Cette saison 2021 est une grande réussite pour l’équipe Alpecin-Fenix. Grâce à sept coureurs, la formation belge a engrangé 24 victoires à ce jour, dont une étape du Tour d’Italie, deux étapes du Tour de France, deux étapes du Tour d’Espagne, mais aussi le Strade Bianche ou le Grand Prix de l’Escaut.
Et le compteur de victoires n’a même pas encore été figé. Cette statistique permet déjà à Alpecin-Fenix de largement mener le classement sportif des ProTeams, les équipes de deuxième division (ex-continentales pro). Et même de devancer de nombreuses équipes du WorldTour au classement UCI : au 17 août 2021, l’équipe belge se classe huitième, soit mieux que douze autres formations de division supérieure. Cela en dit long sur les résultats sportifs d’une équipe qui semble inarrêtable, même quand la star de l’équipe se détourne de la route ou connaît une blessure.
Alpecin-Fenix, c’est avant tout le projet des frères Philipp (ancien responsable communication) et Christoph (ancien coureur) Roodhooft, qui ont construit leur équipe de cyclo-cross autour de Niels Albert en 2009 pour ensuite la faire grandir avec l’arrivée du multitalents Mathieu Van der Poel dans l’effectif (dès 2011 chez les jeunes, 2014 chez les espoirs et pros). Mais si certaines équipes ont assuré leur réussite sur le talent d’un coureur, les frères Roodhooft ont construit un projet collectif destiné à mettre en avant des rouleurs et sprinters capables d’enchaîner les victoires. L’équipe, d’abord concentrée autour des spécialistes du cyclo-cross, a directement compté sur ses hommes les plus rapides, comme Tim Merlier. Ces sprinters avaient déjà l’habitude des courses rapides dans les labourés, ils ont retranscrit cette pointe de vitesse au fil des mois sur les semi-classiques belges qui s’enchaînent au fil de la saison, avant de passer au niveau supérieur. À l’image de Merlier, Dries De Bondt ou Gianni Vermeersch.
L’équipe a décidé de se concentrer sur ces coureurs qui peuvent faire grossir un palmarès plus rapidement grâce à leur sprint. Et cela rapporte. Tim Merlier a ainsi pu grandir au sein d’une équipe qui lui laissait toutes les latitudes pour briller sur les courses d’un jour en Belgique, avant d’obtenir un train toujours plus imposant pour connaître la même réussite sur les courses du WorldTour. Cette année, Alpecin-Fenix a poursuivi sur cette voie en recrutant notamment Sacha Modolo, Edward Planckaert et surtout Jasper Philipsen. Avec Merlier et Philipsen, l’équipe des frères Roodhooft compte deux locomotives idéales pour apporter des succès et de la sérénité.
Une stratégie multidisciplinaire
Avoir Mathieu Van der Poel dans son équipe permet évidemment d’attirer des sponsors et d’obtenir un budget plus conséquent. Le contrat du coureur néerlandais est évalué à deux millions d’euros (contre 2,2 millions pour Wout van Aert ou… 5,5 millions pour Chris Froome), alors que le budget de la formation Alpecin-Fenix est annoncé autour de 10 millions d’euros. Soit le budget d’une équipe moyenne du WorldTour, ce qui lui permet de nager largement au-dessus de nombreuses ProTeams. Même Arkéa-Samsic ou le Team TotalÉnergies ne peuvent se targuer d’un tel bilan financier. Alpecin-Fenix compte sur un effectif de près de 30 coureurs, mais tous n’enchaînent pas les courses sur route. Cyclo-cross, VTT ou gravel font également partie du programme de cette formation, qui a compris que tous les terrains méritaient une attention particulière, pour attirer de nouveaux partenaires, augmenter son budget et poursuivre cette politique cycliste complète.
Si elle ressemble à une équipe WorldTour, Alpecin-Fenix n’a pourtant pas de licence et cela lui convient très bien. L’équipe belge n’est en effet pas contrainte au niveau de son effectif (même si on l’a lu plus haut, elle compte plus de 30 coureurs comme d’autres équipes du WorldTour), ou de son calendrier. Si sa première place au classement des ProTeams en 2020 a permis à Alpecin-Fenix d’obtenir une invitation automatique pour toutes les courses du WorldTour dont les trois Grands Tours, la formation a tout à fait le droit de refuser l’une de ces invitations. Elle n’était ainsi pas présente sur le Tour de Catalogne, le Critérium du Dauphiné ou la Clasica San Sebastián, pour éviter une surcharge d’agenda.
“Que toute la pression ne repose pas sur Van der Poel”
Cette saison 2021 est donc idéale pour une équipe qui a confirmé son ambition d’enchaîner les succès, pas forcément celle de grandir vers le WorldTour. Cela ne lui apporterait de toute manière pas grand-chose au vu de sa réussite actuelle. Le seul objectif ? « Encore être meilleur », confirme Philipp Roodhooft dans le quotidien flamand Het Nieuwsblad. « Cela peut toujours aller mieux. Concrètement : Modolo et Philipsen roulent pour la première fois ensemble sur la Vuelta, Krieger et Philipsen ont seulement couru deux jours ensemble au Tour de Turquie. Ce que je veux dire, c’est qu’en comparaison avec des équipes comme Deceuninck-Quick Step, nous pouvons encore récolter des victoires sur des automatismes. Les coureurs doivent encore apprendre à mieux se connaître et savoir ce qu’ils doivent faire. Cela ne résultera pas toujours en une victoire, mais nous serons plus souvent en position favorable », explique-t-il.
Philipp Roodhooft confirme également que l’équipe ne repose pas uniquement sur Mathieu Van der Poel. D’ailleurs, l’équipe a encore enregistré cinq succès depuis la victoire du Néerlandais sur le Tour de France. Et sa blessure au dos, qui semble le fragiliser depuis le mois de mai, pourrait empêcher encore Van der Poel de prester au haut niveau sur route, cette saison. « Désormais vous savez également que depuis plusieurs années, notre ambition est d’être plus qu’une équipe pour Mathieu. Parler d’ambition est une chose, la réaliser est une autre. Nous avons travaillé dur chaque jour pour cela. Mathieu nous a créé du temps et de la place pour réaliser cette ambition. Il a toujours fait en sorte que nous gagnions. Et il est toujours occupé à cela aujourd’hui. Il est également de notre devoir envers Mathieu de veiller à ce que toute la pression ne retombe pas sur ses épaules », réplique encore le manager général d’une équipe en pleine spirale positive. Et dire qu’il reste encore deux mois de courses sur route, avant de retrouver les labourés…
Photo : ASO/Gomez Sport/Luis Ángel Gómez
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