En marge du Tour de France, jeudi dernier, l’Union Cycliste Internationale (UCI), l’Association Internationale des Organisateurs de Courses Cyclistes (AIOCC), l’Association Internationale des Groupes Cyclistes Professionnels (AIGCP), l’association des équipes cyclistes féminines UNIO, les Cyclistes Professionnels Associés (CPA) et le CPA Femmes ont présenté la création de SafeR. Une contraction de SafeRoadcycling, soit un organisme indépendant destiné à améliorer la sécurité des compétitions cyclistes professionnelles, tant chez les hommes que chez les femmes.
Cette plateforme a été créée à la suite de discussions impliquant ces différentes parties prenantes suite aux récents accidents qui ont marqué l’histoire de ce sport dangereux. Le décès de Gino Mäder sur le Tour de Suisse a évidemment poussé ces organisations à accélérer le processus, pour rassurer au plus vite celles et ceux qui sont en premier lieu touchés par ces drames. Être cycliste professionnel ne devrait pas impliquer des blessures graves, voire pire, en raison d’une sécurité mal dosée. Cela fait des années que les acteurs et actrices du cyclisme demandent des parcours moins dangereux, des meilleurs signaux sur la route, des obstacles moins nombreux, une meilleure sécurisation des arrivées… Encore faut-il que cela soit entendu à tous les niveaux du peloton, pour éviter des disparités entre les organisations qui prennent compte de ces demandes et qui ont le budget pour, et celles qui préfèrent le spectacle à tout prix, au risque de voir des cyclistes au sol au moindre dérapage.
Cette entente semble enfin scellée avec cet organisme indépendant, financé conjointement par les organisations, les cyclistes, les équipes et l’UCI. Mais que fera SafeR ? Il sera chargé d’analyser les risques relatifs aux parcours, mais seulement sur les courses du WorldTour et les ProSeries (rien n’est prévu pour les .1 et .2 actuellement) ; de prodiguer des conseils en matière de sécurité, en particulier à l’UCI ; de réaliser des audits sur la sécurité auprès des organisateurs de courses et des équipes ; et de publier des rapports trimestriels sur la sécurité. Pour débuter ce travail, SafeR aura notamment accès aux précédentes discussions entre les organisations, les cyclistes et l’UCI, menées depuis 2021 par la fédération internationale, mais aussi à la base de données d’incidents de course établie par l’UCI avec l’université de Gand (UGent) depuis 2021.
Et après ? Ces audits et conseils devraient normalement permettre aux organisations d’améliorer la sécurité sur leurs courses et aux équipes et cyclistes de se faire entendre quant à leur sentiment de sécurité. Mais concrètement, il reste difficile à l’heure actuelle de voir ce que SafeR pourra apporter par rapport aux précédentes réunions déjà menées sur ce thème. Des organisations continuent pourtant d’avancer, à l’image d’ASO qui a confirmé une série de mesures sur deux étapes du Tour de France qui inquiétaient les coureurs en raison des descentes rapides proposées vers Morzine et Courchevel. Ou Golazo qui a annoncé son investissement dans la start-up Safe Cycling qui fabrique des signaux LED mobile pour signaler des dangers sur les parcours. Ces panneaux sont déjà proposés sur le Tour de France, sur les grandes classiques belges et sur le Tour d’Italie.
Ce sont ces mesures concrètes qui peuvent permettre de faire bouger les choses, surtout sur des routes de moins en moins adaptées à la pratique d’un sport cycliste toujours plus rapide. L’UCI a au moins le désir d’avancer, c’est ce qu’il faut au moins retenir de cette annonce autour de SafeR.