L’Union Cycliste Internationale (UCI) a annoncé ce vendredi, en marge d’une réunion menée le 5 juillet dernier, une adaptation de ses règles concernant la participation des athlètes transgenres féminines aux compétitions cyclistes professionnelles. La fédération a finalement décidé de serrer la vis par rapport aux précédentes mesures en vigueur depuis mars 2020. Jusqu’ici, une athlète transgenre qui souhaitait disputer une compétition dans la catégorie « élites femmes » devait avoir une concentration sérique de testostérone inférieure à 5 nmol/L (où 1 nmol/L est égale à +/- 0,3 microgramme par litre) durant les douze mois précédent la date d’éligibilité et maintenir ce taux tout au long de ses participations avec les élites femmes.
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Mais dès le 17 juillet 2023, ce critère ne sera plus d’application. À l’instar des fédérations internationales d’athlétisme et de natation durant cette dernière année, l’UCI a décidé d’interdire à toute athlète transgenre féminine ayant effectué sa transition après sa puberté masculine de participer à une compétition cycliste professionnelle, quelle que soit la catégorie. Celles qui souhaitent tout de même entrer en compétition pourront le faire… avec les hommes, et seulement dans les catégories « Masters » et « Gran Fondo », destinées aux amateurs.
L’UCI justifie cette décision par le fait que les connaissances scientifiques « ne permettent pas de confirmer qu’au moins deux ans d’hormonothérapie de confirmation du genre avec une concentration de testostérone plasmatique cible de 2,5 nmol/L soient suffisants pour éliminer complètement les avantages donnés par la testostérone pendant la puberté chez les hommes ». La fédération ajoute : « Il existe une grande variabilité interindividuelle dans la réponse à l’hormonothérapie de confirmation du genre qui rend encore plus ardue toute conclusion précise sur les effets d’un tel traitement ».
« Des incertitudes scientifiques »
Un séminaire fin juin a été organisé avec des athlètes transgenres et cisgenres, des experts des domaines scientifique, juridique et des droits humains et des représentants des institutions sportives pour discuter du sort réservé aux transgenres dans les courses cyclistes. Et face aux conclusions scientifiques actuelles, ou plutôt « des incertitudes scientifiques qui demeurent », l’UCI a estimé que la mesure d’exclusion était la mieux adaptée, pour « protéger la catégorie féminine et assurer l’équité des chances ». La fédération précise toutefois que ces mesures pourraient évoluer à l’avenir, que des discussions sont toujours menées avec les autres fédérations sportives et acteurs du monde cycliste. Elle ajoute également discuter avec d’autres au sujet d’un « cofinancement d’un programme de recherche dont l’objectif sera d’étudier l’évolution des performances physiques de sportifs très entraînés sous traitement hormonal de transition ».
« Je tiens à réaffirmer que l’UCI respecte et soutient sans réserve le droit des individus de choisir le sexe correspondant à leur identité de genre quel que soit le sexe qui leur a été assigné à la naissance. Il est cependant de son devoir de garantir, avant tout, l’égalité des chances entre tous les concurrents dans les compétitions cyclistes », a commenté le président de l’UCI David Lappartient. « C’est cet impératif qui a mené l’UCI à conclure qu’étant donné qu’en l’état actuel des connaissances scientifiques une telle égalité des chances entre athlètes transgenres féminines et participantes cisgenres ne pouvait être assurée, il n’était pas possible, par mesure de précaution, d’autoriser les premières à courir dans les catégories féminines ».
De rares cas
Un retour en arrière, donc, pour les athlètes transgenres, qui ont jusqu’ici été quelques-unes à participer à des compétitions professionnelles de l’UCI sans pour autant le dominer ou poser des problèmes à la fédération. Le débat a été rouvert ces derniers mois suite à des décisions d’autres fédérations sportives annonçant l’exclusion des femmes transgenres des compétitions féminines, à l’image de l’athlétisme ou du cyclisme. En cyclisme, le cas le plus emblématique concerne Austin Killips, une Américaine de 27 ans spécialiste du cyclo-cross, qui a récemment remporté la 5e étape du Tour de Gila, une course de classe 2.2 aux États-Unis. Par le passé, la Néerlandaise Nathalie Van Gogh, vainqueure du Trophée Maarten Wynants et d’une étape du Tour de Belgique, la Canadienne Veronica Ivy, championne du monde de vitesse individuelle en « masters », la Canadienne Michelle Dumaresq, double championne du Canada et championne du monde « masters » de descente en VTT, sont parmi les athlètes transgenres féminines qui ont le mieux réussi dans leur catégorie. Loin des projecteurs, à l’époque.