La poursuite du duel entre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar
Le duel entre Pogacar et Vingegaard va atteindre son apogée dans les jours à venir. Après une belle bagarre dans les Pyrénées et sur la montée mythique du Puy de Dôme, les cinq prochaines étapes offrent un terrain de jeu idéal pour décider du vainqueur de ce 110ᵉ Tour de France. À la fin de la première semaine, le Danois et actuel maillot jaune disait qu’il venait de terminer une semaine qui n’était pas à son avantage. Le grimpeur de la Jumbo-Visma va trouver dans les Alpes des terrains qui lui conviennent mieux, d’après lui.
Dans ce Tour, il y a déjà eu trois grandes batailles entre les deux favoris de cette Grande Boucle. Ils s’étaient déjà attaqués sur les premières étapes au Pays Basque, mais le premier affrontement marquant entre les deux coureurs sur ce Tour de France a eu lieu lors de la 5ᵉ étape. Après un travail d’écrémage de son équipe, Jonas Vingegaard décide d’attaquer dans le col de Marie Blanque, laissant Pogacar sur place. Le Slovène ne parvient pas à répondre et concède 1 minute et 4 secondes à l’arrivée à Laruns. Le lendemain, beaucoup d’observateurs pensent que Vingegaard va assommer le Tour grâce à l’enchaînement des cols d’Aspin, du Tourmalet et une arrivée au sommet à Cauterets-Cambasque. Mais il n’en est rien. Dans un premier temps, le leader de la Jumbo-Visma et ses coéquipiers ne parviennent pas à lâcher le rival d’UAE Team Emirates. Ensuite, le Slovène attaque et lâche son adversaire. Pogacar reprend 28 secondes à Vingegaard, qui enfile le maillot jaune malgré la perte de temps.
La troisième passe d’armes a lieu dans le Puy de Dôme où le maillot blanc réussit à lâcher le leader du général, mais ce dernier résiste et ne concède que 8 secondes. Le bilan est donc le suivant : Pogacar s’est montré plus fort que Vingegaard à deux reprises, mais le Danois est celui qui a réussi à faire le plus gros écart sur une étape. Le maillot jaune n’a que 17 secondes d’avance sur son dauphin, chaque écart et chaque bonification aura son importance.
C’est dans les Alpes que Jonas Vingegaard avait commencé à construire son succès l’année passée, lors d’une étape qui enchaînait trois difficultés majeures (col du Télégraphe, col du Galibier et une arrivée à Serre Chevalier, au sommet du col du Granon). Le grimpeur danois avait remporté l’étape et pris 2 minutes 51 sur un Tadej Pogacar épuisé par les attaques à répétition des Jumbo-Visma. Cette année, plusieurs étapes enchaînent les difficultés dans les Alpes (les étapes 14, 15 et 17). L’équipe néerlandaise tentera sans doute de réitérer sa performance de l’année dernière sur ce genre d’étape pour faire craquer le sociétaire des Émirats.
Il y aura aussi d’autres types d’étapes au programme. Comme ce vendredi, dans le Jura, avec une arrivée au sommet au Grand Colombier, seule difficulté majeure de la journée, lors de la 13ᵉ étape. Et si les étapes en ligne ne font pas la différence, il y aura un contre-la-montre de 22,4 kilomètres entre Passy et Combloux avec la côte de Domancy comme difficulté principale. Ce contre-la-montre aura lieu au lendemain de la journée de repos. En bref, il y aura de tout pour départager les deux favoris au général dans les jours qui viennent.
Un podium qui fait rêver
Derrière Vingegaard et Pogacar, un combat pour le podium va aussi avoir lieu. Pour le moment, c’est Jai Hindley (Bora-Hansgrohe) qui est sur le podium avec une avance de 1 minute et 42 secondes sur son premier concurrent Carlos Rodriguez (INEOS Grenadiers). Le grimpeur espagnol est dans une posture un peu spéciale, car une rumeur persistante durant ce Tour de France annonce qu’il quittera l’équipe INEOS Grenadiers pour rejoindre Movistar l’année prochaine. On verra si cette annonce changera quelque chose dans son comportement ou celui de ses équipiers.
Pello Bilbao (Bahrain Victorious) a réussi à se replacer dans la course au podium grâce à sa victoire au terme d’une échappée mardi passée, il n’est plus qu’à 1 minute 54 du podium. Le tout est de savoir si l’Espagnol peut tenir le coup dans le groupe des favoris pour maintenir sa place au classement général. Les deux autres candidats les plus sérieux au podium sont les frères Yates, Adam (UAE Team Emirates) est à 1 minute 59 d’Hindley et Simon (Team Jayco-AlUla) est à 2 minutes 4.
Tout est encore possible pour le maillot à pois
Plusieurs coureurs sont déjà bien placés dans la bagarre pour le maillot à pois. Neilson Powless (EF Education-EasyPost) se bat pour ce maillot depuis le premier jour. S’il veut le ramener à Paris, il va devoir partir dans les échappées. Car d’autres bons grimpeurs peuvent avoir ce classeement de la montagne comme objectif. C’est un potentiel maximum de 159 points qui sont distribués lors des cinq prochaines étapes. La hiérarchie peut donc complètement changer.
L’étape la plus importante en termes de points au classement de la montagne est la 14e. Les difficultés de cette étape seront le col de Saxel (3e catégorie), le col de Cou (1re catégorie), le col du Feu (1re catégorie), le col de la Ramaz (1re catégorie) et le col de Joux Plane (Hors catégorie). Comme chaque année, la course pour le maillot à pois dépendra aussi des favoris. Si Pogacar et Vingegaard décident de lancer les hostilités assez tôt dans les étapes les plus rémunératrices en termes de points au classement du meilleur grimpeur, alors on pourrait connaître le même scénario que ces trois dernières années, lors desquelles le vainqueur du Tour a aussi remporté le maillot à pois.
La répartition des points pour le classement de la montagne
Étape | Nombre de points distribués |
Étape 13 | 20 |
Étape 14 | 52 |
Étape 15 | 37 |
Étape 16 (CLM) | 5 |
Étape 17 | 45 |
Une chance de se rattraper pour certains grimpeurs
On a vu il y a quelques jours Pello Bilbao rattraper une partie de son retard au classement général et dans le même temps remporter l’étape à Issoire. D’autres grimpeurs vont tenter de faire le même coup dans la montagne, soit pour tenter de se replacer au général, soit dans l’optique de sauver leur Tour de France en remportant une étape. On vous présente quelques grimpeurs qui devraient se montrer à l’avant dans les prochains jours.
Les coureurs Lidl-Trek risquent de se mettre en exergue, avec des grimpeurs tels que Juan Pedro Lopez, Mattias Skjelmose et Giulio Ciccone qui n’ont plus d’ambition pour le classement général. Le grimpeur italien s’est déjà montré à l’attaque et a engrangé quelques points pour le classement de la montagne, il tentera peut-être de se battre pour le maillot à pois. Il faudra toutefois surveiller si Ciccone va se remettre de la chute qu’il a subie jeudi. On a aussi vu le champion du Danemark, Mattias Skjelmose, se battre pour l’étape mardi passé et tenter de rejoindre l’échappée de ce jeudi. Le Tour de Lidl-Trek est déjà réussi avec la victoire d’étape de Mads Pedersen, mais il y a encore des possibilités de victoire pour l’équipe quand on voit les grimpeurs qui la compose.
L’équipe Groupama-FDJ va devoir aussi se porter en tête si elle veut sauver son Tour de France. Pour le moment, David Gaudu n’a pas montré la même forme que l’année dernière. Le grimpeur breton a pris un certain retard au classement général (9ᵉ à 3 minutes 21 du podium qui était l’objectif initial). Gaudu devra en montrer plus dans les Alpes s’il veut remonter au classement. On attend aussi une performance de Thibaut Pinot pour son dernier Tour de France. Après un début remarqué avec une 4e place à Bilbao, Thibaut Pinot s’est fait plus discret par la suite. On l’a revu à l’offensive jeudi, sur une étape qu’il a conclu à la 6e place. Il s’est aussi replacé au général (10e à 6 minutes et 33 secondes). Outre les Alpes, le Franc-Comtois aura une dernière chance de briller à domicile dans les Vosges lors de la 20ᵉ étape. Il a déjà montré lors du récent Giro qu’il avait encore les jambes pour remporter une étape de Grand Tour, mais il n’y est pas parvenu en Italie (deux fois deuxième). Gagner une quatrième étape du Tour dans sa carrière serait la plus belle des manières de dire au revoir à la Grande Boucle.
Ben O’Connor est aussi l’un des protagonistes attendus à l’offensive dans les étapes à venir pour rattraper un début de Tour de France difficile. Le quatrième du Tour 2021 a vécu une première semaine très compliquée. Après les deux premières étapes, il accusait déjà un retard de 1 minute 41 sur le maillot jaune Adam Yates. Dans les Pyrénées, O’Connor a encore perdu beaucoup de temps. Et, au Puy de Dôme, l’Australien n’est de nouveau pas parvenu à suivre les principaux favoris. À la fin de cette première semaine, Julien Jurdie, directeur sportif d’AG2R-Citroën, déclarait dans L’Équipe que Félix Gall devenait le leader de l’équipe pour le classement général et que Ben O’Connor allait tenter de remporter une étape. On a vu ce changement tactique dès le début de la deuxième semaine. Lors de la 10ᵉ étape, l’Australien s’est glissé dans l’échappée matinale. Malheureusement pour lui, Pello Bilbao a été plus fort que lui dans le dernier kilomètre. Malgré cette petite déception, on a directement vu un autre visage du coureur de 27 ans, libéré de la course au classement général.
Le calvaire des sprinteurs qui veulent rejoindre Paris
Pour Jasper Philipsen, Phil Bauhaus, Dylan Groenewegen et d’autres, l’enjeu de ces 5 étapes sera tout autre. L’objectif pour les sprinteurs sera de rentrer dans les délais pour les dernières étapes de plaine en troisième semaine. Après les Alpes, il y aura trois étapes qui pourront déboucher sur un sprint, la 18ᵉ entre Moûtiers et Bourg-en-Bresse, la 19ᵉ entre Moirans-en-Montagne et Poligny, et évidemment la dernière étape avec l’arrivée sur les Champs-Élysées. Les sprinteurs ont donc de bonnes raisons de s’accrocher dans la montagne, nous leur souhaitons déjà bonne chance pour ces étapes compliquées.