L’épisode douloureux de Sagan sur le Ronde 2013
Sur d’autres épreuves, on en est encore loin. Notamment en Flandre, où Lien Crapoen, la compagne d’Edward Theuns, vient de dire au revoir aux podiums protocolaires après neuf années à offrir les trophées sur diverses courses flamandes. Sa consœur Maja Leye a, elle, été victime d’un autre acte sexiste, sur le podium du Tour des Flandres 2013. Comme un gamin, le Slovaque Peter Sagan avait pincé les fesses de la jeune femme, hilare devant les photographes. Le coureur avait dû s’excuser publiquement, sur les réseaux sociaux, puis devant Maja Leye. Malheureusement, l’image avait déjà fait le tour du monde, bien au-delà des contours des fans de la Petite reine. Comme cela se voit sur le Tour de France. Maja Leye, elle, s’était absentée des podiums durant près de 18 mois après cet acte honteux de Sagan.
Ces demoiselles n’ont pourtant rien de faire-valoir. La plupart travaillent en étroite collaboration avec l’organisation pour des missions internes, pour l’accueil, pour la gestion marketing de l’épreuve. « On s’occupe aussi parfois des volontaires. On doit pouvoir aider chaque branche de l’organisation » explique Maja Leye à Cyclingtips en 2015. Et elle sent un changement de vision : « Cela va de mieux en mieux. De plus en plus de femmes travaillent dans ces organisations. Et les gens les respectent. Et même sur les cyclosportives, on voit de plus en plus de filles ».
Les femmes percent, timidement
Et c’est encore ce qui doit changer ces prochaines années. « Je pense que si on voit plus de femmes travailler au sein des équipes ou dans les organisations, cela changerait pas mal de chose », nous confirme un autre coureur du WorldTour. Comme dans la société, finalement, le problème n’est pas de voir plus de femmes autour du peloton, mais de voir plus de femmes à des postes à responsabilités dans le peloton. Car jusqu’ici, les hôtesses sont malheureusement considérées comme des femmes-sandwiches, des demoiselles qui ne sont présentes que pour les caméras. Il est temps que cela change et que les organisations cyclistes et marques qui s’investissent dans le cyclisme s’en rendent compte. De plus en plus de femmes commencent à commenter les courses cyclistes, d’autres deviennent soigneur ou mécanicienne, certaines se dirigent plutôt vers les comités d’organisation, dans des postes plus discrets… Les femmes commencent seulement à transpercer ce monde très masculin du cyclisme.
Une première voie serait finalement de réaliser ce que l’organisation des classiques ardennaises a réussi ces dernières années : enlever petit à petit les miss des podiums afin d’éviter de réduire l’image de la femme à ces rôles de « donneur de bises », comme dans certains sports moteurs… Cela éviterait des remarques sexistes en public, en plein interview pré-Tour de France, mais aussi en privé dans le peloton, où les remarques sont tout aussi machistes. La société change, le cyclisme peut aussi changer.
Photo : Wikimedia CC