Team DSM : vivier innovant ou brideur de talents ?

L’équipe DSM apparaît souvent dans la presse cycliste pour des problèmes internes et des ruptures de contrat. La direction défend, de son côté, sa philosophie.
Team DSM - Paris-Nice 2021 - ASO Fabien Boukla

L’équipe allemande DSM apparaît souvent dans la presse cycliste ces dernières semaines pour des problèmes internes et des ruptures de contrat. La direction défend, de son côté, sa philosophie et estime que celle-ci portera ses fruits à l’avenir.

Lancée en 2005 sous l’impulsion d’Iwan Spekenbrink, l’équipe DSM est passée par de nombreuses phases avant d’obtenir son actuel statut WorldTour, avec un budget conséquent évalué à plus de 15 millions d’euros. La formation néerlandaise de base et passée sous pavillon allemand en 2014 a décidé de se concentrer sur la formation de jeunes pousses tant chez les hommes que chez les femmes, avec la mise en place d’une structure destinée aux espoirs et une autre destinée aux cyclistes féminines. Mais au sein du groupe masculin, cela fait plusieurs saisons que le management pose question.

Ces dernières années, Marcel Kittel, Warren Barguil, Tom Dumoulin, Michael Matthews ou encore Marc Hirschi ont cassé leur contrat avec l’équipe allemande pour rejoindre d’autres cieux. À la veille du Tour d’Espagne, le Team DSM a encore fait parler avec la décision d’écarter le Belge Ilan Van Wilder du groupe. Le coureur a fait part de sa déception sur Instagram : “J’aurais dû faire mes débuts sur un Grand Tour mais ils (NDLR : comprenez les dirigeants de DSM) m’en ont empêché. Je ne peux expliquer à quel point je suis déçu, et à quel point je me sens déprimé depuis un moment. (…) J’espère retrouver du plaisir dès l’an prochain dans un nouvel environnement”. Van Wilder a clairement décidé de quitter un groupe qui a décidé de l’empêcher de courir sur la Vuelta.

“Tu peux être un bon coureur, avoir de bons résultats, mais si tu ne rends pas le groupe plus fort dans son ensemble, alors c’est une raison pour ne pas te sélectionner”, répond Rudi Kemna, l’entraîneur principal de l’équipe DSM dans une interview à Wielerflits, dans lequel il répond avec le directeur sportif Matt Winston aux différentes accusations que l’équipe subit depuis le début de la saison. “Cela n’a rien à voir avec le fait que tu sois un garçon sympathique. Ce ne sont pas des choix faciles. Ce n’est pas simplement oui ou non”, ajoute Kemna, qui confirme que DSM ne veut pas laisser filer Van Wilder, toujours sous contrat l’an prochain. “Nous voulons encore travailler avec lui. Mais son management rend les choses difficiles et cela ajoute une pression supplémentaire. Ce n’est pas un avantage pour nous, ni pour Ilan. Mais nous sommes motivés à l’idée de l’accompagner”.

“Des affaires internes”

Les problèmes ne s’arrêtent pas là. Les histoires s’enchaînent, comme l’a révélé le Nieuwsblad en juillet dernier. Des histoires comme celle de Michael Storer, toujours dans l’équipe aujourd’hui mais prié de quitter un stage estival en 2020 pour avoir acheté du shampoing hors de la bulle sanitaire. Ou celle de Søren Kragh Andersen qui s’est vu refuser une remontée de quelques millimètres de sa selle. Ou celle de ces coureurs qui se plaignent de ne pas avoir été soutenus lors des championnats nationaux, sans directeur sportif ni mécanicien pour les épauler.

Et dans leur interview à Wielerflits, Rudi Kemna et Matt Winston ne nient pas forcément ces faits. “Nous souhaitons partager auprès du monde extérieur nos objectifs et la façon dont nous travaillons pour les atteindre. Mais nous trouvons également que l’intégrité est importante. Les rumeurs dont vous parlez sont avant tout des affaires internes. Des choses qui n’ont pas à être révélées. (…) Nous attendons donc de nos employés et nos coureurs qu’ils ne partagent pas certains problèmes avec les médias”, dit Kemna.

Rudi Kemna estime que ces problèmes sont discutés en interne, et souhaitent donc garder confiance en l’actuelle philosophie de l’équipe DSM, qui semble fonctionner chez les espoirs (3 victoires en 2021) et chez les femmes (11 victoires en 2021), beaucoup moins chez les élites hommes (une victoire jusque fin juillet, quatre depuis lors). “Il n’est pas question de paniquer. (…) Nos partenaires partagent notre philosophie et comment nous faisons les choses ensemble. Tout comme nos partenaires d’équipement, d’ailleurs. (…) Garder le cap est et reste notre devise”, estime Rudi Kemna, malgré les départs annoncés, les demandes de rupture de contrat, les histoires qui fuitent dans la presse… Mais tant que le management reste, rien ne changera directement. Au grand dam de ceux qui aimeraient quitter l’équipe. Alors que d’autres semblent enfin profiter des effets de cette philosophie, comme Romain Bardet ou Michael Storer ces dernières semaines. Et ces résultats auront bien plus de retentissement que les histoires de contrats de ces dernières années. Cela n’a finalement jamais empêché l’équipe DSM de trouver des partenaires et de signer de nouveaux coureurs au fil des hivers.

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Photo : ASO/Fabien Boukla

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