Flèche Brabançonne – Hommes : INEOS Grenadiers enchaîne avec Sheffield, Evenepoel veut récupérer

À trois dans le bon coup, l’équipe INEOS Grenadiers s’offre le jackpot grâce au jeune Américain Magnus Sheffield, seulement âgé de 19 ans.
Magnus Sheffield - Vainqueur Flèche Brabançonne 2022 - Capture Sporza
L’Américain Magnus Sheffield (INEOS Grenadiers) remporte la Flèche Brabançonne masculine, le 13 avril 2022 – Photo : capture Sporza/VRT

Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre : l’équipe INEOS Grenadiers a collectivement frappé un nouveau coup, ce mercredi, sur la Flèche Brabançonne. Avec trois coureurs en permanence en tête dans les 50 derniers kilomètres, la formation britannique a fait la part belle à ses jeunes pousses. Et c’est le plus jeune, Magnus Sheffield, à peine 19 ans, qui a décroché le bouquet, en solitaire, sur un parcours qui aborde tout ce qu’il adore. Les Belges, eux, ont tenté de bousculer la classique, sans trouver la fenêtre idéale.

« Les prévisions météo n’annonçaient pourtant pas de pluie, ça disait juste 15% de chance de pluie… Finalement, on en a eu toute la journée. C’était horrible ». Le résumé de la journée émane de Tom Pidcock (INEOS Grenadiers), acteur de cette Flèche Brabançonne humide à souhait. Malgré les 15 degrés affichés fièrement sur la station-service installée près de la ligne d’arrivée, le ciel gris donnait un autre visage à cette course printanière déjà usante par son enchaînement de côtes dans la région des vignes brabançonnes. Pas question de sortir une bonne bouteille de blanc par ce crachin permanent, il valait mieux sortir les gants et les manchettes pour éviter le coup de froid. « C’était une course très, très, très dure, surtout avec la pluie. J’avais également assez froid », renchérit Remco Evenepoel (Quick Step-Alpha Vinyl).

Cela n’a pas empêché le Brabançon de mener ses meilleures accélérations à la sortie de quelques côtes abruptes du jour, pour confirmer sa position de favori du jour. Pas question de jouer en retrait : Evenepoel était prêt à mener, avec son équipier en arc-en-ciel Julian Alaphilippe, une course offensive. Le coureur belge trouvait rapidement des coureurs pour lui répondre : Benoît Cosnefroy (Ag2r Citroën Team), Tim Wellens (Lotto-Soudal), et surtout… trois coureurs d’INEOS Grenadiers, le vainqueur sortant Tom Pidcock et ses équipiers Ben Turner et Magnus Sheffield. Tous âgés de moins de 23 ans. À 50 kilomètres du jour, ils étaient déjà en tête avec en prime Warren Barguil (Arkéa-Samsic), Victor Campenaerts (Lotto-Soudal), Robert Stannard (Alpecin-Fenix) et Dylan Teuns (Bahrain Victorious), éliminés au fil des kilomètres de cette course au succès.

Alaphilippe chute… à cause de sa voiture

Les côtes se succédant, Evenepoel affichait sa fébrilité face à des INEOS particulièrement explosifs. « C’était une course dure, aujourd’hui. Je n’ai pas récupéré à 100% du Tour du Pays Basque, je sentais que j’avais encore de l’acide lactique dans les jambes », explique le leader belge du Wolfpack. « Dans les bosses, cela faisait mal. Dans la Hertstraat, je voyais que j’étais le moins fort du groupe, j’ai vraiment souffert. Cela allait mieux dans la Moskesstraat, pourtant ». Il ne pouvait pas non plus bénéficier du soutien d’Alaphilippe, coincé dans le peloton puis victime d’une chute… à cause d’une voiture de son équipe qui tentait de passer les coureurs sur la ligne d’arrivée. Un geste dangereux autorisé par le jury des commissaires. Et une faute tant du commissaire que du directeur sportif au volant.

La course usait encore les organismes sur le circuit local, sans qu’aucun coureur ne prenne toutefois les devants dans le groupe de tête. Les INEOS profitaient finalement de leur avantage numérique pour laisser Magnus Sheffield faire parler ses qualités de rouleur dans les 3,5 derniers kilomètres. Personne ne suivait : l’Américain pouvait savourer sur l’ultime difficulté sa deuxième victoire de la saison et sa première classique, à seulement 19 ans ! « Honnêtement, je ne m’attendais pas à une telle victoire, mais cette saison est pleine de surprises. Il y avait beaucoup de portions délicates, mais nous avons toujours bien réagi collectivement. J’ai tenté un dernier coup à l’approche de l’arrivée et ça a fonctionné », sourit, presque gêné, le natif de la côte Est des États-Unis. « Sur les classiques, on tente de profiter de notre supériorité numérique, je pense que c’est notre grande qualité en tant qu’équipe. Il y a beaucoup de jeunes dans le groupe, qui ont l’occasion de saisir leur chance. Les courses ont aussi changé, il y a beaucoup plus d’attaques, de spontanéité », analyse-t-il.

Sheffield : « Un penchant naturel pour les pavés »

Venu du cyclo-cross, comme Turner et Pidcock justement, cet ancien skieur a rapidement démontré ses qualités de puncheur et de rouleur. Mais surtout, il aime les courses d’un jour, comme la Flèche Brabançonne. « J’ai un penchant naturel pour les pavés. C’est le type de courses qui me plaît le plus. J’imagine que c’est aussi dû à mon physique : je suis quelqu’un avec une bonne musculature et de l’explosivité », dit-il. « Le ski m’a aussi aidé à bien analyser les trajectoires et les routes. Hier, on a reconnu le circuit à l’envers avec l’équipe, mais j’ai une bonne mémoire des virages, des traces à prendre. C’est une qualité pour ce type de classiques, notamment les courses pavées que j’apprécie particulièrement ».

Tout roule parfaitement chez INEOS Grenadiers en ce début de saison. Après le succès de Michal Kwiatkowski à l’Amstel Gold Race, voici le premier sacre de Sheffield. Cela peut-il encore se poursuivre à Paris-Roubaix et sur les classiques wallonnes ? « Nous avons une équipe jeune, sans grande expérience, mais voilà, on s’amuse. Il ne faut juste pas qu’on tombe dans l’excès de confiance », prévient Tom Pidcock. « Chez INEOS Grenadiers, j’espérais simplement rouler le plus possible et c’est ce qu’ils me permettent de faire : j’engrange de l’expérience. Et je sais que je peux profiter en prime de la confiance et de l’expérience des plus âgés comme Michal (Kwiatkowski) ou Dylan (van Baarle) », se réjouit pour sa part Sheffield, heureux du cocon proposé par l’équipe britannique, qui renouvelle son effectif avec ces jeunes au caractère offensif et qui évolue également vers un groupe au comportement moins robotique que par le passé.

« Je n’avais pas les jambes du meilleur Remco »

Remco Evenepoel, pour sa part, veut récupérer en vue des classiques wallonnes, après cette journée sous la pluie, conclue par une sixième place. « Une journée comme ça, je ne vais pas l’oublier. J’espère que les jambes, oui (sourire). Heureusement que j’ai une semaine pour récupérer désormais. J’ai su très vite que je n’avais pas les jambes du meilleur Remco », lance-t-il. Patrick Lefevere estime aussi que le Pays Basque a eu un rôle dans la course du jour : « J’ai l’impression que Remco (Evenepoel) et Julian (Alaphilippe) n’ont pas encore récupéré de leurs efforts au Pays Basque. Cela a été quatre journées très dures pour eux », rappelle-t-il, avant de prendre des nouvelles d’Alaphilippe, qui ne serait pas trop touché après sa mauvaise chute.

Evenepoel, pour sa part, n’a pas trop fulminé après son sprint manqué en raison d’un écart de Tim Wellens, sanctionné par le jury d’un déclassement (de la 3e à la 9e place). « Le jury a estimé que j’avais fait une faute en partant vers la gauche. Je ne pensais pas que c’était dangereux, je pensais que c’était à la limite, car on était assez lent au départ du sprint, mais il faut respecter la décision des commissaires », se défend le coureur hesbignon.

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Résultats de la 62e édition de la Flèche Brabançonne (Louvain > Overijse, 205.1 km) :

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