Les 10 coureurs à suivre sur le Tour de France 2020 : de Bernal à Van Aert, tous les doutes sont permis

Cette 107e édition du Tour de France s’annonce indécise, de par la reprogrammation du calendrier, la forme actuelle des favoris annoncés et le bluff de ces concurrents au maillot jaune qui entretiennent le mystère quant à leurs blessures passées.
Peloton Descente col de la Madeleine - 3e étape Critérium du Dauphiné 2020 - ASO Alex Broadway
Peloton Descente col de la Madeleine – 3e étape Critérium du Dauphiné 2020 – ASO Alex Broadway

Un duel INEOS-Jumbo Visma pour le général ? Un huitième maillot vert pour Peter Sagan ? Un triomphe des purs grimpeurs à l’aube des Champs-Élysées ? Cette 107e édition du Tour de France s’annonce indécise, de par la reprogrammation du calendrier, la forme actuelle des favoris annoncés et le bluff de ces concurrents au maillot jaune qui entretiennent le mystère quant à leurs blessures passées. Sur cette Grande Boucle au parcours particulièrement montagneux, il faudra pourtant bien se montrer audacieux pour espérer conquérir le jaune. Avec un avantage certain pour les équipes qui disposent de plusieurs cartouches en altitude…

Découvrez notre présentation complète, étape par étape, du parcours de ce 107e Tour de France (cartes et profils)

Egan Bernal (Col, INEOS Grenadiers)

La fin d’un règne ? Pas si vite. Il est vrai que pour la première fois en neuf ans, l’équipe INEOS Grenadiers (ex-INEOS, ex-Sky) n’arrive pas au départ du Tour de France avec le rôle de favori n°1 et la pancarte d’équipe à battre, impossible à anéantir dans les longs cols français. La formation de Dave Brailsford a été poussée dans les cordes tant sur le Tour de l’Ain que sur le Critérium du Dauphiné par le collectif de la Jumbo-Visma, qui reprend ses codes, sa domination, sa justesse dans les finales. Alors, le manager britannique a dû se résoudre à prendre une décision qui en a choqué plus d’un outre-Manche : déroger à la tradition nationale pour s’appuyer sur une paire sud-américaine. Pour la première fois de son histoire, INEOS Grenadiers ne comptera que sur un Britannique dans ses rangs sur le Tour de France, le Gallois Luke Rowe, qui se muera en partenaire et protecteur idéal dans la plaine. Chris Froome, quadruple vainqueur du Tour de France, et Geraint Thomas, vainqueur du Tour de France 2018, sont renvoyés à la maison, se préparant respectivement pour le Tour d’Espagne et le Tour d’Italie.

Les deux coureurs britanniques n’ont su donner des garanties quant à leur condition, malgré leur envie de bien faire tant sur la Route d’Occitanie, sur le Tour de l’Ain, que sur le Critérium du Dauphiné. À trois reprises, les INEOS ont essayé de relancer leur tactique habituelle du train de montagne accélérant au fil des pourcentages jusqu’à envoyer sur orbite le leader annoncé. À trois reprises, le train a déraillé face à une équipe Jumbo-Visma toujours très solide. Dave Brailsford se devait de prendre une décision : Egan Bernal semble le plus costaud de son équipe actuellement, malgré ses problèmes de dos au Dauphiné, il sera le leader, et il sera épaulé par une équipe constituée plutôt de lieutenants libres que d’équipiers fidèles jusqu’au dernier kilomètre. Alors, Bernal sera accompagné du surprenant vainqueur du dernier Giro, l’Équatorien Richard Carapaz qui avait montré lors de ce Tour d’Italie qu’il pouvait faire voler une course en éclats grâce à ses attaques en altitude. Il aura également avec lui le Russe Pavel Sivakov, grimpeur venu des Pyrénées qui brillait déjà chez les espoirs avant de confirmer ses prestations cette saison sous le maillot noir et rouge de la formation britannique. Il comptera également sur Michal Kwiatkowski, grimpeur parmi les braves, qui peut également jouer les éclaireurs pour bouleverser la course, tout comme Andrey Amador, le grimpeur costaricien piqué à la Movistar.

La tactique a du sens. Déjà l’an dernier, Egan Bernal n’avait pas eu besoin de train pour se montrer le meilleur dans les cols, et avait joué la carte offensive pour conquérir son premier Tour de France. Et cette fois, au lieu d’un Thomas souvent incertain en montagne, il aura à ses côtés un grimpeur sud-américain de renom, capable de contrôler Primoz Roglic et autres favoris pendant que Bernal partira vers les cimes, et vice versa. Évidemment, des doutes peuvent persister quant à l’état de santé des deux hommes : Bernal est sorti du Dauphiné avec des maux de dos, et Carapaz a valsé sur le Tour de Pologne, lui causant des problèmes à la cuisse. Les deux hommes sont depuis lors restés discrets, et les voici au départ de ce 107e Tour de France avec une casquette de co-leader qui devrait leur permettre de mener le feu d’artifices en altitude. Cette fois, les INEOS Grenadiers veulent montrer que leur tactique peut aussi évoluer avec le temps.

Primoz Roglic (Slo, Team Jumbo-Visma)

L’homme des courses par étapes, c’est lui. Depuis deux ans, le Slovène Primoz Roglic enchaîne les victoires, le plus souvent en montagne. Costaud dès que la pente s’élève, il se révèle également comment une parfaite tour de contrôle, se plaçant dans la roue de ses rivaux quand il le faut, attaquant dans le dernier kilomètre quand ces derniers se sont cramés, jouant plutôt les secondes avec ses adversaires directs au classement plutôt que la victoire d’étape. Le leader de la Jumbo-Visma sait qu’un classement général se joue sur la régularité et en profite pour asseoir sa suprématie à des moments bien choisis. Depuis 2018, Roglic a gagné le Tour du Pays Basque, le Tour de Romandie (2x), le Tour de Slovénie, l’UAE Tour, Tirreno-Adriatico, le Tour d’Espagne et le Tour de l’Ain. Un ogre, qui peut tant faire la différence en montagne que sur les contre-la-montre. Et cette saison, il n’était pas loin de faire le carton plein sans une mauvaise chute sur l’avant-dernière étape du Dauphiné qui a failli le déstabiliser en vue du Tour.

Car durant ces deux dernières semaines, des doutes avaient clairement été posés par l’intéressé sur la télévision slovène, puis par sa compagne, qui vient juste de sortir un livre en Slovénie concernant son champion de mari. Finalement, Roglic a annoncé ce jeudi qu’il sera bien au départ de ce 107e Tour de France, sans toutefois donner plus de précisions quant à son état de santé. A-t-il bien retrouvé ses sensations d’avant-Dauphiné ? Car cela va piquer d’entrée sur cette Grande Boucle avec l’étape de montagne autour de Nice dès dimanche, et la première arrivée en altitude, à Orcières-Merlette, dès la 4e étape.

Primoz Roglic a en tout cas rarement feint, et n’a jusqu’ici pas montré de grands signes de faiblesse, hormis cette chute. Le champion de Slovénie sait qu’il bénéficie d’un collectif solide, malgré l’absence de Steven Kruijswijk, forfait suite à une autre embardée sur le Dauphiné. Il tient également l’ascendant psychologique sur les INEOS Grenadiers, qu’il a à chaque fois tenu tête sur tous les sommets du Tour de l’Ain puis du Dauphiné. Le parcours est en outre taillé pour ses qualités, avec en prime un contre-la-montre final sur les pentes de La Planche des Belles Filles qui pourrait lui permettre de prendre en plus l’ascendant. Roglic est également un perfectionniste qui se concentre sur sa tâche. Loin des caméras, il n’est pas loquace comme Sagan, et préfère « éviter de lâcher de l’énergie dans des occupations périphériques ». Alors, le Slovène roule, gagne, récupère, et recommence. Et au vu de sa gestion du Tour d’Espagne remporté en 2019, Roglic a tout en mains pour conquérir un premier maillot jaune.

Primoz Roglic Vainqueur 3e étape Critérium du Dauphiné - ASO Alex Broadway

Tom Dumoulin (P-B, Team Jumbo-Visma)

Et si la surprise émanait d’un autre grimpeur de la Jumbo-Visma ? Car sur le Dauphiné, le Néerlandais Tom Dumoulin, vainqueur du Tour d’Italie 2017, a confirmé qu’il était bien sur le retour. Après un an d’absence depuis une lourde chute qui l’a touché au genou sur le Tour d’Italie 2019, le coureur limbourgeois a enfin montré des signes de vigueur, enchaînant le travail pour son leader désigné Primoz Roglic puis les attaques pour tenter de s’offrir un classement rassurant à l’aube du Tour de France. Après tous ces mois de galère, Dumoulin retrouve enfin le sourire, en plus de retrouver les jambes. Certes, le tracé de ce Tour n’est a priori pas taillé pour un spécialiste des contre-la-montre comme lui. Mais Dumoulin s’est préparé spécifiquement ces derniers mois pour épauler son N°1 dans les hauts cols, et cela semble porter ses fruits. Le Néerlandais est clair à ce sujet, il veut d’abord se mettre au service de l’équipe : « Si je ne suis pas le meilleur, je ne veux pas qu’on roule pour moi. Si nous sommes tous sur cette même ligne, nous pouvons montrer quelque chose de grand. Notre objectif est de gagner le Tour en équipe », déclare-t-il à Vélo Magazine.

Car depuis lors, le trio de leaders (avec Steven Kruijswijk) s’est transformé en duo. Et si la blessure de Primoz Roglic se réveille, Tom Dumoulin pourrait clairement être un leader de substitution idéal pour une équipe néerlandaise qui ne demande que cela comme publicité supplémentaire. Car même si la Jumbo-Visma a repris la tactique des INEOS en lançant un train asphyxiant le reste du peloton dans les cols, Dumoulin restait très souvent jusqu’au dernier moment avec le groupe des favoris, confirmant que malgré son travail d’équipier de luxe, le Néerlandais en a encore dans le moteur pour tenir. La seule inconnue concerne sa récupération, lui qui n’a plus couru plus d’une semaine en course depuis le Tour de France 2018, qu’il avait terminé en deuxième position en tant que leader unique de la Sunweb. Il reste toutefois confiant en sa forme et sa capacité de reprendre un rôle de leader si nécessaire. « Une fois qu’un leader se sera dégagé dans l’équipe, nous roulerons pour lui. Nous devons accepter ce rôle », lance-t-il encore. Confirmant que chez Jumbo-Visma, la quantité peut aussi faire la qualité.

Thibaut Pinot (Fra, Groupama-FDJ)

Toute la France l’attend comme le futur vainqueur français d’un Grand Tour. Mais Thibaut Pinot le dit lui-même dans le quotidien L’Équipe : il ne veut « plus rêver ». « C’est sûr que j’ai envie de gagner le Tour, mais je ne me lève pas le matin en me disant « il faut que je gagne le Tour, il faut que je gagne le Tour ». Si ça doit arriver, ça arrivera », explique-t-il plus clairement encore. Après son échec de l’an dernier, terrassé par une mystérieuse blessure au genou malgré une 5e place au classement général et une victoire d’étape mythique sur le Tourmalet, le leader de la Groupama-FDJ ne veut pas se mettre plus de pression sur les épaules. S’il dit bien avoir mieux digéré cet abandon sur le Tour 2019 que celui sur le Giro 2018 (NDLR : il avait abandonné la veille de l’arrivée pour une pneumonie alors qu’il était encore 3e du général), Thibaut Pinot évite le haut de l’affiche, pour se concentrer sur un rôle d’outsider qui peut être un poil à gratter pour les Jumbo-Visma et les INEOS Grenadiers sur ces étapes qui invitent à l’offensive.

« J’ai eu tellement d’échecs dans ma carrière que je ne me fixe plus rien. J’ai du mal à me projeter sur la troisième semaine du Tour. C’est dur pour moi de parler du maillot jaune, on entre dans une sphère de rêve », dit-il encore. Et pourtant, il a confirmé sur la Route d’Occitanie (4e) et sur le Critérium du Dauphiné (2e, malgré une première place provisoire au départ de la dernière étape) qu’il avait les jambes qui tournent bien, et une équipe qui reste solide. Il lui manquait certes un David Gaudu au meilleur de sa forme, mais sur ce Tour, encore une fois, la Groupama-FDJ lui fait entièrement confiance et lui propose un rôle de leader qu’il sait désormais gérer. Il faut désormais cette dose de chance nécessaire à tout champion pour s’offrir ce qui serait sa plus belle victoire. Car au niveau de l’esprit, Pinot a clairement ce qu’il faut. Et sur ces étapes de montagne qui vont s’enchaîner en première semaine de compétition, nul doute que le Vosgien aura envie d’attaquer les grands favoris, comme il l’a proposé l’an dernier.

Thibaut Pinot - Peloton 3e étape Critérium du Dauphiné 2020 - ASO Alex Broadway

Tadej Pogacar (Slo, UAE Team Emirates)

Troisième du dernier Tour d’Espagne avec trois victoires d’étape dans son escarcelle, le Slovène Tadej Pogacar apparaît comme l’une des révélations attendues de ce Tour de France. Le grimpeur de 21 ans a impressionné pour sa première saison parmi les pros sur l’ensemble des courses par étapes auxquelles il a participé (victoires au Tour d’Algarve et au Tour de Californie), et souhaite désormais confirmer ces prestations en 2020, malgré l’interruption due à la crise sanitaire du Covid-19. Cette saison devait aussi être celle de l’apprentissage, avec une découverte des classiques (il a déjà terminé 13e du Strade Bianche et 12e de Milan-Sanremo, avant de découvrir le Tour des Flandres fin octobre). Alors, doit-on déjà attendre Pogacar à son meilleur niveau sur cette Grande Boucle ? Le leader d’UAE Team Emirates aura en tout cas toute une équipe à son service, avec les Italiens Fabio Arù et Davide Formolo, le Slovène Jan Polanc et l’Espagnol David De La Cruz, comme lieutenants en montagne.

Pogacar a surtout la possibilité de dynamiter la course, comme il avait pu le faire sur le Tour d’Espagne. Surtout, il affiche une grande régularité, et a une capacité de récupération qui peut lui permettre d’aller conquérir un podium à Paris. Du moins au vu du parcours proposé avec quelques cols à hauts pourcentages qui lui conviendront mieux que des longs cols éreintants. Son seul problème est qu’il sera désormais plus surveillé que sur le dernier Tour d’Espagne, sur lequel il débarquait en novice. Cette fois, Pogacar est bien plus qu’un débutant : il fait partie des outsiders pour le maillot jaune.

Nairo Quintana (Col, Team Arkéa-Samsic)

Enfin, Nairo Quintana arrive en tant que seul leader de son équipe sur le Tour de France. Après des années de cohabitation à la Movistar, le Colombien a décidé cette année de tenter sa chance avec l’équipe française Arkéa-Samsic qui avait annoncé dès sa signature qu’il sera le leader unique de la formation pour la conquête du maillot jaune. Même le sprinter du groupe, Nacer Bouhanni, n’a pu bénéficier d’une place au sein d’une équipe de grimpeurs destinée à soutenir au mieux le coureur de Cómbita sur les routes françaises. Toujours dans le Top 10 du Tour de France depuis 2013, Quintana a souvent dû baisser pavillon en cours de Tour, en raison d’une blessure physique ou psychologique. Cette fois, il aura tout un groupe à ses côtés, il ne veut pas se manquer.

Et au vu de son début de saison, pré-coronavirus, Quintana avait les jambes nécessaires pour se replacer parmi les grands favoris pour le Tour de France, avec ses victoires sur le Mont Ventoux lors du Tour de la Provence, ou sur le Col d’Éze lors du Tour des Alpes Maritimes et du Var, ou encore sur le col de La Colmiane lors de Paris-Nice. Ces deux derniers cols seront d’ailleurs escaladés en début de Tour de France, ce week-end. Mais depuis son retour à la compétition, le Colombien de 30 ans a été moins en vue. Troisième du Tour de l’Ain après une belle grimpée du Grand Colombier, il est resté en deuxième rideau sur le Critérium du Dauphiné, qu’il a dû quitter lors de la dernière étape en raison de problèmes au genou. Nairo Quintana affirme aujourd’hui être en meilleure forme, et avoir corrigé ces petits soucis physiques. « Je ressens moins de pression que par le passé », explique le leader d’Arkéa-Samsic qui estime que le duel attendu entre les Jumbo-Visma et les INEOS Grenadiers pourrait justement lui profiter.

Julian Alaphilippe (Fra, Deceuninck-Quick Step)

Certains osent dire que Julian Alaphilippe est loin de sa version 2019. Pourtant, le coureur français a montré ces dernières semaines qu’il monte en puissance en vue du Tour de France. « De ce que j’ai vu à Milan-Sanremo, il me semble aussi en forme qu’en 2019 », estime d’ailleurs Thibaut Pinot. Deuxième de la Primavera derrière l’homme en forme du moment, Wout van Aert, le coureur français a encore essayé de dynamiter le Critérium du Dauphiné sur les deux étapes menant vers les hauteurs de Megève. Certes, il a été par deux fois battu par plus fort, et son explosivité n’est pas aussi expressive que l’an dernier. Mais Alaphilippe semble bien aller de mieux en mieux et devrait donc arriver avec la bonne condition physique sur ce Tour de France. Il aura en tout cas une nouvelle carte blanche pour briller sur cette Grande Boucle, même s’il ne visera toujours pas le maillot jaune, comme il l’a rappelé à chaque interview de début de saison, en France ou ailleurs.

Julian Alaphilippe ne se considère pas comme un coureur de Grand Tour et souhaite rester cet électron libre capable d’aller titiller les puncheurs-grimpeurs, sans penser au classement général. Du moins, pas celui au bout de trois semaines. Sa déception était légitime à la suite de l’étape arrêtée de Tignes, mais le Français était alors à un autre stade. Il avait montré qu’un esprit offensif pouvait le mener au sommet, mais il avait également bénéficié d’un contre-la-montre pour prolonger son bonheur. Cette fois, les étapes en ligne vont s’enchaîner, tout comme les hauts sommets, et le tracé semble donc moins propice à un exploit de 2019. Qu’importe : Alaphilippe sera bien là pour les victoires d’étape et risque donc de faire parler la poudre dès le week-end d’ouverture sur les hauteurs de Nice. Au plus grand bonheur du public… devant la télévision, bien sûr.

Julian Alaphilippe - Attaque 3e étape Critérium du Dauphiné 2020 - ASO Alex Broadway

Peter Sagan (Svq, Bora-Hansgrohe)

Recordman du nombre de victoires au classement par points, le Slovaque Peter Sagan partira cette année à la conquête d’un huitième maillot vert, confirmant sa gestion parfaite de ce classement qui a au fil des années tenté de démontrer qu’il n’était pas réservé aux seuls sprinters. Sagan le sait bien et en profite pour enchaîner les échappées lui permettant de rafler des points importants, que ce soit dans les étapes de transition ou même les étapes de haute montagne. Cette année encore, vu le profil particulièrement montagneux de ce 107e Tour de France, il devra à nouveau se montrer offensif pour aller chercher ce maillot vert. Surtout que cette année, les sprinters se sont faits plus rares sur la route du Tour, avec des absents de renom comme le champion de France Arnaud Démare, le Colombien Fernando Gaviria ou le puncheur au profil similaire à Sagan, l’Australien Michael Matthews, récent vainqueur de la Bretagne Classic.

Cela n’empêchera pas Sagan de se méfier. Si Caleb Ewan, Elia Viviani ou Sam Bennett viseront avant tout les victoires d’étapes sur les quelques emballages massifs qui s’annoncent, notamment en deuxième semaine de course ou du côté de Paris, d’autres coureurs en forme pourraient venir perturber les plans d’un Slovaque qui a semblé moins vif que ces dernières années, au vu de sa 4e place obtenue tant sur Milan-Turin que sur Milan-Sanremo. Le champion d’Europe Giacomo Nizzolo, également champion d’Italie après un sprint victorieux sur un tracé très vallonné, peut également tirer son épingle du jeu et tentera certainement de surprendre Sagan dans l’une ou l’autre échappée pour aller conquérir un classement par points qui reste accessible. Sagan est prévenu.

Wout van Aert (Bel, Team Jumbo-Visma)

L’équipe Jumbo-Visma ne compte pas que des grimpeurs dans son groupe. Le rouleur Tony Martin fera office de tête de gondole dans la plaine, alors que Wout van Aert sera pour sa part attendu comme équipier de luxe dans les étapes plus vallonnées, qui réclament tant de la puissance que de l’explosivité. Vainqueur du Strade Bianche et de Milan-Sanremo, le coureur belge a également montré sur le Critérium du Dauphiné qu’il pouvait briller également en montagne, dans le rôle d’équipier de luxe. Vainqueur d’étape et du classement par points, il n’a pas hésité à se mettre à plat ventre pour ses leaders dans les deux dernières étapes de haute montagne, s’offrant même le luxe de tenir jusqu’à l’aube de la montée finale vers l’altiport de Megève dans la dernière étape. Van Aert est dans la forme de sa vie et peut donc en profiter.

C’est d’ailleurs la question que tous les observateurs belges se posent : pourra-t-il seulement en profiter ? Après sa victoire sur le championnat de Belgique du contre-la-montre, jeudi dernier, Wout van Aert a affirmé qu’il ne gagnera pas le maillot vert. « Je suis motivé à l’idée d’aider mes équipiers, comme je l’ai fait sur le Dauphiné. Évidemment, si j’ai la chance, d’aller chercher un succès personnel, j’irai… mais je ne roulerai pas pour le maillot vert« , a-t-il confié à la VRT. Le coureur belge estime que ce travail pour le classement par points demande un investissement constant, qui n’est pas compatible avec son travail de protection de Roglic et Dumoulin. Un coup de bluff de la part du triple champion du monde de cyclo-cross ? Van Aert préfère lui envisager un tel objectif pour les prochaines années. Après tout, il n’a encore que 25 ans.

Wout van Aert - Peloton 4e étape Critérium du Dauphiné 2020 - ASO Alex Broadway

Philippe Gilbert (Bel, Lotto-Soudal)

Pour son dixième Tour de France, Philippe Gilbert arrive avec un statut de capitaine de retour, sur des terres qu’il connaît bien. Nice et ses montagnes, c’est son terrain de jeu quotidien. Alors, le Remoucastrien sera logiquement attendu comme chasseur d’étapes sur ces routes. Surtout, il voudra certainement prouver qu’il a encore les jambes pour bien figurer sur des étapes de moyenne montagne, après sa déception d’une non-sélection l’an dernier chez Deceuninck-Quick Step. Gilbert semble monter en puissance, au vu de ses récentes prestations sur le Tour de Wallonie. Il comptera surtout sur sa force tactique pour tenter de s’offrir un nouveau succès d »étape sur le Tour, depuis… 2011.

Ses deux victoires d’étapes sur le Tour d’Espagne confirment en tout cas que Gilbert est prêt à encore briller sur les Grands Tours, et il bénéficiera en prime d’attaquants hors pair à ses côtés, chez Lotto-Soudal, comme Thomas De Gendt ou Steff Cras. Les chances belges sont donc bien là, auxquelles on peut ajouter Tiesj Benoot, leader par défaut d’une équipe Sunweb qui jouera avant tout la carte offensive, et Ben Hermans, qui disputera son premier Tour de France avec l’envie de s’offrir un premier succès sur un Grand Tour. Sans oublier Greg Van Avermaet, au loin sur le championnat d’Europe mais toujours présent lorsque la pente s’élève.

Photos : ASO/Alex Broadway

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