Ce devait être le grand projet cycliste destiné à relancer la formation des plus jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles vers toutes les disciplines du vélo. Un grand pôle cycliste raccrochant toutes ses nuances pour aider les jeunes francophones, aujourd’hui contraints de compter sur des initiatives locales de passionnés ou de se délocaliser en Flandre le temps de leur progression. En 2020, le ministre wallon en charge des infrastructures sportives Jean-Luc Crucke annonçait en grande pompe la construction de Planet Bike, un espace de 32 hectares sur un ancien domaine militaire à quelques kilomètres de Namur.
Un vélodrome couvert, une piste de BMX, une piste de VTT, un Pumptrack, un laboratoire de recherche autour du vélo, un centre médical, une section de sport-études autour du cyclisme, des hébergements… Le projet se voulait ambitieux et devait voir le jour en 2025, au pire, moyennant un budget de 30 millions d’euros émanant du public et 30 millions du privé. Alors que la seule piste couverte de Belgique est installée à Gand (une autre est en cours de construction à Zolder), l’initiative avait de quoi réjouir les cyclistes francophones, qui n’ont jusqu’ici que la piste de Rocourt, voire celle de Rochefort, pour s’entraîner sur l’anneau.
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L’expropriation du terrain abandonnée
Et là, patatras. Jean-Luc Crucke a quitté le gouvernement wallon en raison d’un désaccord avec son parti actuel, en janvier 2022. Il a été remplacé par Adrien Dolimont qui a décidé, pour sa part, de réassigner les moyens proposés pour Planet Bike. C’est la ministre fédérale de la Défense Ludivine Dedonder qui a confirmé, ce mardi, en réponse à une question parlementaire du… bourgmestre de Namur Maxime Prévot, qu’Adrien Dolimont a informé la Défense que l’acquisition du site de Sart-Hulet, cet ancien domaine militaire qui devait accueillir Planet Bike, ne se fera pas et que l’expropriation pour cause d’utilité publique était abandonnée. Le site pourrait accueillir un autre projet à l’avenir, mais le futur cycliste qui était proposé voici trois ans est mis au frigo. Voire pire.
Du côté de la Fédération Cycliste Wallonie-Bruxelles, qui soutenait évidemment Planet Bike, aucun autre projet n’est sur la table à l’heure actuelle. Car les moyens sont limités et dépendent fortement du public. Jean-Luc Crucke était un soutien de poids, son départ a signé l’arrêt de toute ambition cycliste au sein du gouvernement wallon (il reste quand même le logo de la Wallonie sur les maillots d’Intermarché-Circus-Wanty…
Alors, il reste à espérer un rebond de la part du gouvernement wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles – la Région s’occupe des infrastructures sportives, la Communauté a la compétence du sport : la Belgique et sa complexité. En attendant, les cyclistes wallons devront encore s’entraîner sur des routes ouvertes au trafic, poursuivre leur préparation sur des anneaux déjà vétustes, vingt ans après leur réouverture, ou rouler des centaines de kilomètres pour profiter des infrastructures flamands, où l’accent sur le sport et le cyclisme en particulier a été mis voici une quinzaine d’années. Et cela continue : la Flandre compte ouvrir le vélodrome de Zolder en 2024, avec l’espoir d’y organiser des championnats d’Europe puis des championnats du monde sur piste. L’ambition est là, la volonté politique également. Ce coup de pouce est nécessaire pour un cyclisme qui compte trop sur des mécènes et partenaires privés pour se développer.