Deux courses, une même irresponsabilité pour la sécurité des cyclistes

Deux exemples sur le cyclo-cross de Benidorm et le Tour de San Juan confirment la nécessité de sanctions contre les organisateurs.
Sprint dangereux Wout van Aert Mathieu Van der Poel Benidorm

Cela devient une rengaine connue et malheureuse : quand est-ce que l’Union Cycliste Internationale va remettre la sécurité des cyclistes en priorité et prendre des mesures contre les organisations qui mettent en danger celles et ceux qui font ce sport ? Deux exemples flagrants ont à nouveau mis la lumière sur cette problématique, ce week-end.

D’abord, à Benidorm. L’avant-dernière manche de la Coupe du monde de cyclo-cross se déroulait pour la première fois dans cette station balnéaire bien connue de la péninsule ibérique. Le lieu, idéal pour les cyclistes en stage sous le soleil baignant cette région, proposait en prime un parcours intéressant avec ce passage par deux parcs, un dénivelé important, quelques passages techniques. Mais le final de ce circuit intéressant sur papier était proprement scandaleux. Comme le rappelle l’ancien champion du monde junior de cyclo-cross Jens Dekker, qui propose régulièrement un décryptage des principaux circuits de l’hiver sur son site, les organisations sont soumises à des règles de la part de l’UCI pour dessiner un circuit adapté et sécurisé. Avec notamment une longueur et une largeur minimales pour la ligne droite finale d’un cyclo-cross, afin d’éviter une arrivée dans un goulot ou à la sortie d’un virage en angle droit… À Benidorm, on n’en était pourtant pas loin avec un dernier virage situé à moins de 50 mètres de la ligne. Impossible pour deux coureurs de terminer la course côte à côte et de tenter un sprint “propre”.

“Quand j’ai revu les images, c’était encore plus dangereux que ce que je pensais au départ. J’étais toujours dans la roue de Mathieu, donc je voulais sprinter jusqu’à la ligne. Mais à cause de ce virage, je me suis soudainement retrouvé très près des barrières. Heureusement, j’ai pu me retenir à temps”, réagit calmement Wout van Aert, bloqué entre les barrières et Van der Poel à la sortie de ce dernier tournant vers la ligne. Le danger était bien réel et pour le coup, l’organisation espagnole a plus songé à un beau plan télévisé (avec le centre de Benidorm dans le fond et des panneaux publicitaires bien placés) qu’à la sécurité des spécialistes du cyclo-cross…

Le soir même, le Tour de San Juan reprenait son cours après trois ans de pause suite à la crise sanitaire. Mais la première étape n’a pas marqué les esprits par le fort vent soufflant sur le peloton. Les images que retiendra le public seront celles de ces aménagements routiers à peine signalés alors qu’ils ont souvent séparé le peloton en deux. Quand cela se situe à plus de 60 kilomètres de l’arrivée, quand la tension n’est pas trop élevée, rien de grave. Mais quand les coureurs sont en pleine préparation du sprint final, à moins de 1 500 mètres de la ligne, cela devient problématique. Remco Evenepoel en a longuement discuté avec les commissaires de l’UCI à l’arrivée de cette première étape. Alors qu’il étirait le peloton dans les cinq derniers kilomètres, le champion du monde a été surpris quand il a cédé le relais avant la flamme rouge. “Nous sommes partis sur la gauche, car j’avais le sentiment que c’était la trajectoire la plus directe, mais le parcours de la course semblait prévoir qu’on passe à droite. Un peu plus loin, une dame a traversé la route juste devant moi !”, explique le Brabançon à La DH.

Cette séparation était à peine signalée et, outre Evenepoel et son sprinter Fabio Jakobsen, bon nombre de coureurs se sont retrouvés à gauche de la route et n’ont jamais pu reprendre les premières positions vu la vitesse et la dangerosité du final. “Ce n’est pas normal que la route se sépare de la sorte sans qu’on sache clairement où aller et que la chaussée soit ouverte sur ces deux parties… ”, ajoute Evenepoel dans La DH.

Ces deux exemples confirment que les organisations doivent plus prendre conscience que la sécurité des coureurs doit être garantie, qu’elle est primordiale pour assurer l’avenir du cyclisme. Les aménagements routiers sont évidemment de plus en plus présents et représentent un piège à éviter pour les organisateurs, mais ceux-ci doivent alors prendre les mesures nécessaires en ajoutant des stewards, des policiers, des panneaux… Mais chaque année, ces scènes dangereuses reviennent dans l’actualité. Il est temps que l’UCI prenne des sanctions : cela semble déjà être mené, discrètement, à l’image du Tour de Turquie, pointé pour des problèmes de sécurité l’an dernier, et qui est descendu des ProSeries au niveau .1 cette saison. L’organisation du Tour de San Juan sait donc ce qui lui pend au nez… Il reste désormais à ce que l’UCI communique clairement sur cette thématique.

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