L’annonce en a surpris plus d’un : la RTBF, diffuseur historique du cyclisme en Belgique francophone, perdra dès 2025 les droits de retransmission des courses masculines et féminines organisées par Flanders Classics, qui a signé un accord avec le groupe privé RTL Belgium. Dans un peu plus d’un an, le média belge pourra ainsi diffuser, et ce jusqu’en 2028, le Tour des Flandres, Gand-Wevelgem, le Circuit Het Nieuwsblad, À Travers la Flandre, le GP de l’Escaut, la Brussels Cycling Classic, le Tour du Limbourg, mais aussi l’Amstel Gold Race et le Tour de Suisse, deux courses récemment sous la bannière de l’organisateur flamand de courses cyclistes.
Il s’agira d’un sacré coup pour le groupe privé qui avait en 2023 acquis les droits de diffusion de six étapes du Tour d’Italie, mais aussi du Tour de Wallonie et du Grand Prix de Wallonie. Le même programme sera prévu en 2024, a annoncé RTL, précisant qu’un accord avec le groupe Warner Bros. Discovery permettra la diffusion en direct de six étapes du Giro (à déterminer à l’approche de l’épreuve), ainsi que la programmation d’une émission quotidienne « Dans le Peloton » avec résumé et analyses. RTL Belgium s’est également installé dans le monde du cyclo-cross depuis le 9 décembre dernier avec la diffusion de sept cyclo-cross grâce à un contrat signé cette fois avec l’autre grande société flamande de l’organisation sportive, Golazo.
L’historique ne suffit plus
Cette annonce confirme que la RTBF n’a plus le quasi monopole sur le cyclisme. La télévision publique francophone avait jusqu’ici une large majorité des droits télévisés concernant la Petite reine, résultante notamment d’un accord collectif avec l’Union européenne de radiodiffusion, rassemblant les télévisions publiques européennes, pour engranger des droits télévisés dans un paquet complet. C’est ce qui permet notamment à la RTBF et la VRT de diffuser les courses d’ASO, dont le Tour de France, Paris-Roubaix ou Liège-Bastogne-Liège. Mais de nombreuses organisations décident aujourd’hui de s’offrir simplement au plus offrant. L’objectif n’est plus forcément d’être vu par le plus grand monde, même si l’audience reste évidemment une condition nécessaire à la survie de ces courses, mais bien d’être vu par un large public pour une somme toujours plus importante. Dans une économie cycliste toujours plus fragile, il n’est plus question de compter uniquement sur le nombre de téléspectateurs. Il faut également bétonner les contrats.
Flanders Classics… via un intermédiaire
L’organisateur italien RCS Sport a été l’un des premiers à mettre en place cette politique. Dès 2008, la société a cherché à obtenir des contrats plus intéressants pour la diffusion de ses épreuves en télévision. Et en 2021, le groupe, via la société IMG détentrice des droits, s’est félicité d’un accord avec le groupe Discovery (devenu Warner Bros. Discovery) pour l’exclusivité des directs TV internationaux sur les antennes d’Eurosport et les plateformes de streaming du groupe jusqu’en 2025. Un sacré deal pour l’organisateur qui a au moins multiplié par deux ses recettes grâce aux droits de retransmission. D’autres entreprises se saisissent de cet exemple pour renégocier des droits qui semblaient jusqu’ici historiquement bloqués auprès de certains diffuseurs. C’est le cas de Flanders Classics qui a décidé de négocier via la société Infront, détentrice des droits télévisés, au cas par cas, et de ne plus proposer de paquet comme ASO, auprès de l’UER. Ainsi, la RTBF a été débordé sur la ligne d’arrivée par RTL Belgium, désireuse d’étendre son offre avec tous les contrats disponibles. Et la VRT, le service public flamand, devra faire attention de ne pas voir son concurrent privé VTM faire de même alors que le contrat pour 2025 est en cours de renégociation.
Le public belge francophone a toujours été habitué à voir ses courses cyclistes sur la RTBF depuis une cinquantaine d’années au moins. Mais le groupe était, comme la VRT, un cas presque unique en Europe : aucun autre service public du Vieux Continent ne propose plus de 100 jours de course en direct par an. Les spectatrices et spectateurs belges étaient donc des privilégiés. Cette fois, les droits TV sont rabattus mais, encore une fois, le public du plat pays peut se satisfaire de voir ces épreuves cyclistes rester sur la télévision linéaire et une plateforme gratuites. Car dans d’autres pays, comme en France, il faut s’abonner sur d’autres plateformes payantes, comme Eurosport, pour bénéficier d’un choix aussi frugal.
Cette annonce de RTL Belgium confirme que la bagarre des droits télévisés dans le cyclisme ne fait que commencer. De plus en plus d’organisations vont renégocier ces contrats pour obtenir plus. Mais nul doute que les équipes et cyclistes arriveront bien vite pour demander une place à la table des négociations et obtenir également leur part du gâteau. Mais cela, c’est encore une autre histoire…