Cyclo-cross : des primes de plus en plus égales entre les femmes et les hommes, mais…

Le quotidien Het Nieuwsblad a révélé ce lundi les primes obtenues par les cyclo-crossmen et cyclo-crosswomen tout au long de l’hiver, au lendemain de la dernière épreuve de l’Ethias Cross à Hulst.

Le quotidien Het Nieuwsblad a révélé ce lundi les primes obtenues par les cyclo-crossmen et cyclo-crosswomen tout au long de l’hiver, au lendemain de la dernière épreuve de l’Ethias Cross à Hulst. Il s’avère que l’écart entre les femmes et les hommes est de plus en plus mince. Mais il reste encore du chemin avant d’obtenir l’égalité entre coureurs et coureuses.

La saison des labourés n’est pas terminée selon le calendrier UCI. Le week-end prochain, à Louvain et Oostmalle, certains spécialistes qui veulent prolonger l’hiver se produiront une dernière fois dans les champs. Ils ne se disputeront tout simplement pas les principaux classements de régularité internationaux, désormais clôturés. Le Superprestige, le Trophée DVV/AP Assurances, et la Coupe du monde ont livré leur verdict, il est désormais temps de faire les comptes. Et le quotidien Het Nieuwsblad a été plus loin qu’un simple bilan sportif. Il a également fait le point sur les primes obtenues par les coureurs et coureuses durant ces six mois de compétition. Les primes d’arrivée, et non celles de départ (monnaie courante dans le monde du cyclo-cross) ou les salaires. Et à ce jeu, Eli Iserbyt et Ceylin Del Carmen Alvarado sont les principaux gagnants de l’hiver.

Van der Poel, seulement 4e

Grâce à sa victoire sur le Trophée DVV, et à sa constance sur la plupart des cyclo-cross de la saison, Eli Iserbyt se porte en tête du classement des gains avec 108 380 euros, devant le vainqueur de la Coupe du monde Toon Aerts (75 125 euros), le champion de Belgique et vainqueur du Superprestige Laurens Sweeck (75 020 euros) et le champion d’Europe et champion du monde Mathieu Van der Poel (66 000 euros). Et si ce dernier, qui a gagné 24 cyclo-cross cet hiver, ne se classe que quatrième de ce classement, cela n’est dû qu’à son absence en tête des principaux challenges de régularité, vu sa décision de démarrer plus tard et de terminer plus tôt. Iserbyt, par contre, a été constant de septembre à février et s’est montré parmi les plus fiables tout au long de la saison.

Plus de 120 000 euros pour Alvarado

Chez les dames, c’est la championne du monde Ceylin Del Carmen Alvarado (Alpecin-Fenix) qui domine ce classement financier, avec 126 870 euros engrangés contre 97 280 euros pour sa rivale Annemarie Worst (777). Mais il y a une différence de taille, même s’il apparaît que les différences avec les hommes sont plus minces qu’auparavant : Alvarado a quasiment tout gagné cette saison, à l’exception du titre européen et de la Coupe du monde (gagnée par Worst). Et surtout, derrière les deux Néerlandaises s’est creusé un réel fossé vu que les suivantes pointent à moins de 50 000 euros de gains. Alors, l’égalité s’annonce-t-elle entre les hommes et les femmes ? On s’en approche sur certains points, mais le monde du cyclo-cross est encore très inégalitaire. Comme l’explique Ceylin Del Carmen Alvarado dans Het Nieuwsblad. « Ces gains sont plus élevés que mon salaire et mes primes de départ. En tout, nos revenus ne sont même pas proches de ceux des hommes, mais bon, nous sommes heureuses de pouvoir déjà toucher cela », confie la championne du monde.

Les dames et messieurs recevront les mêmes primes sur le Superprestige et le Trophée DVV

Un contrat et des primes de départ

Les hommes sont plus nombreux à bénéficier d’un contrat professionnel, et certains profitent du faible nombre de coureurs par équipe pour toucher un salaire conséquent, comme le confirme Eli Iserbyt dans le Nieuwsblad. S’il confirme avoir gagné plus en gains qu’en primes de départ, ses revenus principaux viennent surtout de son salaire. Ce qui est loin d’être le cas dans le peloton féminin, où seules Alvarado, Worst, Sanne Cant, Alice Maria Arzuffi ou Yara Kastelijn peuvent bénéficier de salaires plus élevés que la moyenne parmi ces spécialistes de la discipline hivernale. Et au niveau des primes de départ, la différence est quasiment de dix fois plus entre les revenus proposés aux meilleurs hommes (Mathieu Van der Poel en tête) par rapport aux dames.

En TV, les dames grimpent

Pourtant, les dames semblent clairement attirer de plus en plus les (télé)spectateurs.trices au fil de l’hiver. Selon les chiffres d’audience délivrés par le chercheur en économie du sport à la KU Leuven Daam Van Reeth, la différence entre les audiences des cyclo-cross féminins et masculins est clairement de plus en plus mince. Sur les épreuves disputées en 2019, et diffusées sur des chaînes gratuites (VTM et VRT), les dames ont gagné près de 12 000 téléspectateurs en moyenne par rapport à la saison précédente contre 9000 en plus pour les messieurs. Par contre, les audiences des courses féminines des championnats de Belgique et des championnats du monde ont été en baisse cette saison. Même si cela peut également s’expliquer par le fait que les courses se déroulaient cette fois le samedi, et non le dimanche, en prélude à la course masculine.

L’égalité financière peut-elle devenir une réalité à l’avenir ? L’Union Cycliste Internationale (UCI) travaille à égaliser les primes de ses compétitions, et avec la multiplication des épreuves de Coupe du monde dès l’hiver prochain, une harmonisation de ces primes entre les hommes et les femmes s’annonce plus clairement. Mais sur les autres épreuves de la saison, tant que les primes de départ resteront de mise, il sera compliqué pour les dames de rattraper le retard qui a longtemps été la norme dans cette discipline. Les courses féminines ont désormais droit aux directs télévisés comme les épreuves masculines, et cela peut changer sur le moyen terme la mentalité des organisateurs. En attendant, le combat pour l’égalité entre sportifs et sportives doit encore être poursuivi.

Photo : Alain Vandepontseele/Alain VDP Photography

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