Certes, sa victoire au sommet de Szczyrk, sur un mur à 18% dont il s’est fait la spécialité, lui promettait un bel avenir sur ce Tour de Pologne. Et pourtant, le doute subsistait quant à une possible victoire finale du jeune Dylan Teuns (BMC) sur ces vallons polonais. Allait-il tenir le rythme des meilleurs grimpeurs de l’épreuve, que sont Wout Poels (Sky), Rafal Majka (Bora-Hansgrohe) ou encore Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), sur les deux dernières étapes de montagne annoncées comme les plus ardues de cette semaine ? Soutenu par sa formation malgré ses 25 ans et son expérience limitée à un tel niveau de compétition, Dylan Teuns a finalement surpris tous ses rivaux et tenu tête aux pronostics. Le coureur brabançon a pris du galon et peut désormais s’imposer comme la relève belge.
Le Tour de Pologne réussit décidément bien aux Belges. Après Johan Vansummeren en 2007 et Tim Wellens, l’an dernier, au terme d’un solo fou sous la pluie, voici Dylan Teuns (BMC) vainqueur final de cette édition 2017 de l’épreuve polonaise. Et au prix de quel effort ! Les vallons présentés sur ce Tour de Pologne présentaient de sacrés pourcentages et au vu des côtes à affronter et enchaîner, il était difficile d’imaginer une course de costauds plus haletante. Avec Rafal Majka (Bora-Hansgrohe), Adam Yates (Orica-Scott), Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), Wilco Kelderman (Sunweb), Domenico Pozzovivo (Ag2r-La Mondiale) ou encore Rui Costa (UAE Team Emirates) au départ, il était difficile d’imaginer qu’un jeune coureur de 25 ans, fraîchement couronné d’une première course par étapes (le Tour de Wallonie), allait tenir la distance face à ces spécialistes de la montagne.
Et pourtant, dès le mur de Szczyrk, Dylan Teuns a affiché ses prétentions, débordant Adam Yates sur les pentes les plus fortes (jusqu’à 18%), pour aller remporter son premier succès sur une course du WorldTour. Bien placé au général derrière Peter Sagan, leader annoncé de ces premiers jours de course adaptés à ses qualités, le jeune coureur belge voyait ses prétentions rehaussées. “Je pense que je peux désormais viser plus qu’une étape et penser au général. On va en discuter avec l’équipe”, expliquait-il après cette troisième étape victorieuse. Car le puncheur belge devait évidemment tenir sa position aux avant-postes dans les prochaines étapes, il devait également se frotter aux meilleurs grimpeurs du peloton sur des étapes au profil de montagnards, avec plus de 3.000 mètres de dénivelé à chaque reprise.
Sans problème pour le Belge, qui a galéré, qui s’est tué à la tâche, pour finir avec le maillot jaune avant la dernière étape, avec un infime écart de six secondes à tenir… “Je savais que le plus dur moment serait après la côte la plus brutale dans les trente derniers kilomètres”, explique Teuns. “Cela a été un moment très compliqué pour moi. J’ai été vraiment chanceux d’avoir Tejay van Garderen avec moi. Il faisait un rythme mais c’était trop pour moi, donc je l’ai appelé à la radio et il a maintenu un rythme moins élevé, c’était parfait. J’étais toujours à la limite mais jamais au-dessus, donc j’ai pu revenir dans la descente et reprendre mon souffle dans la roue de Tejay. (…) Dans la dernière montée, je me suis dit que c’était all-in, et que j’avais encore Tejay avec moi. Je pouvais voir qu’il lui restait encore quelque chose dans les jambes pour cette ascension. Majka a essayé de m’attaquer trois fois, je pense. Je me suis tant donné dans ce final, mais je savais pourquoi je le faisais”.
Les efforts ont finalement payé et Dylan Teuns s’impose pour seulement deux secondes sur Majka, troisième de l’étape. Les bonifications ont failli avoir raison du puncheur brabançon, mais il a finalement tenu bon. Pendant que son rival polonais doit rager d’avoir laissé son équipier Peter Sagan prendre quatre secondes de bonification en plus, sur la troisième étape remportée par Teuns justement… Le Belge, lui, savoure. Mais il ne faut pas que ces deux semaines exceptionnelles lui montent à la tête. Le coureur de 25 ans a prouvé qu’il avait clairement les qualités pour briller sur les classiques difficiles et les courses par étapes d’une semaine, il doit désormais poursuivre sa progression sur ces terrains, sans se presser, ni penser à d’éventuelles aspirations pour les Grands Tours. Dylan Teuns apparaît comme un Philippe Gilbert ou un Greg Van Avermaet, encore plus puissant sur les ascensions raides.
Certains le comparent déjà à Rik Verbrugghe voire Claudy Criquielion, au vu de son profil tout-terrain dans les vallons. Teuns n’a toutefois pas de pression supplémentaire : le Louvaniste a encore le temps de grandir après plus de deux saisons professionnelles passées dans une certaine intimité, malgré des résultats en nette hausse au fil des mois. La consécration arrive finalement sur ce Tour de Pologne. De bon augure pour la fin de la saison, et notamment ce Tour de Lombardie où Teuns pourrait jouer un rôle au vu de ses qualités sur un tel terrain bosselé.
Résultats de la 7e étape du Tour de Pologne (Bukowina Tatrzanska > Bukowina Tatrzanska, 132.5 km) :
1. Wout Poels (P-B, Team Sky) en 3h26’20”
2. Adam Yates (G-B, Orica-Scott)
3. Rafal Majka (Pol, Bora-Hansgrohe)
4. Wilco Kelderman (P-B, Team Sunweb)
5. Dylan Teuns (BEL, BMC Racing Team)
6. Domenico Pozzovivo (Ita, Ag2r-La Mondiale) à 0’05”
7. Sam Oomen (P-B, Team Sunweb) à 0’12”
8. Jack Haig (Aus, Orica-Scott) à 0’14”
9. Tejay van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 0’18”
10. Rui Costa (Por, UAE Team Emirates) à 0’54”
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Classement général final :
1. Dylan Teuns (BEL, BMC Racing Team) en 27h07’47”
2. Rafal Majka (Pol, Bora-Hansgrohe) à 0’02”
3. Wout Poels (P-B, Team Sky) à 0’03”
4. Wilco Kelderman (P-B, Team Sunweb) à 0’10”
5. Adam Yates (G-B, Orica-Scott) à 0’13”
6. Domenico Pozzovivo (Ita, Ag2r-La Mondiale) à 0’23”
7. Sam Oomen (P-B, Team Sunweb) à 0’36”
8. Jack Haig (Aus, Orica-Scott) à 0’57”
9. Vincenzo Nibali (Ita, Bahrain-Merida) à 1’19”
10. Rui Costa (Por, UAE Team Emirates) à 1’22”
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Grégory Ienco – Photos : Tour de Pologne/Szymon Gruchalski