Netflix, un sauveur du cyclisme moderne ?

Netflix et ASO ont annoncé un accord pour la production d’une série sur le Tour de France. Un plan qui peut aider le peloton, mais à quel point ?
Conférence de presse Tadej Pogacar Vainqueur Tour de France 2021 - ASO Aurélien Vialatte
Le vainqueur du Tour de France 2021 Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) en conférence de presse après la 20e étape – Photo : ASO/Aurélien Vialatte

L’annonce avait été révélée le 3 mars dernier par le quotidien britannique The Telegraph : les producteurs de la série documentaire “Drive to Survive”, qui dévoile les coulisses de la Formule 1 depuis quatre saisons, sont en pourparlers avec ASO, organisateur du Tour de France, et avec plusieurs équipes masculines du WorldTour pour la production d’une série documentaire sur les mêmes bases, cette fois concentrée sur le Tour de France masculin. L’idée a rapidement fait son chemin parmi les fans de la Petite Reine, impatients de découvrir les dessous du peloton et les mystères du Tour entre deux séries Netflix.

L’information a été officialisée le 31 mars par voie de communiqué : ASO s’est bien associé avec Netflix et la société de production Quadbox (dont fait partie Box to Box Films, en charge de “Drive to Survive”) pour la diffusion d’une série documentaire de huit épisodes de 45 minutes. Le tout dans les coulisses de huit équipes qui participeront au Tour de France 2022, à savoir Ag2r Citroën Team, Alpecin-Fenix, Bora-Hansgrohe, EF Education-Easy Post, Groupama-FDJ, INEOS Grenadiers, Jumbo-Visma et Quick Step-Alpha Vinyl. Le tournage aura lieu entre mars et juillet 2022, confirmant que la série ne se concentrera pas seulement sur la course. Et la diffusion est prévue au premier semestre 2023 sur Netflix, tandis qu’un documentaire de 52 minutes, résumant l’ensemble de la série, sera diffusée sur France Télévisions avant le départ du Tour de France 2023.

Vu le format choisi et la société de production derrière ce tournage, l’idée semble claire de capitaliser sur le succès de “Drive to Survive” et d’espérer le même engouement que la série autour de la Formule 1. L’objectif est de mettre le cyclisme en avant dans des territoires où ce sport est encore vu comme ennuyeux ou exotique, comme les États-Unis, où les critériums et courses de gravel remportent un succès grandissant face à des compétitions sur route qui n’ont plus droit aux diffusions sur des chaînes nationales comme lors de l’ère Armstrong.

L’idée est évidemment intéressante : s’allier avec la principale plate-forme de vidéos à la demande, comptant plus de 220 millions d’abonnés à travers le monde, et avec la société qui a remis à la page la F1 semble logique pour booster l’intérêt d’un sport qui cherche constamment à se rapprocher d’un certain public. Cela peut servir le cyclisme sur route masculin (les équipes féminines ne sont pas annoncées comme faisant partie du deal signé avec Netflix) dans des territoires inexplorés. Mais dans les pays historiques de vélo, qu’en sera-t-il ?

Car d’autres programmes de ce type existent déjà. Certes, les moyens de production sont bien moins impressionnants que ce que Netflix peut proposer. Mais les documentaires annuels sur le Tour des Flandres sont chaque année un rendez-vous attendu du public flamand. Sur la VRT, près de 500 000 personnes regardent tous les ans ce programme revenant sur les coulisses de la plus grande course flamande, avec des images à tous les étages de la course, depuis les spectateurs jusqu’aux commentateurs en passant par les soigneurs.

Les équipes elles-mêmes sont également de plus en plus nombreuses à proposer après chaque course des coulisses des épreuves qu’elles disputent. BikeExchange-Jayco et Quick Step-Alpha Vinyl ont été parmi les premières à proposer ces courtes vidéos sur YouTube, gratuitement, et bon nombre de formations ont aujourd’hui emboîté le pas. Une équipe fait même les deux : la Movistar propose ainsi des contenus avant et après chaque course sur YouTube, et dévoile également chaque année sur Movistar Plus en Espagne et sur Netflix dans le reste du monde une série documentaire en six épisodes, nommée “El Dia Menos Pensado”. Trois saisons ont déjà été diffusées et sont tout aussi haletantes que “Drive to Survive” avec ses drames, ses cliffhangers et ses surprises, malgré une saison que les fans connaissent déjà sur le bout des doigts.

Les producteurs de cette nouvelle série avec ASO regarderont donc certainement à cet exemple de la Movistar pour construire la narration autour de ce prochain Tour de France. Car c’est cela qui peut amener les téléspectateurs : les coulisses, les discussions entre coureurs et direction, les décisions tactiques dans la voiture… Le cyclisme reste un sport plus ouvert que la Formule 1, il faudra donc jouer sur d’autres aspects que pour “Drive to Survive”. Et les exemples ne manquent pas pour permettre au cyclisme d’être mis en avant à sa juste valeur.


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