Sébastien Delfosse contraint d’arrêter à 35 ans : « J’avais encore des missions à accomplir dans le peloton »

Contraint d’arrêter sa carrière à l’âge de 35 ans faute de contrat, Sébastien Delfosse espérait encore poursuivre l’une ou l’autre saison dans le peloton.

Contraint d’arrêter sa carrière à l’âge de 35 ans faute de contrat, Sébastien Delfosse espérait encore poursuivre l’une ou l’autre saison dans le peloton. Après onze saisons, il raccroche finalement.

« J’avais encore envie de rouler, de m’entraîner, d’apporter mon expérience au groupe, mais je n’ai pas réussi à convaincre mon patron que je pouvais encore être utile… » La voix de Sébastien Delfosse trahit quelques signes de fatigue, un brin de lassitude aussi, au bout d’une saison 2018 aussi terne qu’un soir pluvieux de novembre. Une saison qui sera la dernière, sur sa carte de visite de cycliste professionnel. À 35 ans, après onze exercices consécutifs dans les pelotons, le Verviétois raccroche. Ou plutôt dégrafe son dossard, sans ranger la bécane pour autant. « Changer brutalement de vie peut être un choc violent, je ne veux pas être confronté à ce vide. J’ai encore besoin du vélo dans mon quotidien, sous une autre forme que la compétition, mais il n’est pas question pour moi de couper le cordon… »

La douleur serait trop vive pour l’ancien sociétaire des équipes Crédit Agricole et Wallonie-Bruxelles, la transition brutale. « Ces derniers mois pourtant, je n’ai pas vécu un seul moment de plaisir sur le vélo. Entre blessures et convalescence trop rapide, j’ai perpétuellement couru après de bonnes sensations et la forme. Tout s’est révélé très compliqué. Dès la fin de l’été, je suis allé prendre le pouls auprès du manager de l’équipe, afin de mesurer mes chances de prolongation de contrat.  Christophe Brandt a mis fin à mes espoirs, j’ai dès lors essayé de nouer quelques contacts au sein d’autres formations, mais le contexte économique du cyclisme reste fragile. Pas d’alternative pour moi, fin de parcours… »

« Comme une seconde famille »

La mort dans l’âme, car le coureur de Herve-Battice – ancien vainqueur du Tour de Cologne en 2013 et de la Drôme Classic en 2017 – avait encore de l’envie et de l’expérience à partager. « La déception est vive, forcément, j’avais le sentiment d’avoir beaucoup donné à une équipe que je considérais comme une seconde famille. » L’ancien vététiste y a longtemps assumé le rôle de capitaine de route, aux côtés d’un Grégory Habeaux lui aussi contraint de mettre pied à terre en 2018, suite à des pépins de santé.

À 35 ans, Sébastien Delfosse va donc tourner la page, saisir une plume d’une autre couleur pour ouvrir un nouveau chapitre. Ce papa de deux enfants a repris des cours du soir en mécanique, il pourrait aussi mener sa reconversion dans la menuiserie, « mais je n’en ai pas encore tout à fait fini avec le cyclisme » sourit-il, retrouvant une pointe d’optimisme de bon aloi. « Le projet n’est pas encore très précis, je suis toujours en train de rassembler les infos et d’évaluer les possibilités, mais je voudrais vraiment m’investir dans la formation et l’accompagnement des jeunes, en province de Liège surtout. Le vivier naturel a tendance à s’appauvrir, hélas… Pourquoi la formule du « festivélo », dans le même esprit que le « festifoot », n’est-elle pas plus développée ? Il faut rendre le cyclisme le plus ludique et sécurisant possible, dès le plus jeune âge, pour que les réservoirs de talents ne se tarissent pas. On ne rencontre pas un Remco Evenepoel chaque année… »

Par Eric Clovio – Photo : WB Veranclassic Aqua Protect

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