L’équipe néerlandaise LottoNL-Jumbo a annoncé la décision ce lundi, par voie de communiqué : l’Espagnol Juan José Lobato quitte la formation avant même la prochaine saison “d’un commun accord entre l’équipe et le coureur”, alors que les Néerlandais Antwan Tolhoek et Pascal Eenkhoorn sont eux suspendus deux mois par l’équipe. Un conflit interne ? L’équipe avait en fait demandé à ces trois coureurs de quitter le stage d’avant-saison en Espagne, en raison de l’utilisation d’un somnifère en-dehors des conseils médicaux du staff. Une pratique qui pose question sur les habitudes de certains coureurs du peloton.
Le 14 décembre, l’équipe LottoNL-Jumbo annonce par communiqué de presse que l’Espagnol Juan José Lobato et les Néerlandais Antwan Tolhoek et Pascal Eenkhoorn doivent quitter le stage d’avant-saison de la formation près de Gérone, en Espagne, et sont suspendus pour une durée indéterminée. Les reproches de l’équipe néerlandaise ? Les trois coureurs auraient usé de somnifères en-dehors des conseils médicaux du staff. Les produits utilisés ne sont toutefois pas prohibés par le Code Mondial Antidopage et n’est donc pas considéré comme substance illicite selon l’Union Cycliste Internationale (UCI). C’est donc LottoNL-Jumbo qui décide de sa propre initiative de suspendre trois coureurs pour une pratique cachée, hors du suivi médical pratiqué au sein de l’équipe WorldTour.
Cinq jours plus tard, la formation néerlandaise précise les sanctions concernant les trois coureurs. Antwan Tolhoek et Pascal Eenkhoorn, jeunes espoirs néerlandais de 23 et 20 ans, sont suspendus provisoirement pour une durée de deux mois. Alors que Juan José Lobato est lui sommé de quitter l’équipe avec effet immédiat. Le communiqué de LottoNL-Jumbo se veut toutefois moins rude et affirme qu’il a été décidé “de mettre fin la collaboration sportive entre les deux parties d’un commun accord”. “Lobato va désormais se concentrer sur son retour”, explique encore le communiqué. L’Espagnol doit donc espérer retrouver une place dans un marché ultra-concurrentiel, dans lequel quasiment tous les postes sont déjà pourvus pour 2018. L’équipe continentale pro Burgos-BH, tout juste acceptée en deuxième division, serait toutefois sur la balle pour attirer le sprinter espagnol de 28 ans dont les plus grand succès restent jusqu’ici une étape du Tour Down Under (en 2015), une étape du Dubaï Tour et le Tour de la Communauté de Madrid (en 2016).
Du Stilnox et du Noctamid
Que s’est-il donc passé pour arriver à de telles sanctions ? Selon la chaîne publique néerlandaise de télévision NOS, le staff de LottoNL-Jumbo a quelque peu paniqué lors de la première soirée du stage de l’équipe en Espagne. Des membres du staff auraient en effet aperçu Eenkhoorn dans un état confus dans les couloirs de l’hôtel. Tolhoek aurait ensuite été retrouvé dans le même état alors que Lobato aurait été vu dans un état plus grave : l’Espagnol aurait été emmené à l’hôpital pour de plus amples examens. C’est là que l’équipe a alors découvert les produits que les trois coureurs ont usé, sans l’accord du staff médical : du Stilnox et du Noctamid.
Des produits bien connus
Le Stilnox est malheureusement bien connu du monde cycliste. Ce somnifère puissant n’est pas un produit dopant, et n’est pas interdit par le code mondial de l’Agence Mondial Antidopage (AMA). Ce produit était utilisé dans les années ’90 et ’00 au sein de l’équipe Cofidis, notamment, comme l’a révélé l’ancien coureur français Philippe Gaumont. Une étude du psychiatre Jean-Christophe Seznec, publiée en 2004, confirmait qu’il s’agissait d’une drogue fortement utilisée dans le peloton en raison de son caractère euphorisant à forte dose, ou mélangé à de l’alcool. À petite dose, le Stilnox permet de mieux dormir, de mieux se reposer. Ce qui permettrait notamment à certains coureurs de s’endormir pour éviter de manger avant un grand rendez-vous. Le Noctamid a les mêmes propriétés mais aucune étude ne démontre toutefois son effet euphorisant, comme le Stilnox, en cas de mélange avec de l’alcool.
L’utilisation de ces deux produits, même s’ils ne sont pas considérés comme illicites, pose en tout cas question sur certaines habitudes qui ont visiblement la dent dure dans le peloton. Et chez des jeunes coureurs en prime. Le Stilnox faisait presque figure de mythologie, avec ses histoires des années ’90, les années noires de la Petite reine. Il réapparaît dans l’actualité par la petite fenêtre, au grand dam des supporters, qui doivent en plus faire face aux dernières révélations concernant le Britannique Chris Froome (Sky), avec son utilisation peut-être trop intensive du Salbutamol. Les suspicions refont malheureusement surface, le choix de LottoNL-Jumbo de suspendre ces coureurs pris la main dans le sac montre au moins que certaines équipes comprennent comment réagir et mener une tolérance zéro. C’est aujourd’hui comme cela que le peloton peut renforcer sa crédibilité.