Richie Porte mérite-t-il une place de favori pour le prochain Tour de France ? Vu ses performances sur ce Dauphiné et fin avril, sur le Tour de Romandie, l’Australien s’est posé comme le grimpeur idéal pour le prochain Tour. Tant qu’il ne se retrouve pas aussi vite isolé que sur le Dauphiné. Mais avec notamment Rohan Dennis et Samuel Sanchez à ses côtés, cela devrait bien se passer. « Je pense que je suis en bonne position pour le mois de juillet », confirme-t-il. « J’aurais adoré gagner cette course mais jusqu’ici, la saison s’est particulièrement bien déroulée. Je pensais que j’avais encore la victoire en poche au pied de la montée finale de ce Dauphiné mais je peux encore récupérer quelque chose de cette étape en vue des prochaines courses ». Le maillot jaune a appris ce que c’était d’être visé en tant que principal leader, il lui reste désormais à transformer l’essai sur trois semaines.
Christopher Froome : la tactique en tête
Annoncé comme le principal favori pour un quatrième succès tant sur le Critérium du Dauphiné que sur le prochain Tour de France, le Britannique Christopher Froome (Sky) n’a finalement pas convaincu à tous les niveaux. Certes, le trentenaire a prouvé que ses qualités en descente font désormais partie d’une panoplie nécessaire pour faire la différence dans la course au général. Certes, c’est l’homme en noir qui a initié la course tactique qui a fait perdre le maillot jaune de Richie Porte dans la dernière étape. Mais il lui a manqué un petit quelque chose qui a mené à cette défaite sur les routes alpestres. Sur le contre-la-montre, Froome n’a pas forcément été des plus convaincants et en montagne, il n’avait pas ce petit plus d’explosivité qui lui avait jusqu’ici permis d’enchaîner les maillots jaunes.
Depuis le début de la saison, Chris Froome semble quelque peu en retrait. Cette quatrième place sur le Dauphiné est en effet son premier Top 10 sur une course par étapes, cette saison, alors qu’il avait toujours une victoire en début d’année pour le rassurer en vue de l’été ces dernières années. Une telle position sur le Dauphiné n’est évidemment pas déshonorante et le Britannique peut encore affiner sa condition en stage avant le départ du Tour de France. Mais cette absence de succès est étonnante pour un tel coureur. « J’étais ici pour essayer de gagner la course », rassure Froome. « Cela n’a pas fonctionné sur cette dernière étape mais je suis venu ici pour une semaine de course difficile. Je n’avais que 19 jours de course avant le Dauphiné et cela va heureusement me permettre d’avancer ».
Alberto Contador : les jambes ne répondent plus
Toujours décidé à remporter un Tour de France, à 34 ans, l’Espagnol a visiblement du mal à suivre le rythme au fil de la saison. Habitué aux deuxièmes places sur les premières courses par étapes du printemps, Alberto Contador (Trek-Segafredo) avait surtout montré un caractère offensif qui donnait espoir en vue d’une course plus incertaine sur le prochain Tour de France. Le grimpeur madrilène a pourtant été moins en verve sur le Dauphiné. Il n’a quasiment jamais porté d’attaque durant cette semaine dans les Alpes et s’est contenté de suivre. Ou de perdre du temps. Contador n’a même pas terminé dans le Top 10 de ce Dauphiné mais affirme être quand même… bien. « Je finis ce Dauphiné suffisamment frais, c’était l’objectif », se rassure le grimpeur madrilène.
Fabio Arù : tout à l’attaque
L’équipe Astana a clairement été la grande gagnante de ce Critérium du Dauphiné. Sans succès depuis la disparition tragique de Michele Scarponi au lendemain du Tour des Alpes, la formation kazakhe a enfin pu rendre hommage au cycliste italien sur ces routes alpestres, sur le flanc français. Fabio Arù et Jakob Fuglsang ont réussi une course parfaite, usant de leurs offensives pour faire tourner la course à leur avantage. Fuglsang s’est ainsi offert deux victoires d’étape et le maillot jaune alors qu’Arù a convaincu qu’il n’était pas loin de son pic de forme en vue du Tour de France, sur lequel il visera la victoire finale. Le grimpeur sarde s’est montré généreux dans ses attaques, et risque de faire de même sur le Tour, notamment avec Fuglsang à ses côtés. Même si le Danois affirme que les deux coureurs seront « co-leaders » en juillet.
Alejandro Valverde : vivement le retour de Quintana
S’il a déjà montré qu’il pouvait remplir le rôle de leader sans grand souci, Alejandro Valverde (Movistar) semble cette fois payer son étincelant printemps. Le coureur murcien a certes été à l’offensive sur ce Dauphiné mais a manqué de force aux instants cruciaux de l’épreuve. Au vu de ses qualités en montagne, il est difficile d’imaginer Valverde endosser le seul statut de leader au sein de la Movistar. Le coureur le plus attendu de la formation espagnole se nomme Nairo Quintana et ne se montrera plus en compétition d’ici le 1er juillet à Düsseldorf. Le Colombien, qui a perdu le Tour d’Italie pour 31 secondes, aura une revanche à prendre dans la course au maillot jaune et sera heureux de pouvoir compter sur Valverde, pour anticiper et lancer des offensives qui pourraient bouleverser le général.
Grégory Ienco – Photos : ASO et Stiehl Photography/Bora-Hansgrohe