dernier, je pense avoir fait le travail à faire et j’en garde un super souvenir. Mais je n’en fais pas un objectif cette année. Ce sera difficile d’être dans la sélection car la Belgique pourrait aligner trois équipes… Il faudra être en forme au bon moment », estime le coureur belge de 27 ans, désormais tourné vers les classiques et le Tour de France.
Photo : Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux/Photo News
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