Entre annulation et huis clos, les courses cyclistes belges dans l’incertitude face au coronavirus

La crise sanitaire du coronavirus n’est pas terminée. La crainte d’une deuxième vague de contaminations est réelle dans plusieurs pays européens, dont la Belgique.

La crise sanitaire du coronavirus n’est pas terminée. La crainte d’une deuxième vague de contaminations est réelle dans plusieurs pays européens, dont la Belgique, où de nouvelles mesures ont été prises le 27 juillet dernier afin d’éviter un nouveau rebond de l’épidémie. Ces mesures ont toutefois un impact sur l’organisation d’événements, comme les courses cyclistes, toujours dans l’incertitude face à ces décisions. La Flèche d’Heist, qui devait relancer la saison professionnelle belge sur route, a déjà été annulée alors que le Tour de Wallonie envisage une organisation complète sans public.

Ce samedi 1er août, la saison cycliste professionnelle belge devait reprendre à Heist-op-den-Berg, à l’occasion de la Flèche d’Heist, une épreuve destinée aux sprinters, idéale pour relancer les jambes après plusieurs mois sans compétition. Cette reprise n’aura finalement pas lieu. La province d’Anvers compte depuis plus d’une semaine un nombre particulièrement important de nouvelles contaminations au coronavirus, qui a contraint la gouverneure de la province de prendre de nouvelles mesures sanitaires pour contrer ce rebond de l’épidémie. Couvre-feu, annulation d’événements, activités sportives réduites… Ces mesures ont logiquement un impact sur la Flèche d’Heist, qui même à huis clos, ne peut envisager une telle organisation dans ces conditions. L’organisation a proposé à la province d’Anvers de renforcer la sécurité sanitaire de la course, en proposant notamment un test PCR pour chaque coureur avant le départ. Les autorités provinciales ont finalement refusé ces conditions.

Annulation sur annulation

Prévu le 12 septembre entre La Louvière et Tournai, l’Eurométropole Tour a également été contraint à l’annulation. Le nombre de nouvelles contaminations reste bien en-deça des chiffres affichés à Anvers, mais le Cazeau Pédale de Templeuve ne souhaite prendre aucun risque et prend donc la décision de ne pas lancer cette course dans un peu plus d’un mois, après une réunion avec les autorités locales. “Il serait très difficile, voire impossible, d’organiser un événement drainant un si nombreux public, en cette période où l’épidémie est en recrudescence, tout en respectant les mesures préconisées par les pouvoirs publics mais également par Belgian Cycling et l’UCI”, estiment les organisateurs. Et les communes qui accueillent ces épreuves cyclistes se montrent particulièrement prudentes : si celles-ci ne peuvent pas organiser d’événement plus populaire qu’une course cycliste, elles ne veulent pas prendre le risque d’accueillir des centaines de personnes sur leur territoire pour une épreuve sportive, même sans public. Le risque sanitaire et politique est grand. C’est ce qui a également mené à l’ASBL Flèche Ardennaise d’annuler la célèbre course pour juniors, Aubel-Thimister-Stavelot, l’une des dernières courses par étapes belges prévue cette saison pour les moins de 19 ans.

Le Tour de Wallonie sans public

Le Cazeau Pédale de Templeuve avait tout de même proposé ses services à TRW’Organisation pour accueillir l’arrivée de la première étape du Tour de Wallonie à Templeuve, le 16 août, après le désistement de la commune d’Ath, pour des raisons sanitaires. Les conditions de cette épreuve seront toutefois différentes. Christophe Brandt, patron de l’organisation du Tour de Wallonie, sera en effet à la tête d’une course à huis clos, comme l’a demandé le gouvernement wallon. Le public ne sera autorisé ni sur les sites de départ et d’arrivée, ni aux abords des bus des coureurs. Le public qui souhaiterait assister à la course sur le bord des routes devra le faire avec un masque sur le nez et la bouche, même si cette mesure semble difficile à faire respecter sur les plus de 500 kilomètres que le peloton va parcourir du 16 au 19 août prochains. Les contacts avec la presse seront réduits, l’accès aux bus seront interdits à toute personne extérieure à l’équipe concernée, le podium protocolaire sera réduit… Une décision dictée par les mesures sanitaires nécessaires en Belgique, alors que Belgian Cycling annonce que toute compétition cycliste ne peut accueillir qu’un maximum de 200 spectateurs, avec le port du masque obligatoire pour toutes les personnes de plus de 12 ans et le respect de la distance d’1m50 entre toutes ces personnes. Bref, l’interdiction d’assister à la course semble la plus simple à faire respecter, même si le spectacle gratuit qu’est le cyclisme risque d’en pâtir.

Des équipes en plus sur un Milan-Sanremo redessiné

Face à ces recommandations, l’organisation de courses cyclistes professionnelles s’annonce comme un parcours du combattant. L’expérience du huis clos semble être l’option la plus simple à mettre en place, même si elle laisse les spectateurs sur la touche. Un sacrifice pour assurer une saison 2021 plus “normale”. Mais même le huis clos ne solutionne pas tous les problèmes. En Italie, RCS Sport a dû faire face à l’ire des maires des communes traversées par le parcours de Milan-Sanremo : l’épreuve se déroulera le 8 août, en plein pendant les vacances d’été, et les maires de la côte ligurienne craignent que ce passage crée des problèmes de circulation et fasse fuir les touristes, déjà limités en raison de la crise du Covid-19. RCS Sport a donc remanié le tracé de la classique, tout en gardant les 40 derniers kilomètres menant à Sanremo. Et depuis ce mercredi, c’est la décision de l’organisation d’ajouter deux équipes au peloton et de réduire le nombre de coureurs par équipe à six qui irrite les… autres équipes du peloton. “S’il s’agissait d’un motif lié au Covid, pour limiter les risques, on pourrait évidemment l’admettre mais là, on change la règle du jeu uniquement pour satisfaire les équipes du pays”, s’indigne le manager de Deceuninck-Quick Step, Patrick Lefevere, qui annonce à la RTBF une action collective contre cette décision. Le Covid-19 perturbe tout, de l’organisation à l’intérêt sportif…

Des coureurs en moins à Burgos

Sur le Tour de Burgos, en cours jusqu’à ce samedi en Espagne, le récent retrait de deux coureurs d’Israel Start-Up Nation en raison d’une possible contamination au Covid-19 (ces deux coureurs ont été en contact avec un coureur contaminé par le Covid-19), a mené à de nouveaux débats sur la gestion sanitaire de l’épreuve. L’équipe espagnole Movistar a demandé à toute l’équipe israélienne de quitter le Tour de Burgos, ce que la formation a refusé. Le lendemain, ce sont trois coureurs colombiens de l’équipe UAE Team Emirates, Sebastian Molano, Cristian Muñoz et Camilo Ardila qui devaient quitter l’épreuve et être placés en quarantaine pour avoir été en contact avec une personne positive au Covid-19. Une confirmation que le protocole proposé par l’UCI fonctionne ? Cela sera confirmé seulement si le peloton qui termine le Tour de Burgos s’en tire sans la moindre contamination. En attendant, pour les organisateurs de courses cyclistes, le ping pong entre gestion économique, politique et sanitaire s’annonce intense jusqu’en fin de saison.

Photo : ASO/Fabien Boukla

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