Vainqueur au sommet du Picón Blanco, troisième sur les lacs de Neila : Remco Evenepoel (Deceuninck-Quick Step) a une nouvelle fois surpris tous les observateurs par sa puissance et son endurance sur un Tour de Burgos qui relançait la saison cycliste pour la majeure partie du peloton présent sur ces cinq étapes espagnoles. Et cette fois, le Belge n’a même pas eu besoin d’un contre-la-montre pour asseoir sa suprématie. À seulement 20 ans.
Dès la première étape de ce Tour de Burgos, Remco Evenepoel avait décidé de marquer l’épreuve, s’essayant à un effort solitaire à plus de 40 kilomètres de l’arrivée, après que le peloton a été morcelé par une succession de bordures sur les plaines venteuses espagnoles. Le coureur belge surprenait par son audace, lâchant son équipier Yves Lampaert de sa roue sur une petite butte pour s’essayer à un contre-la-montre en solitaire d’une quinzaine de kilomètres. Le peloton parvenait tout de même à le réintégrer après une poursuite acharnée, mais Evenepoel n’arrêtait pas là sa chasse en avant.
« Il y avait un risque mais sans risque… »
S’il payait ses efforts sur la montée finale du Mirador del Castillo, il démontrait deux jours plus tard qu’il gardait encore du jus pour l’étape-reine vers le Picón Blanco, et ses 8,5 kilomètres à 8,9 % de moyenne. Une ascension longue et abrupte qui ne semblait pas à première vue dans les cordes de ce rouleur puissant, du moins face à des Ivan Sosa, Richard Carapaz (INEOS), Mikel Landa (Bahrain-McLaren) et autres Esteban Chaves (Mitchelton-Scott). Et pourtant, le jeune coureur belge tenait bon et se permettait d’attaquer tout ce beau monde dans le dernier kilomètre pour s’imposer en véritable leader. « Mon premier objectif était de ne pas être lâché, ne pas perdre de temps. Mais mon directeur sportif m’a demandé de tenter quelque chose, car je lui paraissais frais à l’image. Je savais que j’étais un peu à la limite mais j’ai quand même tenté ma chance. Il y avait un risque mais sans prendre de risque, on ne gagne jamais », lâchait-il à l’interview après cette étape qui le propulsait en leader d’une course par étapes pour grimpeurs, dès son retour à la compétition.
Certes, Remco Evenepoel avait déjà trouvé la victoire sur des courses par étapes d’une semaine de prestige, avec des arrivées au sommet, en début de saison : le leader de Deceuninck-Quick Step avait brillé sur le Tour de San Juan, en janvier, s’imposant sur le seul contre-la-montre de la course argentine avant de tenir le rythme des grimpeurs sur l’Alto del Colorado, seule arrivée au sommet de la semaine ; puis il avait remporté le Tour d’Algarve, en février, après avoir dominé les grimpeurs sur l’Alto do Foia ainsi que le contre-la-montre final. Déjà en ce début d’année, il avait passé un palier en Argentine puis au Portugal, et avant la crise sanitaire du coronavirus, tous les observateurs s’attendaient encore à le voir grandir d’ici les classiques ardennaises puis le Tour d’Italie, son premier Grand Tour programmé en mai. Avant que le confinement et la pandémie viennent perturber ses plans.
Un coureur plus complet
Et pourtant, même avec trois mois d’arrêt, même avec une reprise aussi abrupte à Burgos, Remco Evenepoel a montré que cette période durant laquelle il a enchaîné les entraînements costauds et les défis personnels (notamment des sorties de plus de 300 kilomètres ou des enchaînements dans les Ardennes), avait été bénéfique pour sa progression professionnelle. Sur ce Tour de Burgos, Evenepoel a encore franchi un palier dans la haute montagne. Car sur la difficile montée vers les Lacs de Neila (4,2 km à 11% de moyenne), la pente se voulait plus difficile, et pourtant le leader a continué à se comporter comme tel, tenant la dragée haute à Landa et Sosa jusqu’à 500 mètres du but. Les deux étapes-reine de l’épreuve n’affichaient certes pas un dénivelé de plusieurs milliers de mètres qui font parfois le sel des étapes de Grands Tours, mais ces longues ascensions abruptes étaient clairement un défi pour un coureur puissant comme Evenepoel. Il a désormais confirmé que ces pentes ne sont plus un problème pour son gabarit : le coureur belge peut quasiment tout faire, tel des coureurs complets comme Julian Alaphilippe ou Maximilian Schachmann.
Remco Evenepoel va désormais poursuivre sa marche en avant sur le prochain Tour de Pologne, programmé sur 5 étapes du 5 au 9 août prochains, avant de se tester sur le Tour de Lombardie, son premier monument. Et au vu de ses prestations en cette saison, tout porte à penser que le Brabançon sera un favori et le leader de Deceuninck-Quick Step sur ces routes italiennes. À seulement 20 ans, encore une fois.
Résultats de la 5e étape du Tour de Burgos (Covarrubias > Lacs de Neila, 158 km) et classement général final :
Photo : David Ramos/Getty Images/Deceuninck-Quick Step
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