L’hiver n’endort pas les ambitions des cyclistes à l’aube d’une saison particulière, qui mènera au cœur de l’été à des bagarres pour une médaille olympique. Les Jeux de Paris 2024 animeront l’ensemble du monde sportif du 26 juillet au 11 août et du 28 août au 8 septembre. Dans les pelotons également, ce rendez-vous majeur est attendu par le plus grand nombre. Une victoire aussi prestigieuse, qui n’est accessible qu’une fois tous les quatre ans, cela renforce un palmarès. Demandez à Greg Van Avermaet ou Richard Carapaz, les deux derniers vainqueurs de la course en ligne, respectivement à Rio de Janeiro en 2016 et Tokyo en 2021. Ou encore à l’Autrichienne Anna Kiesenhofer, semi-professionnelle qui a surpris toutes les favorites par son effort en solitaire victorieux au Japon.
L’horizon de Paris 2024 est donc déjà dans le viseur de ces cyclistes qui rêvent d’une médaille olympique pour garnir leur palmarès. Que ce soit sur la piste, en VTT, en BMX ou sur la route. Cette fois, nous allons nous concentrer sur la discipline qui draine le plus d’attention : le cyclisme sur route. Car un changement de taille est à signaler concernant le nombre de sélectionnés. En effet, chaque fédération sportive dispose d’un certain nombre d’athlètes pouvant participer aux Jeux olympiques. Pour le cyclisme, c’est l’Union Cycliste Internationale (UCI) qui détermine donc le nombre de cyclistes qui participera aux épreuves de VTT cross-country, de BMX freestyle, de BMX racing, de cyclisme sur piste et sur route. Comme le Comité international olympique (CIO) oblige désormais ces fédérations à la parité entre les sportives et sportifs, cela signifie qu’en cyclisme sur route, la course masculine passera de 130 concurrents à 90 alors que l’épreuve féminine disposera de 90 partantes contre 67 auparavant.
Quatre cyclistes au maximum
Ce changement implique un partage des places bien différent par rapport à Tokyo. Ainsi, les cinq premiers pays au classement UCI au 17 octobre 2023 bénéficient de quatre places pour la course en ligne, les cinq nations suivantes peuvent emmener trois athlètes, les dix suivantes ont droit à deux places et une trentaine d’autres pays compteront sur un·e sélectionné·e à Paris. Pour le contre-la-montre, les 25 premiers pays au classement UCI disposent d’une place et les 10 premiers pays aux derniers championnats du monde à Glasgow bénéficient d’une sélection supplémentaire.
Grâce aux performances remarquables de ses représentants en 2023, la Belgique disposera du nombre maximum de sélectionnés chez les hommes, soit quatre places sur la course en ligne et deux sur le contre-la-montre, alors que les femmes seront à quatre sur la course en ligne et une sur le chrono. Sans oublier que les sélectionnés sur route doivent faire partie du même groupe pour les deux courses. Et au vu des parcours présentés dans la capitale française, c’est bien le groupe masculin qui risque de donner des cheveux blancs au sélectionneur belge Sven Vanthourenhout.
Van Aert et Evenepoel déjà assurés
Lors d’un point presse organisé dans les bureaux d’un partenaire de Belgian Cycling, la fédération belge de cyclisme, le coach fédéral a déjà confirmé une évidence : Wout van Aert, médaillé d’argent sur la course en ligne à Tokyo et récent vice-champion du monde à Glasgow, et Remco Evenepoel, champion du monde sur route à Wollongong et du contre-la-montre à Glasgow, seront les deux leaders de ce groupe belge. Et ensuite ? Sven Vanthourenhout annonce une liste de 15 coureurs qui sera réduite au fil de la saison pour finalement ne contenir que deux noms après le Tour de France. “Mais en interne, je souhaite que les choses soient claires plus tôt, afin que les coureurs sachent à quoi s’en tenir”, a-t-il confié à l’agence Belga.
Qui donc pourra accompagner Van Aert et Evenepoel sur ce parcours digne d’une classique avec plus de 270 kilomètres et 2 600 mètres de dénivelé au programme ? Il faudra un profil de puncheur, capable également de rouler dans une échappée ou de jouer l’équipier-modèle. Le sprinter belge Jasper Philipsen est évoqué d’office au vu de sa grande saison, et ce, malgré une certaine déception lors de son jour “sans” aux Mondiaux de Glasgow. Le jeune Arnaud De Lie, impressionnant sur le championnat d’Europe au col du VAM, mais sur une distance plus courte, pourrait également être une option, déjà largement envisagée par Evenepoel. Les autres candidats se nommeront probablement Jasper Stuyven, Tiesj Benoot ou Tim Merlier, mais ils partent a priori avec un certain retard par rapport aux deux options évoquées plus tôt. Le choix sera en tout cas cornélien. “Lors de mon premier championnat du monde en tant que sélectionneur national (en 2021 à Louvain, ndlr), j’ai dû laisser des coureurs comme Gilbert et Van Avermaet à la maison. Ce n’est jamais facile”, a commenté le sélectionneur belge à Belga.
Kopecky, patronne unique
Chez les femmes, la sélection sera aussi difficile à confectionner pour Ludwig Willems, le coach fédéral de l’équipe féminine sur route. Mais une tête d’affiche s’impose : la championne du monde Lotte Kopecky, qui a déjà confirmé qu’elle visera une médaille olympique sur la course en ligne ou sur l’omnium, sur la piste. Autour d’elle, celles qui l’ont accompagnée lors de son sacre mondial à Glasgow seront toutes candidates à une sélection, comme Justine Ghekiere, Julie De Wilde ou encore Marthe Truyen. Kopecky ne dit par ailleurs pas non à une participation au contre-la-montre, même si elle laisse cette option sous réserve, afin d’éviter de se surcharger et de répéter l’erreur de Tokyo, voici trois ans. “J’ai peu d’expérience dans ce domaine. Je ne l’exclus pas, mais ce n’est pas non plus une certitude”, a-t-elle confirmé à l’agence Belga.
Des choix cruciaux s’annoncent donc dans le clan belge pour ces compétitions sur route. La pléthore d’options peut donner envie vu de l’extérieur, mais elle annonce également une plus grande pression pour une nation qui démarre désormais chaque championnat avec une pancarte sur le dos. Sven Vanthourenhout et Ludwig Willems connaissent la méthode à suivre, il reste à parfaire le plan jusqu’à l’or olympique.