Il est temps que le cyclisme professionnel prenne conscience de son impact environnemental

Deux vols en avion en trois semaines, des véhicules par dizaines… : le cyclisme professionnel se doit de montrer l’exemple dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce qui est encore loin d’être le cas malgré des projets en cours.
Derrière le peloton, les voitures sont encore nombreuses. – Photo : Alain Vandepontseele/Alain VDP Photography

Les images sur la montée de Peñas Blancas ont marqué les esprits : des kilomètres de forêts parties en fumée durant l’été. Des incendies plus fréquents qu’à l’accoutumée, la faute à un climat déréglé qui fait suffoquer le monde. Les conséquences d’activités humaines qui bouleversent le ciel, qui mettent à mal notre environnement. La prise de conscience se fait, lentement. Mais dans le domaine sportif, cette prise de conscience semble moins rapide encore.

Certes, certaines actions sont menées à l’image des équipes Movistar et Quick-Step Alpha Vinyl qui ont lancé des programmes destinés à compenser leurs émissions carbone tout au long de la saison par des plantations d’arbres ou d’autres actions en faveur de l’environnement. Il y a la mise en place d’un large programme de transition sur les grandes épreuves du WorldTour pour que les véhicules d’organisation soient électriques ou au moins hybrides. On peut aussi citer des initiatives individuelles comme celle de l’Espagnol Luis Angel Maté (Euskaltel-Euskadi), qui promet de planter un arbre par kilomètre d’échappée réalisé sur ce Tour d’Espagne.

Mais au-delà de tout cela, le cyclisme professionnel fait encore trop peu pour viser la neutralité carbone ou mieux gérer l’organisation de ses épreuves, de ses entraînements, de ses événements pour qu’elles soient plus respectueuses de l’environnement. L’Union Cycliste Internationale (UCI) a émis à l’été 2021 une série de directives pour assurer la «transformation» de son sport et proposer «des meilleures pratiques» pour «aider les organisateurs à organiser des événements durables qui maximisent les impacts positifs et minimisent les impacts négatifs sur les personnes et la planète». Mais ces directives restent pour l’instant des promesses, au vu des organisations actuelles.

« Des mesures urgentes »

Rien que sur la Vuelta, le peloton a déjà pris l’avion à deux reprises, entre les Pays-Bas et le Pays Basque puis entre les Asturies et la Costa Blanca. Sans compter les kilomètres avalés par les camions de l’organisation et des équipes pour assurer toute la logistique derrière cet événement imposant. Le Tour de France et le Giro s’en sont pour leur part tenus à un vol, vu les départs à l’étranger (au Danemark et en Hongrie) qui n’aident pas à limiter les déplacements coûteux sur le plan environnemental.

«Le cyclisme en tant que sport doit également prendre des mesures urgentes pour réduire les impacts environnementaux négatifs des événements et de ses activités quotidiennes. Pour commencer, nous devons commencer à mesurer nos impacts, prendre des mesures pour les réduire et nous améliorer continuellement sur la voie du zéro net», rappelle justement l’UCI et c’est ce qui me semble le plus important à l’heure actuelle : se rendre compte de son impact. Certes, le vélo a cette image de transport propre et son utilisation reste privilégiée dans les villes, en tant qu’alternative à la voiture. Mais sur les courses cyclistes sur route, pour plus de 160 vélos présents dans chaque peloton, il y a autant voire bien plus de véhicules motorisés autour. Que ce soient les équipes, l’organisation, la caravane publicitaire, les médias,…

Construire le parcours d’une course cycliste demande de nombreuses contraintes, entre les obstacles urbains qui augmentent, les routes parfois en mauvais état, les édiles locaux qui ne souhaitent pas bloquer des voiries pour quelques heures… Mais il serait temps que les organisations envisagent également de regarder à l’impact environnemental de leur parcours, notamment au niveau des transferts, qui coûtent en énergie tant sur le plan environnemental que humain (la fatigue s’accumule avec les kilomètres, même hors du vélo). Et les équipes peuvent également apporter leur pierre à l’édifice. Pas seulement en compensant leurs émissions carbone comme certaines formations le font déjà, mais aussi en envisageant des voyages moins nombreux, des stages plus proches, des entraînements collectifs plus nombreux… Le cyclisme professionnel a également sa part d’exemple à afficher. Au risque que le vélo et le cyclisme sur route deviennent à terme des opposés.


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