Sous le gris d’une journée de février qui n’a pas fait sortir les supporters par milliers, le campus de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) accueillait la dernière manche du Trophée X²O Badkamers, ce dimanche. Le circuit rapide et technique proposé entre les bâtiments estudiantins permettait à la championne du monde Fem van Empel (Jumbo-Visma) et au Belge Eli Iserbyt (Pauwels Sauzen-Bingoal) de confirmer leur grande condition de fin de saison. Avec, en prime, l’assurance de terminer à la première place du classement général de ce trophée particulier, calculé au temps sur les huit manches de la saison. L’occasion est donc belle de faire le point sur ces challenges de régularité qui animent l’hiver de cyclo-cross, et qui sont de véritables objectifs pour celles et ceux qui enchaînent les courses de septembre à février, quasiment sans pause.
Van Empel : « Je deviens la favorite sur beaucoup de courses »
Fem van Empel, pour commencer, est celle qui peut se targuer des plus grands succès de l’hiver. Outre ses titres de championne d’Europe et de championne du monde chez les élites, la Néerlandaise de 20 ans a remporté la Coupe du monde de cyclo-cross grâce à ses succès à Waterloo, Fayetteville, Tabor, Maasmechelen, Anvers, Dublin et Benidorm. Elle a enchaîné avec la première place sur le Trophée X²O Badkamers, grâce à cinq victoires sur les six épreuves qu’elle a disputées : au Koppenberg, à Baal, Hamme, Lille et Bruxelles. C’est simple : à part le cyclo-cross de Val di Sole sur lequel elle a dû abandonner après une vilaine chute contre un piquet, la championne du monde a toujours terminé sur le podium des 24 courses disputées en 2022-2023. Avec 16 succès au final. Rien que ça…
« Je ne m’attendais pas à connaître une telle saison de cyclo-cross », se réjouit-elle, avec son sourire habituel, au pied du podium bruxellois. « Le sentiment après une victoire est toujours chouette, et je suis heureuse d’en avoir encore profité. J’ai commencé la saison avec une victoire, je la termine avec une autre. Cela pourrait difficilement aller mieux. Il y avait beaucoup de pression sur moi parce que je deviens la favorite au départ de beaucoup de courses. Je pense que je parviens à bien la gérer désormais. Je ne peux qu’être heureuse avec la manière dont les choses se déroulent actuellement », ajoute Van Empel, désormais focalisée sur la route avec un retour en compétition prévu en avril, via la Volta Limburg Classic, la Flèche Brabançonne et la Flèche Wallonne. Avant de reprendre le VTT. Une confirmation de son talent sur de multiples disciplines, à l’image de ses deux compatriotes et rivales du même âge, Puck Pieterse (championne d’Europe chez les espoirs et vice-championne du monde chez les élites) et Shirin van Anrooij (championne du monde chez les espoirs).
Alvarado : « Retrouver le haut-niveau la saison prochaine »
Sur le Superprestige, les plus anciennes pouvaient se réjouir de l’absence de ces trois jeunes de 20 ans qui dominent déjà la discipline. Avec cinq victoires dont la première, à Niel, qui lui a permis de relever les bras après plus d’un an et demi de disette, Ceylin del Carmen Alvarado a fait de ce challenge un objectif. Et cela fut un succès pour celle qui a retrouvé la condition et évité les blessures comme lors de la saison 2021-2022, vierge de tout trophée. « J’ai retrouvé une certaine régularité durant la saison, je sentais que ma forme ne faisait que s’améliorer au fil de la saison. J’espère renouer avec le haut-niveau la saison prochaine, pouvoir jouer les premiers rôles face aux autres Néerlandaises », estime Alvarado, heureuse de mettre un prochain terme à sa saison avec ces cinq succès dans son escarcelle.
Même si elle devait laisser éclater sa frustration, ce dimanche à Bruxelles, face à la décision des commissaires de lancer la course avec un sifflet, sans prévenir les coureuses qui attendaient pour leur part le traditionnel feu vert devant elles. « On ne nous a pas dit en amont que les lumières ne fonctionnaient pas », s’étonne la cycliste de 24 ans. « Il y a un coup de sifflet. Mais je ne démarre pas, car ce n’est pas un départ réglementaire. La moitié du peloton démarre finalement, l’autre moitié non. C’était donc un faux départ… Pour moi, le commissaire aurait dû refaire un départ, car il n’a pas suivi ses propres règles ». Une colère légitime vu le chaos de cette première ligne droite.
Chez les hommes, ce sont les plus assidus qui ont finalement brillé au terme de cet hiver. D’un côté, le public attendait avec impatience les combats entre les trois grands de la discipline : Mathieu Van der Poel, Wout van Aert et Tom Pidcock. Avec le paroxysme atteint lors du championnat du monde et ce sprint remporté par le Néerlandais face à son rival belge. De l’autre, ceux qui enchaînent dans les labourés durant six mois, visaient clairement ces challenges de régularité, qui disent bien ce qu’ils sont par leur nom. Rien que la Coupe du monde et ses 14 manches ne pouvaient pas échapper à l’un de ceux qui avait fait le voyage jusqu’aux États-Unis, en République tchèque, en Irlande, en Italie ou encore en Espagne. Laurens Sweeck a profité de son changement d’équipe vers Crelan-Fristads, la structure des frères Roodhooft, pour engranger les points et s’offrir en patron sa première Coupe du monde.
Van der Haar : « Ma meilleure saison »
Sur le Superprestige, et ce même s’il n’a pas remporté la moindre manche, Lars van der Haar a remporté sans contestation possible le classement général, sa première victoire sur un tel challenge de régularité. « Je pense que j’ai réalisé ma meilleure saison. Je n’ai connu aucune blessure. J’ai juste été malade deux fois, mais j’ai su me remettre à temps à chaque fois. Je pense avoir toujours été régulier comme il le fallait, et quand j’ai connu des résultats moins bons, c’était à cause de problèmes mécaniques, ou de fautes techniques. Je pense que je peux être confiant pour l’avenir », se réjouit à Bruxelles le champion des Pays-Bas, qui pointe seulement son absence du podium des championnats du monde comme une petite déception de cette saison.
Iserbyt : « Une saison compliquée à nouveau »
S’il a connu une saison bien plus en dents de scie, le Belge Eli Iserbyt pouvait quand même se réjouir de conclure sa saison à Bruxelles avec la victoire finale sur le Trophée X²O Badkamers. Il termine l’hiver 2022-2023 avec huit victoires, même si celles-ci ont été espacées dans le temps des suites de problèmes de dos et d’une chute à Val di Sole qui ont eu raison de ses mois de décembre et de janvier. « Cela a été une saison compliquée à nouveau. Mais après la période des fêtes, j’ai pu retrouver mon niveau. J’ai dû passer par des entraînements difficiles. Je pense aussi que j’en ai peut-être fait trop l’an dernier avec la route et le VTT. Je vais voir ce qu’on prépare pour la suite, pour ne pas connaître les mêmes problèmes que cet hiver », estime Iserbyt, vainqueur de son troisième Trophée X²O Badkamers en quatre saisons chez les professionnels.
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