Le débat a une nouvelle fois fait rage sur les réseaux sociaux entre différents fans de la Petite reine. Tout est parti de cet arrêt de Tom Dumoulin (Sunweb) au pied de l’Umbrailpass, dernière ascension de la 16e étape du Tour d’Italie. Le Néerlandais, maillot rose sur les épaules, a dû dézipper sa tunique afin de respecter une pause “naturelle”. “Quand tu dois y aller, tu dois y aller”, répliqua-t-il à l’arrivée, concernant cet arrêt, qu’il avait déjà dû réaliser sur le Tour de France 2016, sous l’hilarité des réseaux sociaux. Cette fois, vu sa position de leader du premier Grand Tour de l’année, la situation a moins fait rire. Le maillot rose allait-il donc devoir changer de couleur à cause d’une envie trop pressante ? Vu son nouveau statut de N.1 du classement général, ses adversaires ne devaient-ils pas attendre le patron explicitement annoncé de ce Giro ? Le débat était lancé.
Avec plus de deux minutes de retard à combler, Dumoulin ne semblait pas forcément en difficultés à ce moment de la course, même s’il ne disposait plus que de Laurens Ten Dam pour l’épauler dans ce final abrupt, après avoir déjà affronté le Mortirolo et le Stelvio. Sauf qu’en tête du peloton, les Katusha-Alpecin en décidaient autrement et lançaient l’ascension à toute berzingue, suivis de l’équipe Bahrain-Merida. Au grand dam de Dumoulin. Et de certains téléspectateurs qui s’indignaient de cette décision des adversaires du Limbourgeois de faire la course sans attendre le leader, bousculé par un problème sanitaire. Si ce n’est médical.
La règle est implicite dans le peloton : on n’attaque pas le leader du classement général si ce dernier est victime d’un incident mécanique ou d’un problème indépendant de sa volonté. Alors, un souci à l’estomac est-il imputable au Néerlandais ? La course s’est en tout cas poursuivie. Mais à un faux rythme. En effet, aucun favori ne se montrait. Il fallait attendre les trois derniers kilomètres de l’Umbrailpass pour voir Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), Nairo Quintana (Movistar), Domenico Pozzovivo (Ag2r-La Mondiale) et Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin) attaquer enfin, alors que Dumoulin limitait jusque-là les dégâts, en solo. Nibali filait ensuite au sommet pour réaliser une descente dont il a le secret, reprendre Mikel Landa (Sky), parti depuis l’échappée matinale, et déborder l’Espagnol sur la ligne d’arrivée à Bormio pour conquérir son septième succès d’étape sur le Giro.
Dumoulin, lui, arrivait 2:17 plus tard, après avoir cravaché tant et plus dans ce final périlleux. Mais le Néerlandais peut s’estimer heureux de cette étape, au vu des dégâts que ses adversaires auraient pu faire dans ces derniers kilomètres. “Je ne suis pas fâché ou déçu par les autres équipes qui ne voulaient pas attendre. Ce n’était pas le moment de totalement s’arrêter car la nature m’a appelé”, explique ainsi le leader de Sunweb sur Twitter, confirmant que la course est malheureusement faite d’embûches parfois surprenants. Et malgré cet arrêt, Tom Dumoulin peut clairement encore croire à ce maillot rose jusque Milan !
Certes, la troisième semaine de ce centième Giro est encore longue. Mais le Néerlandais a prouvé sur cette ascension de l’Umbrailpass qu’il avait les capacités de tenir la roue des favoris de ce Giro, du moins jusqu’à un certain point. Et surtout, le fait de garder le maillot rose est une victoire mentale pour Dumoulin ! Il a gardé l’avantage sur ses adversaires malgré les deux minutes qu’il leur a accordé. Et surtout, il ne faut pas oublier qu’il reste un contre-la-montre individuel, le point fort du coureur de Sunweb. Et sur trente kilomètres dans la plaine, il peut clairement reprendre une minute sur tous ses rivaux au classement général. Nibali, Quintana et les autres vont donc devoir mettre en place une autre stratégie pour déboulonner ce diable de Batave.
Photos : La Presse/RCS Sport/Giro d’Italia