Six médailles obtenues dont une d’or : l’équipe belge de cyclisme sur piste a réalisé à Roubaix son meilleur bilan du XXIe siècle et rattrape surtout l’édition 2020, sans la moindre médaille. Le passage de témoins entre les vétérans et les jeunes pousses de la piste se confirme doucement, et donne de l’espoir en vue de Paris 2024.
Deux médailles pour la retraite de De Ketele
Ces championnats du monde de cyclisme sur piste, en clôture d’une longue saison marquée par les Jeux Olympiques, étaient l’occasion d’une transition pour l’équipe belge sur piste. Si Jolien d’Hoore, meilleure représentante belge sur la piste dans les années 2010, avait déjà pris sa retraite après Paris-Roubaix, Kenny De Ketele, habitué des épreuves d’endurance, avait décidé de prolonger sa carrière jusqu’aux Mondiaux pour quelques tours de piste à l’assaut d’un dernier titre international. Et à 36 ans, le Flandrien a confirmé qu’il avait encore de la bouteille. Sur la course aux points, le vétéran s’est offert un duel de prestige face au français Benjamin Thomas, enchaînant les échappées pour jouer la médaille d’or. Avec trois tours d’avance sur le peloton, De Ketele a confirmé sa grande endurance, mais face au jeune Thomas, dont les sprints sont plus puissants, le pistard belge n’a pu qu’avouer sa défaite.
« Je ne sais pas si je pouvais réaliser une meilleure course », avoue celui qui glane une nouvelle médaille d’argent dans une carrière déjà parée d’un titre mondial (sur l’américaine) et de trois titres européens (sur l’américaine également). « Tout a bien fonctionné, et les autres ne pouvaient que regarder la bataille entre Benjamin et moi. (…) Dans le sprint, je n’ai pu que garder sa roue, il était une classe à part. (…) Toute ma vie, je suis tombé sur des extraterrestres. Je me suis vu avec le maillot arc-en-ciel, mais je ne pouvais faire mieux », confie encore le coureur d’Audenarde.
De Ketele espérait encore mieux conclure cette carrière à l’occasion de sa dernière course à l’américaine, accompagné du jeune Robbe Ghys. Malgré un bon départ (15 points en cinq sprints), le duo belge a manqué sa tentative d’échappée à la mi-course, avant d’écoper de prendre un tour de retard sur les équipes en quête du podium. Mais De Ketele et Ghys ont montré des ressources insoupçonnées dans les vingt derniers tours : ils ont repris un tour sur les leaders avant le dernier sprint, avant de prendre la deuxième place sur la ligne d’arrivée, suffisant pour accrocher de justesse la troisième place, et une nouvelle médaille de bronze !
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Halfway through this Men's Madison and the rainbow jersey is still very much up for the taking as Italy lead!#Roubaix2021 pic.twitter.com/OKrpP0bs0F
— UCI Track Cycling (@UCI_Track) October 24, 2021
La revanche de Kopecky
Si elle n’a que 25 ans, Lotte Kopecky est déjà considérée comme une expérimentée sur la piste, qu’elle arpente depuis son plus jeune âge. Après une longue saison entre frustrations et titres nationaux sur la route puis déceptions sur les Jeux Olympiques, l’Anversoise a prolongé sur la piste de Roubaix avec l’espoir de balayer ses revers de Tokyo. Et cela s’est parfaitement déroulé pour celle qui avait jusqu’ici emporté une médaille d’or des Mondiaux sur piste (sur l’américaine en 2017). Sur la première édition historique de la course à l’élimination, Kopecky a réalisé la course parfaite avant d’être débordée dans le dernier tour par l’Italienne Letizia Paternoster. Le lendemain, elle semblait en difficulté sur l’omnium (22e après le scratch) avant d’enchaîner les performances de choix (3e du tempo et 4e de l’élimination) pour conclure ce quadrathlon par une médaille d’argent grâce notamment à deux tours récupérés sur le peloton lors de la course finale aux points.
« Cette saison est éreintante, et c’est mentalement difficile. Mais je me sens tout de même en bonne forme », se réjouit Kopecky, désormais LA star belge du peloton, avec toute la pression qui va avec… « À Tokyo, je tenais une condition que je n’avais connue auparavant. J’étais présente avec de l’ambition, donc je suis déçue de ne pas avoir pu concrétiser ». Cela restera visiblement une cicatrice pour l’Anversoise, mais elle a rapidement mis ces déceptions dans la musette pour se concentrer sur la dernière épreuve à son programme cette semaine : la course aux points. Et comme De Ketele, Kopecky a joué la carte de l’offensive, avec bonheur ! Alors que la multiple championne du monde Kirsten Wild menait grand train dès le départ de la dernière course de sa carrière, Kopecky suivait le bon rythme et s’offrait déjà deux tours d’avance sur le peloton, avant de relancer une dernière attaque dans le dernier tiers de course pour s’assurer la première place avec un troisième tour bonus !
INCREDIBLE
Kopecky laps the field and then goes straight past the peloton to try and seal the deal. What. a. ride.#Roubaix2021 pic.twitter.com/Yi7jbwQOYJ
— UCI Track Cycling (@UCI_Track) October 24, 2021
« Enfin ! », lâchait-elle au micro de la VRT après le deuxième titre mondial de sa carrière. « J’ai été un peu surprise de la manière dont mes jambes répondaient durant cette semaine. Je pensais être usée, surtout mentalement, mais tout s’est finalement mis en place pour que cela se déroule bien. Certes, les Jeux n’ont pas été à la hauteur de mes attentes, mais ce maillot arc-en-ciel compense largement. Place aux vacances », confirme Kopecky, qui peut encore rêver de belles années tant sur la route que sur la piste. Avec même l’ambition de réaliser quelques cyclo-cross pour son plaisir personnel. La double championne de Belgique sur route est pour rappel vice-championne de Belgique dans les labourés. Kopecky est complète et l’a encore confirmé à Roubaix cette semaine.
Déjà l’argent pour Dens
La jeunesse belge présente cette semaine peut également rêver de grandes ambitions ces prochaines saisons. Et même dans un futur proche ! À l’image de Tuur Dens, qui a remporté la première médaille belge de ces championnats du monde, en argent sur le scratch. Seulement battu par le favori français Donavan Grondin, le sprinter de seulement 21 ans, déjà vainqueur de la course à l’américaine avec Kenny De Ketele sur la récente Coupe des nations, se rêve désormais en pistard de carrière.
https://twitter.com/EquipeFRA/status/1451253792339632131
« Je ne suis pas déçu de terminer deuxième. Dans le sprint, je n’ai pas vraiment pu batailler. J’ai fait ce que je devais faire dans le final », confie, ému, Dens au micro de la VRT. « J’aime rouler sur la route, je peux encore un peu progresser sur ce terrain, mais je rêve de la piste, je suis né pour ça. C’est là que se trouve mon avenir, je pense ». Il confirme ce destin au fil des courses, à l’image de Fabio Van den Bossche, huitième de l’omnium grâce à une bonne course finale aux points ; de Shari Bossuyt et Katrijn De Clercq qui, à 21 et 19 ans, ont obtenu une huitième place pleine de promesses sur l’américaine ; ou de Jules Hesters, cinquième d’une course à l’élimination entre stars du sprint et remportée par Elia Viviani.
La piste belge n’a pas connu que des jours fastueux, mais la jeunesse qui se révèle ces dernières années confirme ses prétentions. À trois ans des prochains Jeux Olympiques à Paris, le bilan est déjà rassurant.
Les résultats des championnats du monde de cyclisme sur piste 2021 à Roubaix :
FEMMES
Contre-la-montre
1. Lea Sophie Friedrich (All), les 500 mètres en 0:33.057
2. Anastasiia Voinova (Rus) à 0:00.106
3. Daria Shmeleva (Rus) à 0:00.107
Course à l’américaine (Madison)
1. Amy Pieters et Kirsten Wild (P-B) 35 points
2. Clara Copponi et Marie Le Net (Fra) 30 pts
3. Katie Archibald et Neah Evans (G-B) 24 pts
…
8. Shari Bossuyt et Katrijn De Clercq (BEL) -19 points
Course à l’élimination
1. Letizia Paternoster (Ita)
2. Lotte Kopecky (BEL)
3. Jennifer Valente (USA)
Course aux points
1. Lotte Kopecky (BEL) 76 points
2. Katie Archibald (G-B) 72 pts
3. Kirsten Wild (P-B) 60 pts
Keirin
1. Lea Sophie Friedrich (All)
2. Mina Sato (Jpn)
3. Yana Tyshchenko (Rus)
Omnium
1. Katie Archibald (G-B) 137 points
2. Lotte Kopecky (BEL) 119 pts
3. Elisa Balsamo (Ita) 116 pts
Poursuite individuelle
1. Lisa Brennauer (All), les 3 km en 3:18.258
2. Franziska Brausse (All) à 0:04.722
- Mieke Kröger (All) en 3:20.903
- Martina Alzini (Ita) – Dépassée
Poursuite par équipes
1. Allemagne, les 4 km en 4:08.750
(Franziska Brausse, Lisa Brennauer, Mieke Kröger et Laura Suessemilch)
2. Italie à 0:04.938
(Elisa Balsamo, Martina Alzini, Chiara Consonni, Martina Fidanza et Letizia Paternoster)
- Grande-Bretagne en 4:17.359
(Katie Archibald, Megan Barker, Neah Evans et Josie Knight) - Canada à 0:05.530
(Ngaire Barraclough, Erin Attwell, Maggie Coles-Lyster, Devaney Collier et Sarah van Dam)
Scratch
1. Martina Fidanza (Ita), les 40 tours (10 km) en 13:13
2. Maike van der Duin (P-B)
3. Jennifer Valente (USA)
Vitesse individuelle
1. Emma Hinze (All) 2 victoires à 0
2. Lea Sophie Friedrich (All)
- Kelsey Mitchell (Can) 2 victoires à 0
- Lauriane Genest (Can)
Vitesse par équipes
1. Allemagne en 0:46.064 (record du monde)
(Lea Sophie Friedrich, Pauline Sophie Grabosch et Emma Hinze)
2. Russie à 0:00.654
(Nataliia Antonova, Daria Shmeleva et Yana Tyshchenko)
- Grande-Bretagne en 0:48.059
(Sophie Capewell, Blaine Ridge-Davis, Milicent Tanner et Lauren Bate) - Japon à 0:00.553
(Riyu Ohta, MIna Sato et Fuko Umekawa)
HOMMES
Contre-la-montre
1. Jeffrey Hoogland (P-B), les 1 000 mètres en 0:58.418
2. Nicholas Paul (TTO) à 0:01.373
3. Joachim Eilers (All) à 0:01.590
Course à l’américaine (Madison)
1. Lasse Norman Hansen et Michael Mørkøv (Dan) 68 points
2. Simone Consonni et Michele Scartezzini (Ita) 64 pts
3. Kenny De Ketele et Robbe Ghys (BEL) 62 pts
Course à l’élimination
1. Elia Viviani (Ita)
2. Iuri Leitao (Por)
3. Sergei Rostovtsev (Rus)
…
5. Jules Hesters (BEL)
Course aux points
1. Benjamin Thomas (Fra) 94 points
2. Kenny De Ketele (BEL) 84 pts
3. Vincent Hoppezak (P-B) 35 pts
Keirin
1. Harrie Lavreysen (P-B)
2. Jeffrey Hoogland (P-B) à 0:00.070
3. Mikhail Iakovlev (Rus) à 0:00.101
Omnium
1. Ethan Hayter (G-B) 180 points
2. Aaron Gate (Nzl) 124 pts
3. Elia Viviani (Ita) 121 pts
…
8. Fabio Van den Bossche (BEL) 78 pts
Poursuite individuelle
1. Ashton Lambie (USA), les 4 km en 4:05.060
2. Jonathan Milan (Ita) à 0:01.089
- Filippo Ganna (Ita)
- Claudio Imhof (Sui) – Dépassé
Poursuite par équipes
1. Italie, les 4 km en 3:47.192
(Liam Bertazzo, Simone Consonni, Filippo Ganna, Jonathan Milan et Francesco Lamon)
2. France à 0:01.976
(Thomas Boudat, Thomas Denis, Valentin Tabellion et Benjamin Thomas)
- Grande-Bretagne en 3:51.205
(Ethan Hayter, Ethan Vernon, Charlie Tanfield, Oliver Wood et Kian Emadi) - Danemark à 0:01.977
(Matias Malmberg, Tobias Hansen, Carl-Frederik Bevort, Rasmus Pedersen et Robin Skivild)
Scratch
1. Donavan Grondin (Fra), les 60 tours (15 km) en 16:59
2. Tuur Dens (BEL)
3. Rhys Britton (G-B)
Vitesse individuelle
1. Harrie Lavreysen (P-B) 2 victoires à 0
2. Jeffrey Hoogland (P-B)
- Sébastien Vigier (Fra) 2 victoires à 1
- Stefan Bötticher (All)
Vitesse par équipes
1. Pays-Bas en 0:41.979
(Jeffrey Hoogland, Harrie Lavreysen et Roy van den Berg)
2. France à 0:00.571
(Florian Grengbo, Rayan Helal et Sébastien Vigier)
- Allemagne en 0:43.141
(Stefan Bötticher, Joachim Eilers, Nik Schröter et Marc Jurczyk) - Russie à 0:00.576
(Ivan Gladyshev, Alexander Sharapov et Pavel Yakushevskiy)
Photo : Stab Vélodrome
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