Le Letton Krists Neilands (Israel Cycling Academy) a réussi le pari fou de s’imposer en solitaire sur le Grand Prix de Wallonie en sortant bien avant l’ascension de la Citadelle de Namur. Le puncheur de 25 ans a profité de l’attentisme des favoris du jour pour triompher sur la deuxième semi-classique belge de sa carrière, un an après À Travers le Hageland.
Le GP de Wallonie est souvent une affaire de spécialistes. Sur un tracé exigeant, il n’est pas rare que les favoris se disputent la victoire sur la seule Citadelle de Namur, un dernier effort sur les pavés à près de 5% de moyenne. Rien de bien insurmontable mais cette ascension caractéristique se veut surtout intense, à plus de 30 km/h de moyenne. Un tel scénario s’annonçait ainsi après de nombreuses offensives manquées de la côte de Lustin, à plus de 50 kilomètres de l’arrivée, jusqu’à la Tienne aux Pierres, à moins d’une quinzaine de bornes du but. Loïc Vliegen (Wanty-Gobert), Jens Keukeleire (Lotto-Soudal), Lilian Calmejane (Total-Direct Énergie) ont eu beau tenter de creuser l’écart, personne ne semblait disposer à la jouer solidaire. Ce jeu du « chacun pour soi » ne profitait qu’au Letton Krists Neilands (Israel Cycling Academy), qui profitait de l’apathie des favoris pour sortir dans les vallons mosans à neuf kilomètres de l’arrivée.
« J’ai vu que tout le monde était à la limite, c’est pour ça que j’ai tenté ma chance », explique Neilands après l’épreuve. Le coureur balte ne se relâchait pas dans la descente technique vers la Meuse, ni sur la longue ligne droite menant au pied de la citadelle namuroise. Il conservait près de quinze secondes avant d’entamer la montée finale, alors que dans le peloton, personne ne réussissait vraiment à s’entendre. « J’avais déjà roulé sur cette course l’an dernier, donc je me souvenais de cette côte. C’est pour ça que j’étais quasiment sûr que le peloton n’allait pas revenir », affirme encore le Letton.
« Je souffrais du jet-lag »
Car dans la citadelle, malgré l’attaque du champion du Canada d’Adam de Vos (Rally-UHC Cycling) puis du Français Tony Gallopin (Ag2r-La Mondiale), Neilands gardait quelques secondes nécessaires. « Pourtant, la journée avait commencé difficilement pour moi. Je ne me sentais pas vraiment bien », lâche-t-il. « Je souffrais en plus du jet-lag : je suis rentré du Canada ce mardi ». Cela ne l’a pas empêché de poursuivre son effort jusqu’au bout, s’offrant ainsi la victoire devant Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) et Jasper De Buyst (Lotto-Soudal), trop courts dans le sprint final. « C’est super de gagner alors que la saison est presque finie. Je démarrais cette course avec l’idée d’être bientôt en pause. C’est une chouette sensation de gagner alors que la saison va se terminer », sourie encore Neilands, discret dans son bonheur. L’ex-champion de Lettonie sur route s’offre ainsi un deuxième succès d’estime en Belgique après À Travers le Hageland, en 2018, lui qui a également triomphé sur le Tour de Hongrie cette année.
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Derrière, on ne pouvait que saluer la performance de Neilands, vainqueur en solo comme Wellens en 2017. « Il était le plus fort pour réussir à tenir les trois derniers kilomètres avec seulement 12 secondes d’avance. Je pensais qu’il était possible de le rattraper, vu qu’il était seul. Mais je le connais aussi : c’est un très bon coureur », confie Jasper De Buyst, troisième. « J’espérais évidemment faire le doublé mais c’était difficile, cela roulait fort dans le final », ajoute de son côté Jasper Stuyven, dauphin de Neilands, qui disputera pour sa part les prochains championnats du monde dans le Yorkshire, sur des routes bien vallonnées comme en région namuroise.
Résultats de la 60e édition du Grand Prix de Wallonie (Blégny > Namur, 205.9 km) :
Photo : capture RTBF
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