La première édition du Tour de France Femmes s’est conclue ce dimanche sur la victoire d’Annemiek van Vleuten (Movistar), et surtout sur une grande satisfaction tant de l’organisation que des suiveurs du peloton féminin. Les termes sont élogieux dans la presse française et internationale quant au succès sportif et populaire de cette première mouture de la Grande Boucle sous le sigle d’ASO. L’entreprise française a donné un coup d’accélérateur à la médiatisation du cyclisme féminin avec cette course au maillot jaune, propulsant un sport dont les bases tenaient jusqu’ici à la faveur de volontaires et de passionnés. Les chiffres d’audiences annoncés par France Télévisions, en France, confirment un intérêt grandissant, avec une part d’audience entre 20 et 30% au fil des huit étapes, des taux souvent observés sur le Tour de France masculin. Le cyclisme féminin intéresse, il avait besoin de plus de caméras, de plus de présence médiatique, de plus de couverture.
Malheureusement, cette mise en avant vient avec ses effets néfastes. À savoir les critiques de la part de personnes misogynes et sexistes, incapables de voir avec optimisme cette avancée pour le cyclisme féminin. Les commentaires étaient heureusement minoritaires, mais ils ont fait du bruit dans cette attention médiatique décuplée. L’avis d’un ancien journaliste de France Télévisions (déjà viré pour ses propos sexistes envers une ex-compagne de président) sur un niveau qui serait moindre ou des chutes trop nombreuses. Les commentaires sur Twitter et Facebook d’insupportables personnages affirmant que ces cyclistes devraient plutôt « retourner à la cuisine » ou qu’ils aimeraient plutôt voir des « chutes de reins ». Les exemples sont édifiants.
J’en ai plusieurs qui me disent, par rapport à mon précédent tweet, que c’est juste Twitter et qu’il n’y a pas de sexisme dans le milieu du cyclisme, entre cyclistes : c’est faux.
N’importe quelle cyclosportive pourra vous en parler. Le plus récent qui m’est arrivé :
⬇️— Laura (@LauraFMDR) July 28, 2022
Personnellement, je n’ai pas vu ces commentaires directement arriver sur mes réseaux sociaux. J’ai eu la chance d’être dans une bulle de passionné⋅e⋅s qui ont partagé tout leur amour pour ce sport. Mais les commentaires ont fait assez de bruit pour qu’ils soient repris par certaines personnes influentes. Qui les ont dénoncés avec vigueur. Ces commentaires ont également été partagés par certaines cyclistes en course sur ce Tour. Et certaines en ont profité pour jouer la carte de l’humour, à l’image de Lizzy Banks (EF Education-TIBCO-SVB) s’interrogeant sur « le niveau » des coureurs qui ont chuté sur le Tour de Pologne. En parallèle aux questions de certains internautes sur le niveau supposé moins élevé des coureuses victimes de chute sur le Tour de France Femmes.
Le Tour dépasse tout et propulse le cyclisme féminin dans une autre sphère. Cela provoque des ondes majoritairement positives, mais cela offre également un écho à certains misogynes qui ne s’interrogent pas sur la performance sportive, mais bien sur ces femmes et leur genre. Cela doit être combattu, et les concurrentes de ce Tour l’ont très bien fait avec leurs réponses sur les réseaux sociaux et surtout avec le spectacle sportif offert durant cette dernière semaine. Avec l’espoir qu’elles devront moins prendre de temps à répondre à ceux qui n’ont pas d’intérêt pour le cyclisme féminin.