Le printemps dévoile ses premiers rayons de soleil, le stress s’empare du peloton, la première classique de l’année s’annonce sur les routes italiennes : Milan-Sanremo, c’est la Primavera, la classique inaugurale qui annonce une bataille rangée entre puncheurs et sprinters sur la côte ligure. Et au grand dam des plus rapides du peloton, ce sont bien les spécialistes de l’offensive qui ont brillé ces deux dernières années et ils s’annoncent à nouveau aux avant-postes à l’approche de la Via Roma.
Les points-clés du parcours
Lorsqu’on cite Milan-Sanremo à tout amateur de cyclisme, la réponse sera quasiment systématique : « Tout se joue sur le Poggio« . Il est en effet difficile de donner tort aux spécialistes quand on jette un coup d’œil aux statistiques. Ces vingt dernières années, aucun coureur n’a réussi à se détacher avant la dernière colline de Sanremo, au risque de se faire avaler par le peloton. Il faut jouer du braquet sur cette ascension finale dont le sommet est situé à moins de six kilomètres de l’arrivée, ou se montrer plus aventureux que les autres dans la descente vers la Via Roma pour conquérir le trophée après plus de 290 bornes de longue haleine. Pourtant, ce sont bien ces six à sept heures de course dans le nord de la Botte qui font tout le sel de Milan-Sanremo. Sans cette longueur angoissante pour tout néo-pro qui s’essayerait à cette classique interminable, le Poggio ne serait rien, si ce n’est qu’une petite butte que tout sprinter pourrait aborder à toute vitesse sans trop de difficulté.
Il faut ces longues heures sur la selle, cet éreintant passage sur le Passo del Turchino, ces premières offensives timides sur les Capi, ce jeu de dupes entre les équipes de favoris entre la Cipressa et le Poggio, avant l’explosion sur cette colline de Sanremo, aux lacets serrés. Aller trop vite, en plus d’un risque de chute dans un de ces virages étroits, risquerait aussi de cramer les cuisses. Trop reculer imposerait également un trop gros effort, soit dans le long faux-plat final de la côte, soit dans la descente vers le centre-ville. Il faut donc se positionner intelligemment avant même le fameux virage à droite aussi abrupt qu’inattendu, notamment sur un léger changement de parcours à près de cinq kilomètres du pied du Poggio, avec deux rond-points à aborder en toute prudence. Il faut également savoir doser, jusqu’à la bonne attaque, cinglante et déstabilisante, pendant que les équipiers des rivaux tombent les uns après les autres face à l’accumulation des efforts. C’est un marathon qui se joue tous les ans sous les yeux des téléspectateurs, avec l’espoir qu’un homme parvienne à se détacher avant la célèbre cabine téléphonique, qui n’a aujourd’hui d’autre utilité que celle d’un repère essentiel à l’aube de la descente finale.
La course ne se joue donc pas seulement sur le Poggio. Elle se joue sur plusieurs heures d’efforts, sur une capacité à endurer l’intensité de cette classique si particulière, durant laquelle la moindre cartouche se paye cash. Michal Kwiatkowski, Julian Alaphilippe et Peter Sagan étaient parvenus à se détacher sur cette colline en 2017, avant que Vincenzo Nibali fasse de même en solitaire l’année suivante, profitant de ses qualités de descendeur pour creuser un peu plus l’écart avec le peloton. Ce devrait donc encore une fois sur le Poggio que la course prendre une autre dimension ce samedi.
Les favoris
Il est aujourd’hui difficile d’imaginer qui sera le favori avec la grande pancarte dans le dos. Car Milan-Sanremo reste une classique particulière, et la réussite du passé ne fait pas toujours la victoire sur la Via Roma. Car qui peut mériter cette pancarte ? Un puncheur ou un sprinter ? Si c’est un spécialiste des classiques, Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) peut être considéré comme l’homme à attendre en tête sur la ligne d’arrivée. Vainqueur du Strade Bianche et de deux étapes de Tirreno-Adriatico (dont une… au sprint), le coureur français de 26 ans est capable de tout faire et a désormais l’expérience manquée de l’édition 2017 pour retenter sa chance sur les quelques pentes de la côte ligure. Il a en tout cas le talent et l’équipe pour. Car s’il faut choisir un sprinter en tant que favori, alors son équipier Elia Viviani (Deceuninck-Quick Step), paré des couleurs italiennes, a toutes les chances de briller sur la Via Roma. Vainqueur d’étape sur Tirreno-Adriatico, il est certainement l’homme le plus véloce du moment avec Dylan Groenewegen (Jumbo-Visma), double vainqueur d’étape sur Paris-Nice mais venu sur la Classicissima « pour apprendre ».
D’autres concurrents s’annoncent en tout cas si un emballage massif s’annonce dans la cité méditerranéenne. S’ils n’ont pas brillé récemment, l’Australien Caleb Ewan (Lotto-Soudal), deuxième l’an dernier et bien mieux entouré cette année au sein de l’équipe belge de Marc Sergeant, et le Colombien Fernando Gaviria (UAE Team Emirates), clairement taillé pour ce type de classique et accompagné d’Alexander Kristoff, ont également les armes pour faire la différence sur cette ligne droite finale, et surtout pour tenir auparavant sur le Poggio. Le Français Arnaud Démare (Groupama-FDJ), vainqueur en 2016, aimerait également profiter de cette classique italienne pour se relancer après un début de saison compliqué, tout comme l’Australien Michael Matthews (Sunweb) et l’Allemand John Degenkolb (Trek-Segafredo), qui n’ont pas encore gagné cette année. Et l’Irlandais Sam Bennett (Bora-Hansgrohe), double vainqueur d’étape sur Paris-Nice ? Il n’a jamais franchi le Poggio avec les meilleurs en trois participations, et son équipier Peter Sagan, même s’il se dit en plein doute, peut plutôt espérer jouer la victoire sur Milan-Sanremo après deux podiums en huit participations.
Vainqueur en 2017, Michal Kwiatkowski (Sky) a montré sur Paris-Nice, qu’il a terminé à la troisième place, qu’il avait la condition pour se montrer parmi les meilleurs à Sanremo. Il devra toutefois créer une nouvelle fois la surprise comme il y a deux ans pour espérer s’imposer, vu que sa pointe de vitesse n’est pas sa première qualité. D’autres puncheurs pourraient également trouver une porte de sortie dans les derniers kilomètres. À l’image de Greg Van Avermaet (CCC), qui cherche encore une première victoire cette saison, ou d’Oliver Naesen (Ag2r-La Mondiale), impressionnant en équipier de luxe ou en attaquant sur la Course au Soleil. Le champion du monde Alejandro Valverde (Movistar), s’il n’a pas vraiment brillé par le passé sur la Classicissima, sera également scruté, tout comme… le vainqueur sortant Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), même si ce dernier est resté en retrait depuis le début de l’année.
La météo
Un temps printanier s’annonce sur les routes de Milan-Sanremo, ce samedi. Alors que la pluie avait douché les coureurs dès le départ l’an dernier, le soleil devrait cette année accompagner les coureurs tout au long de la journée. Aucun nuage menaçant n’est annoncé en vue de la côte ligure, où les températures s’annoncent entre 15 et 20 degrés. Le vent venu de nord-est sera également modéré, entre 10 et 20 km/h. Bref, des conditions idéales pour le peloton.
Le mode d’emploi de la 110e édition de Milan-Sanremo :
Présentation des coureurs : de 8h10 à 9h40 sur la Piazza Castello à Milan.
Départ fictif : 9h45 sur la Piazza Castello à Milan.
Départ réel : 10h10 sur la Via della Chiesa Rossa à Milan, après 7,5 kilomètres en cortège.
Arrivée : vers 17h15 sur la Via Roma à Sanremo.
Distance : 291 kilomètres
Difficultés :
Côte 1 – Km 142,2 : Passo del Turchino (25,8 km à 1,4% de moyenne) – Passage vers 13h41
Côte 2 – Km 239,6 : Capo Mele (2,5 km à 5,2%) – Passage vers 15h51
Côte 3 – Km 244,7 : Capo Cervo (2,5 km à 4,1%) – Passage vers 15h57
Côte 4 – Km 252,6 : Capo Berta (3 km à 4,3%) – Passage vers 16h10
Côte 5 – Km 269,5 : Cipressa (5,6 km à 4,1%) – Passage vers 16h37
Côte 6 – Km 285,6 : Poggio di Sanremo (3,7 km à 3,7%) – Passage vers 16h59
Liste des partants : cliquez ici pour découvrir la liste officielle des partants
Palmarès :
2009 Mark Cavendish (G-B)
2010 Oscar Freire (Esp)
2011 Matthew Goss (Aus)
2012 Simon Gerrans (Aus)
2013 Gerald Ciolek (All)
2014 Alexander Kristoff (Nor)
2015 John Degenkolb (All)
2016 Arnaud Démare (Fra)
2017 Michal Kwiatkowski (Pol)
2018 Vincenzo Nibali (Ita)
Télévision :
– Dès 14h30 sur La Une (RTBF).
– Dès 14h30 sur Eurosport NL/BE.
– Dès 14h25 sur L’Équipe.
– Dès 14h00 sur Rai Due.
Les cartes et profils de la 110e édition de Milan-Sanremo :
Photo : – Graphiques : RCS Sport/Openstreetmap
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