Le début de saison sourit toujours aux cyclistes belges

Six victoires belges au 6 février : le peloton noir-jaune-rouge n’avait plus connu un tel bilan en début de saison depuis 2014.
Maxim Van Gils Vainqueur Saudi Tour 2022 - ASO Pauline Ballet
Le Belge Maxim Van Gils (Lotto-Soudal) remporte la 2e édition du Saudi Tour à seulement 22 ans. – Photo : ASO/Pauline Ballet

Six victoires en deux semaines : les cyclistes belges vont bien, merci pour eux ! Malgré un début de saison raboté, les coureurs du plat pays ont enchaîné les succès probants sur divers terrains, confirmant la genèse d’une génération d’espoirs prêts à confirmer leurs ambitions déjà affichées dans les catégories de jeunes. Retour sur ces succès qui annoncent une saison intéressante pour le groupe belge.

Au 6 février 2022, la Belgique peut donc se targuer de mener le classement (fictif, entendons-nous bien) des victoires par pays. Six succès en deux semaines de compétition, c’est déjà un score probant. Surtout en le comparant aux précédentes saisons. En 2021, les coureurs belges avaient enchaîné deux succès à la même date. Comptez trois succès en 2020, deux en 2019, quatre en 2018… Il faut remonter à la saison 2014 pour découvrir un bilan aussi fringuant, notamment obtenu grâce aux quatre succès des coureurs de la Wanty sur la Tropicale Amissa Bongo, en janvier. Une épreuve qui n’a pas eu lieu cette année. Le bilan est ainsi impressionnant, particulièrement au vu des profils différents de chaque victoire.

Tim Wellens (Lotto-Soudal) a donc ouvert la voie le 28 janvier sur le Trophée Serra de Tramuntana, l’une des plus difficiles épreuves du Challenge de Majorque qu’il connaît presque par cœur. Le Limbourgeois de 30 ans s’était déjà imposé à deux reprises sur cette même course par le passé. Mais cette fois, il s’est défait au sprint d’Alejandro Valverde (Movistar) dans le sprint en montée de Lloseta pour signer son premier succès de la saison, deux jours après une quatrième place déjà prometteuse sur le tout aussi vallonné Trophée Calvia.

De Lie : « Incroyable de gagner dès ma troisième course »

Deux jours plus tard, sur le Trophée Palma de Majorque, un autre coureur de la Loterie Nationale belge brille, et c’est une surprise : le sprinter venu de la province du Luxembourg Arnaud De Lie. Déjà passé professionnel à 19 ans après une saison convaincante parmi les espoirs, le coureur formé au CC Chevigny s’est surpris lui-même en développant un sprint très propre et en puissance face à l’expérimenté Juan Sebastian Molano (UAE Team Emirates) et au jeune Sasha Weemaes (Sport Vlaanderen-Baloise). « L’équipe a tout misé sur moi. Ça ne m’a pas mis trop de pression, mais c’est clair que je voulais faire le meilleur résultat possible. (…) C’est incroyable de gagner dès ma troisième course chez les pros », se réjouit le sprinter au visage poupon. Et vu ses résultats enregistrés l’an dernier (5 succès dont le Tour de Bohémie du Sud), De Lie peut enchaîner les victoires sur des courses de ce type durant cette année de formation parmi les pros. Lotto-Soudal ne compte pas lui mettre une pression directe et veut avant tout qu’il apprenne. C’est notamment pour cela qu’il sera durant tout le printemps sur les classiques flandriennes, de Kuurne-Bruxelles-Kuurne au GP de l’Escaut, autre course pour sprinters qui peut l’aider à grandir comme sprinter.

Toujours le 30 janvier, voici qu’Amaury Capiot (Arkéa-Samsic) se dévoile aux yeux du grand public avec un succès au sprint sur le Grand Prix La Marseillaise. Déjà emmené par toute son équipe sur la Classique de Valence sans parvenir à concrétiser, le sprinter-puncheur limbourgeois de 28 ans signait à Marseille sa toute première victoire professionnelle. La confirmation d’une longue aventure de future pépite du sprint belge devenue poisson-pilote depuis son arrivée chez Arkéa-Samsic. « L’équipe m’a fait confiance. C’est une belle victoire pour eux et pour moi-même », confirme celui qui admet ambitionner des résultats tout aussi positifs sur les prochaines classiques flandriennes, malgré une équipe qui aura moins d’atouts sur ce type de tracé.

Evenepoel : « Je m’accorde un 8 sur 10 »

Le 2 février, le retour à la compétition de Remco Evenepoel (Quick Step-Alpha Vinyl) était scrutée par toute la presse belge, présente en masse sur le Tour de la Communauté de Valence pour suivre les premières montées de la nouvelle star belge du peloton. Et il ne décevait pas avec un succès dès la première étape au sommet de Torralba del Pinar. Avant de perdre le rythme des purs grimpeurs sur les pentes à plus de 15% de la montée vers Antenas del Maigmó. Pour finalement conclure l’épreuve valencienne en deuxième place derrière Aleksandr Vlasov (Bora-Hansgrohe). « Je n’ai perdu le maillot jaune qu’au cours des 500 derniers mètres de la troisième étape, ce n’est donc pas un drame en soi ! Une première course de telle ampleur, cela me donne réellement de belles perspectives pour la suite, une fameuse motivation, car j’ai encore tant de choses à apprendre », évoque le Brabançon de 22 ans qui a déjà enchaîné 23 succès depuis le début de sa jeune carrière professionnelle en 2019.

« Au bout de cette première semaine de course, je m’accorde un 8 sur 10, et un 9 par rapport au travail que j’ai effectué pour l’équipe. Je regrette évidemment d’avoir perdu le maillot jaune, mais je suis deuxième et j’ai le maillot blanc, il y a pire », confirme Evenepoel, désormais concentré sur le Tour d’Algarve, qui devrait mieux convenir à ses qualités de rouleur-grimpeur, avant Tirreno-Adriatico, en mars et le Tour du Pays Basque, en avril.

La surprise Van Gils

Une autre surprise a affolé les statistiques belges : la victoire du grimpeur anversois Maxim Van Gils (Lotto-Soudal) sur la 4e étape et le classement général du Saudi Tour, un Tour d’Arabie Saoudite qui s’est ouvert aux grimpeurs le temps d’une étape pour costauds. Le coureur de 22 ans a survécu aux bordures dans le désert avant de déborder l’Italien Andrea Bagioli (Quick Step-Alpha Vinyl) dans la montée vers Harrat Uwayrid avec ses 3 kilomètres à 12% de moyenne, atrocité qu’on ne connaît d’habitude que sur les plus fortes pentes espagnoles.

Van Gils s’est imposé en solitaire, en patron, pour confirmer ses deux premiers succès professionnels ce week-end. Lui qui s’était jusqu’ici dévoilé chez les jeunes avec un succès de prestige sur la Classique des Alpes avant des places d’honneur en 2021, sur le Tour de Wallonie (7e) ou la Clasica San Sebastian (12e). « Je ne sais pas vraiment quel type de coureur je veux devenir, vers quel secteur je serai le plus performant. Actuellement, je pense que les courses à étape, jusqu’à dix jours maximum, peuvent me convenir. Mais j’avoue que je lorgne aussi sur les classiques », explique le discret coureur belge qui avait misé sur ce Saudi Tour en toute retenue avec le nouveau directeur sportif de Lotto-Soudal, Allan Davis, cet hiver. Et cela a parfaitement réussi. Van Gils ne veut toutefois pas aller trop vite. Il sera sur le Tour d’Andalousie, mais n’envisage pas encore de passer leader. « Cela dépendra des conditions et de ma récupération après ce Saudi Tour », avoue celui qui a gagné… mais aussi chuté lourdement en début de semaine. Pas de précipitations, donc.

Qu’attendre désormais du peloton belge ? Le bilan est déjà intéressant, et il peut encore s’améliorer avec les reprises annoncées dans les prochaines semaines de Wout van Aert, Jasper Stuyven, de Tiesj Benoot (sur le Circuit Het Nieuwsblad), de Tim Merlier (sur le Tour d’Algarve), de Jasper Philipsen (sur l’UAE Tour) ou encore de Mauri Vansevenant (sur le Tour d’Andalousie). Sans oublier que d’autres se sont déjà affichés sur les places d’honneur avec l’ambition de décrocher la timbale prochainement comme Timothy Dupont (Bingoal Pauwels Sauces WB), Greg Van Avermaet (Ag2r Citroën Team) ou encore Piet Allegaert (Cofidis). Les coureurs capables d’engranger les succès ne manquent donc pas. Avec l’espoir d’obtenir un meilleur résultat qu’en 2021, saison durant laquelle les cyclistes belges avaient enregistrés 79 succès, soit le bilan le plus faible depuis 2012 (sans compter la saison 2020 particulière en raison des nombreuses annulations). Le nombre est désormais noté, il reste à souhaiter bonne chance au reste du peloton noir-jaune-rouge. 

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